Le rendez-vous a lieu dans la salle EROA (Espace de rencontre avec l'œuvre d'art) du tout nouveau collège Joséphine Baker à Valenciennes (anciennement Chasse Royale). Au milieu de l'espace d'exposition, une structure cubique annonce la couleur : Vous êtes ici. C'est une anamorphose !, nous expliquent Zélie et Éline, élèves en 5^e persévérance. On ne voit pas la même chose en fonction de l'endroit où l'on est.   

Questionner la place du spectateur et partir de l'environnement des collégiens pour construire un projet artistique avec eux, tel était le défi relevé avec succès par Vincent Herlemont, plasticien, et Marjorie Floers, professeure d'arts plastiques. Grâce au soutien du Département et au concours de l'association Le Printemps Culturel, l'artiste a été accueilli en résidence dans l'établissement pour 50 heures d'atelier. 

Faire entrer l'art dans le quotidien des jeunes

Au commencement était un logo. Celui que l'on trouve sur les cartographies, pour se repérer dans l'espace : vous êtes ici. Personne ne sait qui l'a inventé et pourtant il fait partie de notre quotidien à présent, s'amuse Vincent Herlemont. L'artiste, habitué des interventions dans les écoles, a souhaité partir de ce point de vue relatif pour travailler sur l'anamorphose avec les élèves de la 5^e persévérance. Pour eux, "vous êtes ici" désigne le collège. Mais où est-t-il situé exactement ? Comment est-il implanté dans le quartier ? 

En groupe, les élèves ont alors produit plusieurs supports  : plans du collège à l'aquarelle, photos et anamorphoses grandeur nature dans le bâtiment et dans la cour. Une manière pour eux de s'approprier leur nouveau lieu d'étude et de vie, entièrement réhabilité par le Département du Nord.  J'ai appris à lire une carte, à repérer dessus les différentes formes de bâtiment, comme celui de la prison. L'architecture ça me plait, j'aimerais bien en faire mon métier, complète Éline.

On a bien ri ! On s'est répartis les tâches, même si il faut le dire, les filles sont quand même plus précises !, confie Zélie. Pour réaliser cette œuvre collective, l'infatigable Marjorie Floers a aussi mis à contribution ses collègues : c'est un projet artistique mais il rassemble bien d'autres disciplines comme les maths ou le français. Ça permet aux élèves d'aborder ces matières sous un autre prisme. 

Amener les jeunes à s'ouvrir à d'autres horizons, à déployer leurs compétences, c'est tout l'attrait de ces résidences d'artistes dans les collèges. C'est essentiel de faire venir l'art dans nos murs. Aller au musée n'est pas dans leurs pratiques quotidiennes, il y a encore un aspect élitiste qui peut faire peur. Or une œuvre ce n'est pas forcément une installation dans un musée ! Le soutien du Département est financier mais aussi pédagogique. Ça fait toute la différence, conclut Christine Nison, principale de Joséphine Baker.