Aménagement Cadre de vie, Environnement | Douaisis
8 août 2022
Le moulin de Gœulzin fait couler... de l'électricité
La Petite Sensée est bien plus qu'un cours d'eau pour les Gœulzinois. Elle assure l'éclairage de leur mairie, de l'école et même des rues de ce village du Douaisis durant la nuit. Le secret ? Sa pico-centrale électrique.
Ça lui avait toujours semblé étrange, à Francis Fustin, de lire dans les journaux que la France était le pays d'Europe où l'on payait le moins cher l'énergie. Devenu maire de Gœulzin en 2014 après un parcours dans la banque d'entreprise, il s'est dit qu'il fallait anticiper avant que le vent tourne. Je pressentais que les prix allaient augmenter et c'est en effet le cas.
Un souvenir d'enfance lui revient alors en mémoire. Dans son école élémentaire à Douai, l'instituteur faisait faire aux enfants des expériences avec l'aquarium de la classe. À travers elles, les élèves découvraient le mouvement, la force, l'énergie. Les moulins à eau, en somme.
Gœulzin en a eu deux. L'un pour la farine, l'autre pour l'huile. Lorsque Francis Fustin arrive à la tête de ce village d'un millier d'habitants, les deux moulins ont disparu mais la Petite Sensée, elle, coule toujours et s'offre une petite cascade de 2,90 mètres de haut. Le maire lance une étude : il imagine une roue dont le mouvement fournirait de l'électricité aux infrastructures publiques du village. Ce serait une première dans le Nord.
C'est possible, tous les indicateurs de l'étude le disent. En cinq ans, au prix du KWh de l'époque, le village récupèrera les 250 000 euros investis pour la création de cette petite centrale hydro-électrique. Le maire se lance et, dans l'attente de savoir s'il pourra avoir des subventions, demande à ce que l'école soit mieux isolée et que les lampadaires de Gœulzin soient remplacés.
C'étaient encore des lampes à vapeur de mercure, extrêmement énergivores. Il souhaite des LED. Cela nous a permis de diminuer notre consommation annuelle pour l'éclairage public de plus de 60% et de baisser nos émissions de gaz à effet de serre de 80%.
Le changement de l'éclairage se fait en trois ans de 2016 à 2018. L'accord de subventions pour celle qui va s'appeler la pico-centrale électrique arrive l'année suivante.
Quasi autonome en énergie
En février 2020, une roue de 6,3m de diamètre et de 6,5 tonnes, commence à tourner à la chute d'eau de la Petite Sensée. Au début, elle était arrêtée le week-end. On s'est aperçu que ça nous faisait perdre 28% de production.
Elle fonctionne désormais tout le temps et permet à la mairie, l'école, la cantine, la bibliothèque, aux rues d'être éclairées.
En 2021, la pico-centrale électrique nous a évité une facture de 30 000€. L'argent que l'on ne dépense pas est la meilleure des économies.
Le village ne compte pas s'arrêter là. Soutenu par le Département, il améliore l'isolation acoustique de sa roue. Pour l'instant, à 5m de distance de l'écran vitré posé il y a trois mois, on mesure moins de 30 décibels.
Maintenant que Gœulzin n'a plus qu'une heure d'électricité à acheter au moment de la préparation des repas de la cantine, reste encore à affronter les factures de gaz. Francis Fustin n'est pas pris au dépourvu. Nous étudions actuellement l'installation de 80 panneaux photovoltaïques sur le toit de 180m² de notre bâtiment des services techniques.
Ils devraient alimenter des pompes à chaleur qui seraient installées dans les bâtiments communaux. Elles nous permettront d'en finir avec le chauffage au gaz dont le coût sera multiplié par plus de 2,5 en 2022 par rapport au budget 2021, et d'être en quasi-autonomie énergétique.
Crédits photo : Département du Nord, C. Di Matteo