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26 août 2024

Septembre 1944 : le Nord enfin libre !

Après 4 années de noire occupation, les communes du Nord retrouvent enfin des couleurs. Les opérations, menées par les Alliés et les Français, se déroulent du 1er au 5 septembre 1944, il y a 80 ans…

6 juin 1944. Ça y est ! C’est le débarquement des Alliés tant attendu, sur les plages de Normandie. Joie et soulagement se confondent en un même élan dans notre région aussi. À cette nouvelle et dans la précipitation, certains constituent des provisions, d’autres envoient femmes et enfants à la campagne, car les combats risquent de recommencer, comme en 40.

Des actes de sabotage, désorganisés, apparaissent ça et là dans les usines, sur les routes, les voies ferrées, les ponts, les lignes téléphoniques…  Dans le Nord-Pas-de-Calais, on dénombre plus de 2000 opérations de ce genre entre le 6 juin et le 1er septembre 44.   

Cependant, les arrestations de résistants se multiplient : 51 du côté de Glageon, 30 à Erquinghem-Lys. Georges Bayart, chef du réseau de résistance britannique Silvestre-Farmer, est arrêté à Pont-à-Marcq. À Fives, près de Lille, les importantes infrastructures ferroviaires sont copieusement bombardées par les Alliés. André Claus, 17 ans à l'époque, n'a jamais oublié.

Une bombe est tombée juste à côté de notre maison. Des éclats sont entrés jusque dans la salle à manger. Mon père a été touché. Il est mort ce jour-là.

André Claus, 97 ans

Après Paris, direction le Nord

Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! C'est en ces termes que le général de Gaulle, né à Lille, annonce la libération de la capitale lors d'un discours à l'hôtel de ville de Paris le 25 août 1944.

Paris libéré, les Alliés se dirigent vers le Nord et la Belgique. Dans la nuit du 26 au 27 août, 300 hommes du réseau Sylvestre-Farmer détruisent des kilomètres de voies ferrées autour d’Armentières. 

Le 30 août, les Allemands quittent progressivement Lille. Les cafés, restaurants et cinémas sont ouverts. La vie reprend. Dans la nuit du 31 août au 1er septembre, les Allemands font sauter les dépôts de munitions des aérodromes de Lesquin, Ronchin et Bondues.   

Le 1er septembre est aussi celui du départ du dernier convoi de déportation quittant le sol français, le train de Loos.    

  • 1/5 - Scènes de la Libération de Lille, le 3 septembre 1944.
  • 2/5 - Libération de Lille, place de la Gare, 3 septembre 1944. 
  • 3/5 - Cambrai, route de la Grande Justice après le bombardement du 27 avril 1944. 
  • 4/5 - Le convoi des forces américaines entrant dans Cambrai par la Porte de Paris, le 2 septembre 1944. 
  • 5/5 - Char américain sous le pont de chemin de fer à la sortie de Cambrai, sur la route de Valenciennes, le 2 septembre 1944. 

Une libération au pas de charge

Pour libérer le Nord-Pas-de-Calais et la Belgique, les Britanniques sont épaulés par les Américains qui se dirigent vers la Wallonie, et par les Canadiens et les Polonais chargés des côtes de la mer du Nord.               

Douai sera la première commune du Nord libérée, le 1er septembre 1944. Le lendemain, les Américains entrent à Cambrai et Valenciennes. À Lille, la Résistance et les FFI (Forces françaises de l’intérieur) reprennent la Préfecture et la mairie, mais aussi la citadelle pour s’emparer des munitions. Ces résistants y découvrent les corps mutilés de 9 prisonniers de guerre soviétiques.

Le 2 septembre, j'ai vu passer des Tractions Avant avec sur leurs ailes, des FFI munis de mitraillettes. Il fonçaient vers la Belgique. Les trottoirs étaient déserts. Les gens étaient encore sous le choc de l'Occupation. À leur passage, des FFI sont venus voir mes parents pour qu'ils leur prêtent un vélo. Ma mère a accepté. Et quelques jours plus tard, ils sont venus le lui rendre !

Jacques Raes, Wattrelos, 11 ans à la Libération

Le 3 septembre, les combats se poursuivent dans les communes alentour. Ce même jour, les Anglais décident de contourner Lille pour libérer Bruxelles au plus vite. Mais à 17h, quand certains font leur entrée dans Lille, ils constatent d’emblée que la ville a déjà été libérée… par les Lillois ! La liesse populaire s'empare de la ville.

La progression des Alliés dans le Nord est assez fulgurante, malgré de brefs combats avec des unités d’élite allemandes et les blindés de la Waffen SS, notamment à Cambrai et Saint-Amand-les-Eaux. La plupart du temps, les libérations se font sans résistance ennemie. Néanmoins, les exactions de l’occupant en fuite font 32 morts à Seclin, 26 à Denain, 13 à Rieux-en-Cambrésis, 18 à Englos. 

Le 5 septembre au soir, 95% du Nord est libre. Seules quelques poches de résistance ennemie demeurent sur le littoral. Bals, fraternisations avec les soldats alliés, chewing-gum et chocolat, Marseillaise, c’est la fête dans tout le Nord.

Début septembre, à la sortie de l'école primaire de la rue d'Oran à Roubaix, des Américains avaient stationné leurs camions à proximité. Des élèves sont allés les voir et les soldats leur ont donné des chewing-gum. Bon, certains enfants ont tenté de voler à l'intérieur des camions tout ce qu'ils pouvaient emmener ! 

Jacques Raes, Wattrelos, 11 ans à la Libération.

Mais la stupeur reste présente. Plusieurs fosses communes où reposent des résistants et des otages de guerre ont été découvertes. Ce fut le cas notamment à la citadelle de Lille, à Bondues, à Wambrechies ou au fort de Seclin et à Valenciennes.

Dunkerque, l’oubliée

Sur les côtes du Nord-Pas-de-Calais, il reste encore trois poches de résistance allemandes que les alliés ont préféré éviter pour mieux progresser et atteindre la Belgique. Trois ports, Boulogne-sur-Mer, Calais et Dunkerque sont toujours entre les mains de l’ennemi. Trois ports stratégiques érigés comme autant de forteresses. Il faut en reprendre le contrôle. Commence alors la bataille des ports. 

Le 10 septembre, les troupes alliées encerclent Dunkerque tenue par près de 17 000 hommes dont 2 000 Waffen SS, placés sous le commandement de l’Amiral Frisius. Les premiers assauts de la 2e division d’infanterie canadienne sont repoussés avec acharnement par l’occupant allemand. L’état-major allié décide alors de ne pas pénétrer de force dans Dunkerque, pour éviter un bain de sang. Le 15 septembre, le siège de Dunkerque commence.

Mais le port d’Anvers, quasi intact, est devenu la priorité du général Eisenhower. Dunkerque est " oubliée" sur le chemin de la Libération. Les Canadiens, envoyés sur d’autres champs de bataille, sont remplacés par des forces tchèques qui ont pour ordre de ne pas attaquer mais de maintenir la ville isolée du monde extérieur. 

Il faut attendre le 9 mai 1945 pour que l’amiral Frisius signe l’acte de reddition de sa garnison devant le commandant de la 1ère brigade blindée tchécoslovaque. Ce sera le dernier acte de reddition en France. Dunkerque est la ville de France qui aura subi la plus longue période d'occupation allemande : 4 ans 11 mois et 5 jours.

Vos archives font l’histoire du Nord ! 

À l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire de la Libération, participez à la collecte des documents relatifs à la Seconde Guerre mondiale, à la Libération et à ses conséquences. Journaux intimes, correspondances, photographies, films, dessins, carnets de notes, mémoires… sont des sources précieuses pour illustrer la vie quotidienne des civils, des soldats, des prisonniers et de tous les acteurs et témoins de la guerre. Si vous souhaitez donner des documents, contactez les Archives départementales du Nord. Renseignements au 03 59 73 06 00.

Crédits photo : Archives départementales du Nord

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