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20 décembre 2021

Sucrez avec du sirop de betterave bio de chez nous!

Une poignée d’agriculteurs bio se sont lancés le pari de réaliser du sucre de betterave il y a trois ans. Récompensés de succès, ils réfléchissent à créer leur micro-sucrerie. Ce sera une première en France.

Il ne faut pas être étonné en le voyant. Le sirop de betterave est assez visqueux et a la couleur de la mélasse On le trouve depuis trois ans sur les étagères des épiceries bio mais aussi dans la composition de sauce ketchup ou barbecue, de bières comme d’un pain d’épices fabriqué à Tourcoing qui a reçu le trophée de l’excellence bio l’an passé.

Le pari n’était pas gagné d’avance. En 2016, les agriculteurs bio avaient du mal à valoriser leurs betteraves, se souvient Éva Coudray, chargée de mission de l’association Bio en Hauts-de-France. On ne trouvait que du sucre bio allemand en magasin alors que nous sommes la première région betteravière de France.

L’association se donne trois ans pour tenter de créer un sucre 100 % de chez nous. Sébastien Lemoine, agriculteur à Gouzeaucourt, dans le Cambrésis, se joint au défi.

Une production plus douce pour la planète

Tout de suite, l’idée d’un sucre blanc de betterave est écartée. C’est un processus qui demande beaucoup d’eau, d’énergie, dégage du CO2, explique Éva Coudray. Le sirop de betterave échappe à ces contraintes, mais le produire en France n’était alors pas possible. Une micro-sucrerie allemande s’en charge.

Le processus de production est intéressant : il crée un sucre complet, non raffiné, qui garde des propriétés nutritionnelles comme le potassium.

Sébastien Lemoine et deux agriculteurs du Pas-de-Calais consacrent, à tour de rôle, deux hectares de leurs terres à la culture de la betterave. Une centaine de tonnes sont récoltées à chaque fois, 20 tonnes de sirop obtenues et vendues.

Le produire en Allemagne, ça n’a pas de sens pour l’environnement, pointe l’agriculteur du Cambrésis passé à la bio il y a 10 ans. C’était seulement pour la phase de test qui s’achève. Cette année sera cruciale, il travaillera avec les autres membres de Bio en Hauts-de-France à la mise en place d’une micro-sucrerie dans la région.

On doit réfléchir à son dimensionnement pour avoir une bonne rentabilité, sans se lancer dans une course à la rentabilité.

Éva Coudray

Parce que la filière qui émerge est équitable : chaque producteur perçoit plus que ce qu’il dépense pour produire ses betteraves et veut que les acheteurs s’y retrouvent, eux aussi.

Crédits photo : Département du Nord -D.Lampla

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