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27 mars 2024
Mémoire de la Shoah pour 140 collégiens Nordistes en Pologne
Les 20 et 21 mars, 140 élèves de troisième issus de six collèges du Nord, ont foulé le sol de la Pologne à Cracovie et Auschwitz-Birkenau, sur les traces encore vives de la Shoah. Nous les avons accompagnés.
Le soleil brille sur Cracovie. Et sur Auschwitz-Birkenau. Mais les visages sont fermés. Deux jours durant, les collégiens de troisième accompagnés de certains de leurs professeurs et d'une équipe du Mémorial de la Shoah ont vécu une expérience particulièrement marquante, sur les traces d'un passé hautement douloureux.
On s'est préparé en classe, et on a même pris quelques cours de Polonais avant de partir. Mais on appréhendait quand même un peu ce que l’on allait voir et vivre.
De Kazimierz à Auschwitz-Birkenau
Dans les ruelles de l’ancien ghetto de Cracovie, témoins muettes des rafles, au cœur de la synagogue Remuh et dans les allées du cimetière juif attenant, tout un pan de l'Histoire pas si lointaine devient soudain concret aux yeux des jeunes. Beaucoup ont vu le film La liste de Schindler et sont stupéfaits de se retrouver devant la porte de l'usine, la vraie.
Le lendemain, direction Auschwitz-Birkenau, plus grand camp concentrationnaire du Troisième Reich. Après la découverte de la Judenrampe, point d'arrivée des convois où quelques 800 000 personnes ont débarqué et ont été triées, les élèves participent à une cérémonie et un temps de recueillement.
Ariunsan, élève au collège Albert-Roussel de Tourcoing, réalise à quel point ces
gens ont été traités pire que des animaux, avec des conditions de détention innommables quand ils n'ont pas été assassinés dès leur arrivée
.
À Birkenau, il y a d'abord l’espace immense à arpenter entre les innombrables baraquements où étaient parqués les déportés, venus du Nord mais aussi de l’Europe entière, qu’ils soient Belges, Hollandais, Tchèques ou prisonniers russes. Et surtout, Juifs.
Puis arrive le moment tant attendu de la visite des lieux de détention, la découverte des châlits où l'on s'entasse à 7, sans matelas, dans des dortoirs infâmes. Les latrines sans aucune hygiène ni intimité, mais où l’on pouvait l’espace d’un instant, se transmettre des informations.
C’est super intéressant, c’est comme un musée à ciel ouvert. C’est vraiment quelque chose à faire et à voir une fois dans sa vie,
confie Hiba Elhila, élève au collège Carpeau de Valenciennes.
Devant les amoncellements de chaussures, d’effets personnels et de cheveux, les regards deviennent plus que graves et les yeux se brouillent. La plupart des élèves retiennent difficilement leurs larmes. Ils s’y attendaient. L'Histoire leur saute aux yeux, et ça fait mal.
Ils déposent des gerbes commémoratives sur les stèles des déportés, au fond du camp, tout près des chambres à gaz.
C’est important de se souvenir de ce qu’il s’est passé en Pologne, pour que cela ne se reproduise jamais. C’est très impressionnant à voir.
Devenir des "passeurs de mémoire"
Ce voyage d'étude en Pologne est le point d'orgue du nouveau dispositif "Le Nord, terre de mémoire vivante" initié par le Département en partenariat avec le Mémorial de la Shoah et l'Éducation nationale. Il a été inspiré par le remarquable travail de mémoire mené au collège Immaculée Conception à Bailleul depuis maintenant plusieurs années.
Avec ce dispositif, nous voulons contribuer à ce que les collégiens comprennent bien ce qui s’est passé et deviennent des "passeurs de mémoire". L’important, c’est qu’ils repartent avec l’envie d’expliquer ce qu’ils ont vu. Être sur ces lieux, c’est beaucoup d’émotions et ces jeunes sont très à l’écoute.
Les collèges ont été sélectionnés via un appel à projets. Dans les prochaines semaines, 8 autres classes de collèges publics et privés du Nord (soit 202 collégiens) partiront à la rencontre de l'Histoire à Strasbourg, et découvriront notamment le camp de Natzweiler-Struthof. Et 8 classes également (195 élèves) participeront à un voyage mémoriel dans le Nord et à Malines, en Belgique.
Crédits photo : Arnaud Raes