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1 décembre 2024
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les ponts !
Comment entretient-on un pont ? Comment son état est-il contrôlé ? Dans le Nord, on en compte 1 335 et des centaines de milliers en France. Jérémy Bétrémieux, responsable du service ouvrages d’art au Département a répondu à toutes nos questions sur l’entretien de nos ponts.
Le service ouvrages d'art du Département consacre un budget annuel de 7,5 millions d’euros à l'entretien des ponts du Nord. Il intervient chaque année sur une cinquantaine de ponts parmi les 1335 dont il détient la propriété exclusive, ou la propriété partagée, soit avec la Métropole Européenne de Lille, soit avec des communes.
Qu'est-ce qu'un pont ?
Jérémy Bétrémieux : Le pont est un accessoire de la route, tout seul il ne sert à rien ! Il permet le passage d’une route, d’un chemin de fer ou le franchissement d’un canal…
C’est un "ouvrage d’art" et plus précisément un ouvrage de franchissement dont l’ouverture sous l’ouvrage est supérieure à 2 mètres. Les ponts sont classés en différentes catégories selon leur structure : métallique, béton, à câble, maçonné…
Comment entretient-on un pont ?
J.B. : On n'entretient pas tous les ponts de la même façon. La structure des ouvrages définit les méthodes de suivi et d'entretien, presque au cas par cas. Chaque pont a sa propre vie, sa propre histoire et son propre vieillissement.
Au Département, nous utilisons un logiciel qui inventorie tous les ponts du territoire, avec un ordre de priorisation des visites et des interventions. Nous connaissons l’état de chaque pont. Tous les ans, nous menons une cinquantaine d’interventions sur les ponts du Nord. Seuls 1% d'entre eux nécessitent une intervention urgente et dans certains cas, des restrictions peuvent être prises comme l'interdiction de circuler pour les poids lourds.
L'ensemble des ouvrages d'art est suivi et surveillé de très près par les équipes du Département : le service ouvrages d’art ainsi que les agents des arrondissements routiers, soit une vingtaine de techniciens. La Cour des Comptes a d'ailleurs mené un audit en 2020 qui salue la qualité de la surveillance des ouvrages d'art menée par le Département du Nord.
Surveiller un pont, ça consiste en quoi ?
J.B. : Nous suivons la méthode de surveillance nationale qui permet de grader l'état des ouvrages et de définir le degré d'intervention à programmer. Tout est passé au crible : les joints, l'étanchéité, la structure… La durée de vie d'un pont est estimée à 100 ans minimum. Avant sa fin de vie, il y a de nombreux signaux d’alerte, que l’on pourrait assimiler à des symptômes d’une "maladie" d’ouvrage. Suivant ces symptômes, des analyses spécifiques sont menées afin de déterminer la méthode d’entretien appropriée.
Au cours de leur vie, les ponts sont analysés sous toutes les coutures tous les 6 ans. Et tous les 2 ans, ils sont visités. En dehors de ces visites, les déplacements réguliers des équipes du Département sur le terrain permettent un suivi continu.
Quant aux ouvrages sensibles, ils font l'objet d'un protocole de suivi particulier qui peut amener à les visiter au minimum tous les trois mois. Dans certains cas, nous utilisons même un capteur qui permet un suivi à distance quotidien.
Pourquoi un pont peut-il être considéré comme dangereux ?
J.B. : Le Ministère des transports définit une grille de notation avec une échelle de notation sur 5, allant de neuf à mauvais état.
Si un ouvrage présente des signes de danger pour l'usager, alors sa fermeture est prononcée immédiatement. En cas de dégradations importantes mais sans danger pour l'usager, des restrictions de circulation sont mises en place le temps de procéder aux travaux d'urgence.
Les interventions urgentes sont rares et le plus souvent liées à des évènements extérieurs à la vie de l'ouvrage : évènements climatiques exceptionnels (forte pluie, gel important…), chocs entre un véhicule et une partie du pont (accident, véhicule hors gabarit…).
Notre priorité est la sécurité des usagers : dès qu’un risque avéré est constaté, nous fermons le pont à la circulation.
Par exemple, le pont du Moulin Blanc à Saint-Amand-les-Eaux fait partie des ouvrages ayant un protocole de suivi particulier. L'inquiétude provient d'une récente évolution visuelle de la fissure présente sur l'un des piliers. C'est le fruit d'investigations menées par nos équipes qui ont "ouvert" la fracture afin de déterminer son importance en vue de réparations à venir en 2025 et 2026.
Peut-on innover en matière de ponts ?
Oui ! Les techniques de réparation évoluent, comme celle employée en ce moment sur la buse de Jenlain. Avec le numérique, notamment les capteurs connectés, la gestion et le suivi des ouvrages évoluent aussi. Par exemple, l'État recueille chaque année l'ensemble des données nationales afin de déterminer l'évolution du patrimoine des ouvrages d'art en France. Et puis l'innovation passe aussi par la transition écologique, tant pour le choix des matériaux moins polluants que pour l'intégration des ouvrages dans le milieu naturel.
Vers qui se rapprocher quand on constate un problème sur un pont ?
L’ensemble des usagers de la route sont des alerteurs. Si un problème est constaté sur un pont, vous pouvez le signaler directement à votre mairie qui contactera les gérants référents du pont.
Crédits photo : Cédric Arnould, Philippe Houzé