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7 septembre 2022
Il y a 80 ans, la grande rafle des Juifs du Nord
Le vendredi 11 septembre 1942, l'occupant nazi, aidé de la police française, effectue une grande rafle des Juifs de la région Nord-Pas-de-Calais. Près de 600 personnes seront convoyées de Lille vers Auschwitz-Birkenau, malgré l'héroïsme de nombreux cheminots.
Suite à la conférence (secrète) de Wannsee en Allemagne, le 20 janvier 1942, qui a acté la Solution finale, la Gestapo met en œuvre la déportation de milliers de Juifs, notamment dans la région.
À l'époque, le Nord-Pas-de-Calais est situé en zone interdite et dépend, non pas de Paris, mais du commandement militaire de Bruxelles. Les mesures édictées par l'occupant sont plus drastiques que pour le reste de la France.
En 1942 dans le Nord, on estime à 2 000 le nombre de Juifs recensés, notamment dans la région lilloise et le Valenciennois, mais aussi à Douai et Cambrai. Depuis le 13 juin 1942, ils doivent obligatoirement porter l'étoile jaune distinctive, payée 0,60 centimes de franc. Ils ne peuvent plus fréquenter cafés, restaurants, hôtels, piscines, parcs, etc., et n'ont pas le droit de circuler après 20h.
La rafle de Rasch Ah Shana
Débute dans un premier temps l'arrestation des Juifs de Belgique. Dans le Nord, le couperet ne tarde pas à tomber aussi. C'est ainsi que le 10 septembre 1942, le commissariat central de Lille reçoit l'ordre de mettre une centaine de policiers à disposition de l'occupant, pour une opération spéciale. Dans chaque mairie, les Juifs sont inscrits sur un registre particulier. Ils sont mis au ban de la société.
Le vendredi 11 septembre 1942, lors du nouvel an juif, Rasch Ah Shana, dès 4 h du matin, une grande rafle débute dans tout le Nord et le Pas-de-Calais, notamment à Lille, Valenciennes et Lens. Environ 600 personnes sont rassemblées à la gare lilloise de Fives puis emmenées vers la caserne Dossin à Malines, en Belgique, avant d'être envoyés à Auschwitz-Birkenau. 400 personnes seront gazées dès leur arrivée. Seules 16 personnes arrêtées lors de cette rafle reviendront de déportation.
Sauvés par des cheminots
Ce 11 septembre, 24 cheminots fivois se mobilisent pour sauver des vies, principalement celles d'enfants. Une dizaine au total. Au péril de leur propre vie. Ils les cachent dans des recoins de la gare, avant de les confier à des non-juifs tout aussi courageux.
L'affaire est périlleuse. Il ne faut pas que les Allemands remarquent les allers-retours suspects. Si bien que dans l'après-midi, les opérations de sauvetage doivent être ralenties. Mais en plus des enfants, une trentaine d'autres personnes échapperont à la déportation grâce aux cheminots lillois.
En majorité, les enfants sauvés ce jour-là seront recueillis par un pasteur protestant, Henri Nick, fils d'un père allemand, installé à Fives pour évangéliser la population ouvrière. Charge à lui de les cacher, ce qu'il fera dans le Cambrésis, l'Avesnois et le Dunkerquois. Henri Nick sera nommé Juste des nations en 1992, comme certains des cheminots présents en ce funeste 11 septembre 1942.
Vies brisées, vies sauvées
Pour commémorer cet événement, le musée de la Résistance de Bondues organise une exposition intitulée "Vies brisées, vies sauvées". Sur 21 panneaux, elle retrace la vie des communautés juives avant-guerre, la mise en place des politiques antisémites, la marche vers « l’extermination des Juifs d’Europe » et les initiatives courageuses de quelques personnes qui y ont fait obstacle.
Exposition visible du 16 septembre au 4 décembre 2022 au Musée de la Résistance de Bondues, avenue du Général de Gaulle. Tél : 03 20 28 88 32.
Crédits photo : Coll. Kazerne Dossin