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21 mars 2023

Qui fabrique le trophée de Paris-Roubaix ?

Les 6 et 7 avril prochains, les champions soulèveront leur lourd trophée de pierre dans l'enceinte du stade vélodrome. Mais savez-vous qui se cache derrière le façonnage de ces précieux pavés honorifiques ?

C’est bien chez nous, dans le Nord, que sont fabriqués les 14 trophées de la reine des classiques ! Depuis plus de 10 ans, l’association des Amis de Paris-Roubaix passe commande à la marbrerie Slosse située à Orchies, dans le Douaisis.

Seule marbrerie du Nord labellisée « Entreprise du patrimoine vivant », elle continue de servir avec fierté cette course mythique. Antoine Leproux, son président depuis 2020, est d’ailleurs très attaché à cet esprit sportif : Ici nous sommes 18 en tout, nous sommes tous complémentaires. On échange nos idées, on discute, parfois on s’explique franchement, mais on finit toujours par avancer ensemble, comme dans une équipe sportive !

Le sculpteur dédié au façonnage des trophées ayant pris sa retraite fin janvier, il a fallu lui trouver un remplaçant. C’est tout naturellement que le dirigeant a choisi Quentin Bielawski, recruté en septembre 2022 : Apprendre le métier prend du temps. Quentin a une belle expérience et un vrai savoir-faire. Il est à la fois graveur, tailleur et façonneur de haute précision, c’est quelqu’un de confiance.

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La passion du métier

Originaire de Pecquencourt, le marbrier polyvalent, tout juste trentenaire, impressionne par son parcours : Enfant je voulais être archéologue, mais je n’étais pas très copain avec l’école. Comme j’aimais les châteaux, j’ai cherché un métier en rapport avec eux. 

Charpentier, couvreur, sculpteur…? Quentin hésite. Un déménagement en Catalogne plus tard, il fait son stage de 3e chez un tailleur de pierre. Il m’a autorisé à revenir tous les week-ends pour m’entraîner un peu. Comme j’aimais ça, j’y suis revenu jusqu’à mon entrée en CAP. À 14 ans, il demande donc une dérogation pour pouvoir entrer, avant les 16 ans requis, chez les Compagnons du devoir de Nîmes. Voyant sa motivation, les portes lui sont ouvertes, et il s’inscrit en taille de pierre et marbrerie du bâtiment et de la décoration.  

Après ça, tout s’enchaîne. Lors de son tour de France, il effectue un stage à la Cathédrale de Rodez où il rencontre le directeur de l’Institut des Métiers d’Art de la Pierre et de la Construction (IMAPEC) de Volvic. En intégrant cette école très sélective, Quentin Bielawski élargit son domaine d’expertise et passe son Brevet Professionnel en alternance : J’y ai appris d’autres métiers de la pierre, comme la marqueterie, la gravure… L’Histoire de l’art et de l’architecture prend aussi une grande place dans ces études. Comme il le souligne avec espièglerie : Petit à petit je suis remonté vers le Nord. Il y a autant de méthodes de taille que de régions, mais par ici, il y a plus de travail.

Recette d’un bon trophée

Qui dit course régionale, dit pierre locale. Les pavés en grès utilisés pour la fabrication des trophées sont tous issus de la récupération. Ils proviennent de nos routes, ou parfois des cours de vieilles bâtisses. Au départ, ils font plus ou moins la même taille, mais je les façonne selon la charte remise par l’association des Amis de Paris-Roubaix, tout en veillant à conserver leurs irrégularités naturelles précise le sculpteur. La pierre utilisée pour le socle est, quant à elle, de la pierre bleue issue des carrières du Hainaut.

En tout, 14 trophées sont commandés : 4 pour les pros (hommes et femmes) et 10 pour les juniors.

La fabrication des trophées de Paris-Roubaix a demandé un temps d’adaptation à Quentin Bielawski : Mon prédécesseur employait une méthode un peu différente de la mienne. J’ai proposé une légère modification qui a été acceptée. Les vis et boulons qui maintenaient le pavé sur le socle, ont été remplacés par une agrafe spéciale, scellée dans la résine. Je travaille également un point d’appui pour chaque pavé. Quand ils tiennent seuls en équilibre, il y a ainsi moins de pression sur la résine précise-t-il, armé de sa chasse et sa massette.

Le résultat est sublime, et pèse son poids : 15 kg environ pour le trophée pro ! Le junior est plus facile à soulever, il tourne autour des 5 kg.

Et s’il avoue regarder la retransmission aussi pour repérer ses chantiers vus du ciel, Quentin Bielawski n’en est pas moins imprégné par la reine des classiques. Dans sa famille, le cyclisme est une affaire sérieuse : mon père a longtemps été escorte moto sur les courses, mon parrain l’est encore, il vient d’accompagner le Grand prix de Denain. Le sculpteur est heureux d’apporter sa contribution à Paris-Roubaix : c'est une très bonne expérience, ce n’est pas n’importe quelle course !

Sans aucun doute, il sera lui aussi au rendez-vous les 6 et 7 avril pour recevoir la plus belle des récompenses : voir les champions embrasser les trophées qu’il a façonné avec passion !

Crédits photo : C. Arnould

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