Famille Santé | Valenciennois
19 mars 2024
Le Valenciennois innove en matière de lutte contre les violences conjugales
Après l'expérimentation d'une aide d'urgence en 2022 dans le Valenciennois, le Département et ses partenaires agissent ensemble localement pour lutter plus efficacement contre les violences intrafamiliales.
En 2022 dans le Nord, 5437 plaintes ont été déposées pour violences conjugales auprès des services de police. 1053 concernaient le Valenciennois, en faisant l’un des territoires les plus touchés par ce fléau.
Localement, les acteurs impliqués dans la lutte contre les violences intra familiales, dont le Département, redoublent d'efforts pour faire bouger les lignes. Trois axes forts se détachent de leur travail.
1. L'expérimentation d'une aide d'urgence
Le constat a été fait qu'une dépendance administrative et financière empêche souvent les victimes de s’extraire du conjoint violent. En 2022, le Département décide donc d'expérimenter, avec les partenaires institutionnels et locaux, une aide d'urgence pour les victimes.
L'expérimentation prévoit différentes aides conjointes pour sécuriser les victimes : mise à l’abris, ouverture d’un compte bancaire, ouverture en urgence des droits CAF, aide alimentaire, aide d’urgence remboursable, aide juridique, accompagnement vers l’emploi …
Nous sommes partis de
la personne et nous nous sommes adaptés à son degré d’urgence
, explique
Fanny Wierzelewski, assistante sociale à la Maison Nord Solidarité
(MNS) d’Onnaing et membre de l'expérimentation. Le travail engagé est payant : les demandes
d’accompagnement global sont en augmentation dans l’arrondissement. Les femmes que nous suivons témoignent de
l’importance de ces aides, notre soutien est très apprécié
, précise Cécile
Douai, cheffe de projet au Département et pilote de la mission.
Valérie Létard, conseillère départementale sur ce canton, et sénatrice à l'époque, s'est appuyée sur cette expérimentation pour porter une proposition de loi au niveau national. Rédigée avec l’aide des professionnels du Département et des associations locales, le texte a été adopté à l’unanimité à l'Assemblée Nationale le 16 janvier 2023. Béatrice Descamps, députée de la 21e circonscription du Nord, en était le rapporteur.
2. Un laboratoire de lutte contre les violences conjugales
En parallèle, un laboratoire de lutte contre les violences conjugales est créé en mai 2023. Son rôle : diagnostiquer au mieux les ressources existantes, et innover en matière de prévention et de sensibilisation. Il regroupe la Sous-préfecture, le Parquet, le Département, Valenciennes Métropole, la Porte du Hainaut, la Caisse d'Allocations Familiales et l'Éducation nationale. Il s'inscrit aussi dans une politique nationale de développement des observatoires.
Nous avons recherché
les différents partenaires pour connaître leur offre d’insertion et les avons
invités à rejoindre le Laboratoire
, explique Cécile Douai. Notre but est d’uniformiser et de fluidifier
la réponse que nous apportons aux victimes
. Diagnostics, formations,
actions communes… ce nouvel outil permet d’avoir un regard partagé et d’engager
un travail commun sur les violences intra familiales, pour plus d’efficacité.
Ce que nous faisons dans le Valenciennois, c'est bien sûr accompagner l'urgence aux côtés des victimes, mais aussi mettre en œuvre toutes les conditions pour leur permettre de se reconstruire durablement
3. Un lieu unique pour une meilleure prise en charge
Parmi ses avancées, le Laboratoire travaille sur la création d'un
interlocuteur privilégié pour les victimes de violences conjugales. Il est
souvent difficile pour les femmes de savoir quelles structures contacter pour
obtenir de l’aide. Jusqu’à présent, il n’y a pas de lieu unique pour répondre à
toutes leurs questions
, constate Cécile Douai. Cette recherche peut
parfois se transformer en parcours du combattant et décourager les victimes qui
laissent alors tomber leur parcours d’aide.
Un Lieu d’Ecoute, d’Accueil et d’Orientation (LEAO) ouvrira donc à l'été 2025 dans le Valenciennois. Cette structure de proximité permettra d’accueillir et d’accompagner au mieux les victimes, mais aussi de suivre leurs enfants si besoin. Un référent sera alors désigné pour suivre la personne dans ses démarches et l’aider à se reconstruire.
À terme, les partenaires souhaitent accentuer le travail sur les auteurs de violences, avec l’espoir d’éviter toujours plus les récidives. Outre l’éloignement du conjoint et sa responsabilisation, un suivi psychologique et de santé, sur la base du volontariat, serait proposé.
Multiplier les aides aux victimes
Partout dans le Nord, le Département poursuit ses efforts en matière de lutte contre les violences intrafamiliales : notamment par la création de postes d’intervenants sociaux dans les commissariats et gendarmeries, la nomination d'un référent VIF au sein des sapeurs-pompiers, le soutien d’actions de prévention, et l’ouverture de maisons d’auteurs pour extraire le conjoint violent du domicile conjugal.
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