Derrière l'immense façade de briques rouges de cette ancienne filature du Nord, située dans la bien nommée rue du Nouveau Monde, 7 entreprises grandissent et construisent, ensemble, un nouveau modèle économique qui fera assurément des petits. 

Nous ne sommes qu’aux débuts de l’aventure. Notre ambition : devenir un tiers-lieu de référence et un lieu d’échange pour tous les acteurs de l’économie circulaire. Le lien, c’est l’ADN de notre projet. 

Tissel, c’est un espace de 11 000 m², soit un quartier à lui seul au cœur de la Fosse aux Chênes. Co-construit par la Ville de Roubaix et par l’association Les Manufactures Tissel, il accueille pour le moment 7 entreprises. Chacune à son propre projet et participe activement au collectif :

• Dagoma : fabrication d'imprimantes 3D et d'objets à la demande ;
• Juin fait le lin : fabrication de vêtements de sport en maille de lin ;
• Le Parpaing : comptoir de matériaux récupérés sur des chantiers en destruction à destination des professionnels ;
• La Vie est Belt : accessoires upcyclés à partir, entre autres, de pneus et de tuyaux ;
  
• ReCycle-moi : récupération, réparation et ré-emploi de vélos ;
• BTP CFA Hauts-de-France : apprentissage des métiers du bâtiment avec une démarche de ré-emploi ;
• Les 3 Tricoteurs : mode accessible et responsable, fabrication à la demande.  
  

Ici, nous produisons autrement. En résumé, les déchets des uns sont les ressources des autres. Nous avons d’ailleurs un ensemble de services partagés. Ça commence donc par le ré-emploi des matériaux. Nous mutualisons également la logistique, le transport et la gestion de nos déchets. 

Avec Dagoma, Mathieu a développé un business de conception et de fabrication d’imprimantes 3D. Nous apportons des solutions pour créer à la demande la juste quantité, localement et avec le meilleur impact environnemental possible, explique-t-il. 

Si Dagoma fabrique des pièces en plastique et en métal pour des industriels tels que Renault ou Alstom, l’entreprise a également pour clients des architectes, des menuisiers… et des pâtissiers reconnus ! 

Nous fabriquons depuis 3 ans les moules de la cheffe pâtissière française Nina Métayer. Pierre Hermé vient également de nous passer commande.

Construire plus grand, ensemble

Au rez-de-chaussée du bâtiment, nous rencontrons Antoine Garandeau, souriant co-directeur de ReCycle-moi. Dans l’atelier, des montagnes de bicyclettes. C’est d’ailleurs la plus grande recyclerie de vélos de l’Hexagone. 100 000 vélos sont jetés chaque année dans le Nord !, nous apprend-il. À la manœuvre, une équipe de 10 personnes. Toutes étaient éloignées de l’emploi. 

Nous récupérons de vieilles bicyclettes, nous les réparons, nous les ré-employons et nous recyclons les pièces ré-exploitables, par exemple en les partageant avec nos collègues de La Vie est Belt, qui utilisent les chambres à air pour en faire des ceintures. Rien que l’an dernier, nous avons sauvé 9 tonnes de vélos !

L'entreprise organise une grande vente tous les premiers mardis du mois de 17h à 19h, place François Mitterrand à Lille. Elle fournit aussi des flottes entières de vélos aux collèges du Nord. Leur crédo : que la mobilité douce soit possible pour tous. 

Les bonnes pratiques de demain, dès aujourd'hui

Dans une autre aile de l’usine, nous croisons Hervé Pau, formateur au CFA BTP et référent du pôle "finitions". Chacun des apprentis s'affaire dans une cellule. Ici nous apprenons les bonnes pratiques et les bonnes manières, sourient-ils. 

Nous partageons la philosophie de Tissel. Le bâtiment fait partie des secteurs ayant le plus de déchets. Alors nous avons décidé d’innover avec le nettoyage des rouleaux et des brosses dans des mini-centrales qui économisent l’eau et ne rejettent pas les produits dans les égouts. 

Des nouvelles pratiques qui ont valu un trophée de l’innovation au centre de formation. Une juste récompense pour ces élèves qui seront les artisans de demain !