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2 octobre 2023

Une école "énergie zéro" : la prouesse technologique de Raismes

Pour ses 60 ans, l'école élémentaire Anne-Godeau à Raismes entre dans le futur en devenant la première école à énergie zéro de France. Un projet innovant issu de la démarche européenne EnergieSprong et soutenu par le Département du Nord.

Ce matin-là dans la classe de Madame Robillard, la concentration est à son comble : les élèves sont en pleine évaluation nationale. La nouvelle configuration de la salle se prête bien à cette ambiance studieuse : Avant, le moindre bruit résonnait très fort, en raison du carrelage au sol et de la hauteur sous plafond. Même fenêtres fermées, on entendait aussi tout ce qui se passait dehors, explique la professeure, également directrice de l'établissement.

Mais depuis cette rentrée, l'école Anne-Godeau a fait peau neuve. Littéralement. Une rénovation énergétique complète et innovante qui a fait basculer le bâtiment vétuste de 60 ans dans le 21e siècle.

Un vrai cas d'école

Construite en 1963 et agrandie en 1968, l'école accueille 250 élèves répartis sur deux bâtiments extrêmement énergivores : hormis le changement de la chaudière et de la toiture en 2015, aucune rénovation n'avait été effectuée auparavant, explique Bernard Waselynck, directeur des services techniques. Isolation thermique et phonique, accessibilité, confort en général sont aussi à revoir.

Engagée depuis plusieurs années dans une transition écologique, Raismes est à l'affût d'opportunités pour mener ses équipements sur la voie de l'autonomie énergétique. Une ambition qui rejoint la démarche EnergieSprong, importée des Pays-Bas et lancée en France en 2016 : EnergieSprong est une méthode de réhabilitation de bâtiments performante et rapide. En gros, il s'agit de conserver la structure initiale et de venir y coller l'habillage extérieur avec des matériaux de qualité, précise Bernard Waselynck.

En industrialisant les procédés constructifs et en les appliquant à un grand nombre de rénovations pour limiter les coûts d'investissements, elle offre aux occupants plus de confort et des dépenses énergétiques proches de zéro. Habituellement réservée à la rénovation des logements sociaux, EnergieSprong souhaite étendre sa démarche aux bâtiments publics. 76% de la consommation d'énergie des communes en France est issue des bâtiments. Parmi eux, les écoles sont les plus consommatrices avec 30% d'énergie, complète Yseult Malewicz, Directrice Générale Adjointe à la Modernisation de l'Action Publique de Raismes.

En 2019, Raismes participe à l'appel à projet lancé par EnergieSprong. L'école Anne-Godeau est officiellement retenue par le programme Interreg "North West Europe MustBe0" pour servir d'exemple. Une première en France !

Une rénovation énergétique, sociale et solidaire 

 L'assistance à maîtrise d'ouvrage est confiée au cabinet GreenFlex, qui organise la consultation des entreprises. La société HDF construction, située à Denain, est choisie. L'un des autres avantages de cette méthode, c'est qu'elle fait appel aux entreprises locales pour créer des emplois et faire vivre l'économie de proximité, souligne Yseult Malewicz. 

Après plusieurs péripéties, liées notamment à la présence d'amiante dans la structure, les travaux s'enchainent. Ossature en bois, isolation avec 70% de matériaux biosourcés, installation de 2 pompes à chaleur, de 700 m² de panneaux photovoltaïques, d'un éclairage LED et d'un ascenseur, nouveaux sanitaires et nouvelle cantine...Le changement est radical. Désormais autosuffisante, l'école pourra même alimenter les bâtiments publics dans un rayon de 2 kilomètres. 

La cour de l'établissement a aussi été intégrée dans le projet d'aménagement, avec le souhait d'y associer les élèves. On leur a demandé d'imaginer leur cour idéale, tout en ayant comme cadrage de végétaliser au maximum pour réduire la chaleur dégagée par le bitume, reprend Bernard Waselynck. Au-delà de l'aspect environnemental, différents groupes d'élèves ont été constitués pour réfléchir sur une cour de récréation non genrée, qui se traduira par la mise en place d'espaces de détente, d'une zone calme, d'espaces dynamiques, ou encore d'espaces mixtes.

Initialement prévu à 4 millions d'euros, le coût de ce chantier inédit s'est élevé à 7,5 millions d'euros, en raison des travaux de structure imprévus et de l'augmentation du coût des matériaux. La commune a bénéficié de 5 millions d'euros de subventions, dont 495 000 euros du Département, plus un bonus Nord Durable de 45 000 euros. C'est un investissement d'avenir face à une évolution du coût de l'énergie devenu immaîtrisable. Quand on sait que 10% des écoles communales en France font l'objet d'une vétusté importante, si on arrive à normer ce processus et à le dupliquer, c'est une source d'économie substantielle, conclut Yseult Malewicz. 

Crédits photo : Dominique Lampla

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