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2 octobre 2020
Rentrée littéraire : 3 coups de cœur au féminin
Catherine Karolewicz et Nathalie Caron, bibliothécaires à la Médiathèque départementale, nous partagent trois de leurs coups de cœur littéraires parmi les romans récemment parus.
Pour Catherine, il s'agit d'une rentrée plutôt féminine, anxiogène et engagée, où l'actualité littéraire se fait l'écho des grands problèmes contemporains.
Les deux bibliothécaires sont donc aller piocher parmi les voix féminines - et féministes - qui s'élèvent et en a sélectionné trois :
- celle d'Alice Zeniter qui aborde le thème de l'engagement politique;
- celle d'Asa Ericsdotter dans un roman très glaçant également remarqué par Nathalie;
- celle de Carole Fives, originaire de la région.
Alice Zeniter, "Comme un empire dans un empire"
Ce roman nous plonge au cœur de l'engagement politique à travers l'évolution de 3 jeunes protagonistes : Antoine, assistant parlementaire à l'Assemblée nationale, L., hackeuse, et Xavier, militant écologiste. Chacun lutte à sa manière et ambitionne de changer le monde.
Si Antoine a choisi la voie officielle, L. œuvre de manière souterraine, tandis que Xavier prône un retour vers la nature. Mais au-delà de leurs divergences, tous s’interrogent sur le bien fondé de leurs actions, se demandant notamment comment faire lorsqu’on ne bénéficie pas d’un nécessaire recul sur la période que l’on traverse ? Parallèlement, l’auteure nous montre, loin d’en faire des héros solitaires, à quel point les destins de ces trois personnages sont étroitement liés.
Une fresque sociale très détaillée, particulièrement bien documentée et foisonnante !
Asa Ericsdotter, "L'épidémie"
En Suède, Johan Svärd, le charismatique Premier Ministre, arrive au pouvoir et se donne pour mission d’éradiquer l’obésité qui nuit au rayonnement national. Le fléau implique dès lors une stratégie stricte et militaire pour rendre aux individus leur sveltesse et leur dignité. Rien n’arrête "le parti de la santé " et malheur aux récalcitrants qui risquent aussi de perdre le droit d’exercer leur profession.
Impôts sur le sucre, taxe sur le gras, exclusions scolaires, entraînements sportifs intensifs, chirurgie de l’estomac subventionnée, sanctions drastiques pour ceux qui peinent à maigrir, tout est mis en œuvre pour assujettir les citoyens. On veut un pays à zéro pour cent et partout les "porcs" sont traqués et bannis. Certains essaient néanmoins de résister, c’est le cas notamment de Landon, jeune chercheur "épicurien", conscient des menaces qui pèsent sur la démocratie. Mais la route est longue, et tandis que sa compagne sombre peu à peu dans l’anorexie, sa voisine disparaît mystérieusement…
Un thriller dystopique et glaçant où le pays bascule progressivement dans une dérive totalitaire.
Carole Fives, "Thérébenthine"
Années 2000, la narratrice rentre en première année à l’Ecole des Beaux-Arts de Lille avec deux camarades, Lucie et Luc. Le trio sera rapidement marginalisé parce qu’ils utilisent la peinture comme moyen d’expression, s’exerçant dans les sous-sols. Leur surnom de "Térébenthine" sera dû à l’odeur qui leur colle à la peau.
Carole Fives décrit les doutes de la jeune étudiante, les remises en question. Le corps enseignant ne jure que par les nouvelles techniques et, sans en avoir l’air, dénigre les artistes féminines en ne citant que des hommes comme référence. La narratrice mènera des combats pour la reconnaissance de figures féminines, tout en tentant de transmettre des émotions par ses tableaux.
À la fin de la lecture de ce roman, le lecteur découvre un pan du passé de l’auteure, son engagement féministe (comme souvent dans ses récits) et sa sensibilité. Une lecture vive sur un sujet intéressant qui donne envie de se (re)plonger dans les œuvres citées.
Crédits photo : © Département du Nord, C. Arnould