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4 juin 2024

Rencontre avec Marc Riso, l’acteur nordiste qui a un p’tit truc en plus

Originaire de Maubeuge, l’acteur est à l’affiche de la comédie à succès "Un p’tit truc en plus", qui met en lumière 11 personnes en situation de handicap. Il partage avec nous quelques anecdotes sur le tournage du film et sa joie (communicative !) d’y avoir participé.

Quelle a été votre réaction à la lecture du scénario ?

Marc Riso : J’ai accroché tout de suite ! Quand j’avais 15-16 ans, j’ai accompagné un groupe de personnes en situation de handicap à Lourdes. Je connaissais déjà leur magie, leur poésie, leur gentillesse. Ça m’a parlé tout de suite, je me suis dit : "ça peut être chouette ! C’est un vrai pari". J’ai dit banco assez rapidement à Artus. C’est un très beau projet qu’il m’a proposé.

Comment s’est passé le tournage ?

M.R : C’était formidable, vraiment. Artus a écrit les rôles après le casting, après avoir rencontré chacune des personnes pour être au plus proche d’elles et de leur sincérité, pour justement ne pas tomber dans des stéréotypes où on se dit : "tiens, on se moque !". On ne se moque pas, ce sont eux ! Arnaud par exemple, c’est un vrai fan de Dalida, ce n’est pas une blague ! Il a un vrai tatouage, il a Dalida dans la peau. Stanislas (qui s'est déjà produit au Musée Matisse avec le théâtre du Cristala cette élocution. Il est passionné de politique, et notamment de Nicolas Sarkozy. On voulait être proche de leur vérité, qu’ils puissent dire "je" sans penser au personnage. C’est pour ça d’ailleurs qu’on a gardé nos prénoms, sauf pour Artus et Clovis. En terme de jeu, ils n’ont pas nos codes, ce qui nous a donné des séquences folles de vérité pure ! Ce qu’ils sont dans la vie est passé à l’image : leurs improvisations, les rires, les petites crises, leurs coups de génie… La magie du film, c’est eux.

Est-ce cette sincérité qui explique le succès du film ? 

M.R : Oui complètement. On a reçu plein de messages de soutien, des remerciements. Le public ne s’y trompe pas. C’est lui qui fait le film, qui décide ! Ça fait six ans qu’Artus avait le projet en tête et beaucoup de producteurs n’ont pas suivi. Une productrice nous a dit : "personne n’ira voir un film avec 11 personnes en situation de handicap dedans". Maintenant plus personne ne pourra nous dire que c’est impossible. On aura prouvé le contraire.

Votre montée des marches à Cannes restera aussi dans les esprits !

M.R : Là encore, c’était une idée d’Artus. Il y a eu des hauts et des bas, ça a failli ne pas se faire mais il n’a pas renoncé. C’est un souvenir exceptionnel, ça a changé quelque chose ! Les photographes étaient contents de voir des gens qui sourient, heureux d’être là et qui le montrent. Marie qui danse sur le tapis rouge, c’est notre Catherine Deneuve à nous ! Moi j’avais les yeux rivés sur Sofiane dans les bras d’Artus, sur leur complicité. On voulait toute l’équipe en haut des marches. Il devrait y avoir une rampe d’accès PMR (personnes à mobilité réduite) l’année prochaine.

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Éducateur, c’est un métier que vous auriez voulu faire ?

M.R : On avait un peu l’impression de l’être sur quelques scènes. Je me rappelle celle avec Soso où je dois l’aider à manger et lui mettre exprès de la nourriture sur le visage parce que je ne fais pas attention ! On apprend. Les éducateurs étaient présents sur le tournage pour nous accompagner, nous reprendre si besoin. Je me suis remis en question plusieurs fois, par exemple j’appelais Arnaud "mon grand" alors qu’il est plus âgé que moi ! Le film amène à ça aussi, à s’interroger sur nos comportements. Les éducateurs, ils géraient aussi la fatigue, les médicaments… Il faut beaucoup de cœur pour être éducateur, ça je l’aurais eu mais je pense que je n’aurais pas été assez solide. Le film c’est un hommage à toutes ces professions qui ne sont pas assez reconnues. Sans eux on est foutus !

C’est quoi votre pt’it truc en plus ?

M.R : Ah ! Il réfléchit quelques secondes. Depuis le 1er mai, mon p’tit truc en plus c’est eux. C’est d’avoir fait ce film. On va se revoir bientôt, toute la bande. C’est une chance incroyable d’avoir participé à cette aventure.

En quoi le Nord vous inspire-t-il ?

M.R : Je ne vis plus dans le Nord pour des raisons professionnelles, mais le Nord est toujours en moi. Il est dans tous ces rôles que je joue, ces rôles de gars gentils, mais pas cons attention ! Comme celui de Marc. Il est attachant, serviable, toujours prêt à aider, débrouillard aussi. Je m’inspire des personnes que j’ai connues en grandissant ici, de mes profs, de cette humanité. Si j'ai un message pour les Nordistes ? Restez comme vous êtes !

L'actu de Marc Riso

En salles : Un p’tit truc en plusd’Artus ; Le Larbin, une comédie historique d’Alexandre Charlot et de Franck Magnier, avec Clovis Cornillac et Kad Merad, sortie le 17 juillet.  
Au théâtre : à Paris et en tournée dans toute la France avec la pièce Les gros patinent bien d’Olivier Martin-Salvan et Pierre Guillois, sacrée Molière 2022 du meilleur spectacle.

Crédits photo : Cine Nomine

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