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23 janvier 2024
Le train de Loos, dernier convoi vers les camps de concentration
Le 1er septembre 1944, le dernier train de déportés quittait la gare de Tourcoing pour les camps nazis. À son bord se trouvaient 871 détenus, majoritairement des résistants. Seuls 275 reviendront.
1er septembre 1944, 17h45. Le dernier train de déportés, dit "le train de Loos", quitte la gare de Tourcoing. Direction la Belgique, les Pays-Bas, puis l'Allemagne. À son bord, 871 détenus, résistants pour l'essentiel, venant des prisons de Béthune, Valenciennes, Douai ou encore Arras, et regroupés à la prison de Loos avant leur départ.
Leur journée a commencé vers 5h du matin par l'appel. Puis les rotations entre Loos et Tourcoing se sont enchainées jusqu'au soir, 80 au total. Il s'agissait d'acheminer les prisonniers jusqu'à la gare de marchandises, où les SS font preuve de zèle pour dénicher une locomotive et des wagons pouvant transporter les hommes. La dernière rotation arrivera trop tard et les détenus seront libérés sur place.
Pour les autres, les seuls wagons disponibles sont destinés au transport de bestiaux. Qu'importe. Du point de vue des Allemands alors entrain d'évacuer Lille, ils feront bien l'affaire. Les détenus sont entassés sans eau ni air. Certains perdent la vie pendant le voyage, d'autres sont blessés, quelques-uns tentent une évasion. En vain.
Monnaie d'échange
L'heure de la libération du pays a pourtant sonné depuis le 6 juin 1944 avec le débarquement en Normandie : l'armée allemande bat en retraite. Sans doute ces derniers déportés sont-ils destinés à servir de monnaie d'échange, voire d'otages, avec les Alliés.
À bord du train, les détenus espèrent encore une libération par les Alliés ou la Résistance locale… Il n'en sera rien. La Résistance belge tente bien une action de sabotage mais les Allemands ont pris la précaution de changer plusieurs fois de direction et le numéro du train.
Le 4 septembre, après un voyage de plus de 40 heures, les détenus arrivent à Cologne, en Allemagne. Ils sont parqués dans les locaux de la foire commerciale. Une partie d'entre eux est ensuite embarquée vers Mulheim pour aider au déblaiement de la ville après son bombardement. Pour les autres, le voyage continue encore durant trois interminables journées.
Ils sont débarqués à Orianenburg, d'où ils sont contraints de marcher jusqu'au camp de concentration de Sachsenhausen, à 30 km de Berlin. Ils subissent une mise en quarantaine épouvantable, avant de repartir en octobre vers d'autres camps où il vont connaître le froid, la faim, les mauvais traitements et la maladie. Le calvaire des survivants s'achèvera en avril-mai 1945 avec l'arrivée des Alliés.
Seuls 275 rescapés sont rentrés chez eux.
Crédits photo : Emmanuel Watteau