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11 juin 2024

Le laboratoire départemental, meilleur allié de votre sécurité alimentaire

L’une des missions majeures du laboratoire départemental de Villeneuve-d’Ascq consiste à veiller à la qualité sanitaire de tous les produits d’origine animale susceptibles de se retrouver dans votre assiette. Rencontre avec Alain Lemaire, responsable de cette structure méconnue mais ô combien indispensable.

À quoi sert le laboratoire départemental ?

Alain Lemaire : Le laboratoire départemental public propose ses services dans deux grands domaines d'activité : l’hygiène alimentaire et la santé animale.

Dans le domaine alimentaire, nous devons nous assurer que les produits d’origine animale vendus dans le commerce ne sont pas toxiques, et ne présentent aucun danger pour l’homme. Cela passe par l’analyse d’échantillons de viande et de charcuterie, de produits laitiers, de poisson, d’œufs ou encore de miel susceptibles de se retrouver dans les assiettes des Nordistes.

Concernant les animaux, nous nous assurons de la bonne santé des élevages du Nord (vaches, moutons, chèvres, porcs et volailles). Nous veillons aussi sur les animaux domestiques et sur la faune sauvage, en lien avec l’Office Français de la Biodiversité et la fédération des chasseurs notamment. Quand un animal mort est trouvé, nous essayons de déterminer les causes pour surveiller les épidémies sur la faune sauvage. Afin de renforcer notre action dans ce domaine, nous avons demandé un nouvel agrément à l'État pour pouvoir réaliser des analyses de détection de la grippe aviaire.

En quoi le Brexit a changé la donne ?

A.L.: Nous travaillons pour le Service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire aux frontières (SIVEP) des Hauts-de-France. Ce service de l’État contrôle en particulier les importations via les ports de Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer.

Depuis 2022, notre activité en matière d’hygiène alimentaire a quasiment doublé car nous devons désormais contrôler les denrées d’origine animale en provenance du Royaume-Uni. De l’autre côté de la Manche, les normes sont différentes de celles en vigueur dans l’Union européenne. Nous devons nous assurer que les produits anglais d’origine animale ne contiennent pas de micro-organismes pathogènes pour l’Homme (des bactéries), ni d’antibiotiques ou d’hormones de croissance interdits dans l’Union européenne.

Quels produits sont contrôlés ?

A.L. : Tous les produits d’origine animale : bœuf, poulet, saucisson, mais aussi fromage (surtout le cheddar largement utilisé dans le welsh !) poudre de lait, œuf, miel… Après six mois d’activité post-Brexit, l’activité du Labo en chimie a augmenté de 50%. On devrait donc doubler notre activité en 2024 par rapport à l’année 2022. En microbiologie, le nombre d’analyses a augmenté de 35% et l‘on réalise davantage d’analyses complexes.

Comment le Labo fait-il face à cette recrudescence d’activité ?

A.L. : Nous fonctionnons comme une petite entreprise avec une trentaine de personnes, soit une vingtaine de techniciens qui réalisent les analyses, ainsi que des fonctions support pour gérer l'amont et l'aval de la chaîne de production : réception des commandes et des échantillons, enregistrement, envoi des résultats, facturation, etc... 

Pour faire face à cet afflux d’analyses supplémentaires, le responsable du service hygiène alimentaire, Marwan Abdallah, s'est particulièrement investi, et nous avons réalisé des embauches complémentaires en micro-biologie (recherche de bactéries pathogènes) et en chimie (recherche d’antibiotiques, d’anti-parasites). Cela représente une hausse de 10% de la masse salariale.

Comment les échantillons arrivent-ils dans vos éprouvettes ?

A.L. : Les services de l’État prélèvent des échantillons à l’arrivée des cargos, sur les containers directement, aux ports de Dunkerque, Boulogne-sur-Mer ou Calais. Il y a des arrivages tous les jours, on ne sait jamais à l’avance les produits qui arrivent… C’est un peu le flair du douanier qui déclenche des contrôles aléatoires !

En plus du contrôle aux frontières, des prélèvements sont aussi réalisés lors de visites inopinées dans des points de vente (boucheries, poissonneries, restaurants) ou dans les grandes surfaces du Nord. 

L’hygiène alimentaire, un domaine en plein essor ?

A.L. : Effectivement mais pas seulement ! C'est toute l'activité du Labo qui évolue. Sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, le concept de "One Health" se développe. Cette approche consiste à renforcer la surveillance des épidémies en santé humaine et animale, afin de prévenir l'émergence des maladies animales transmissibles à l'homme. Depuis quelques décennies, 75% des maladies émergentes sont d'origine animale. Le deuxième domaine d'activité du laboratoire, la santé animale, se retrouve donc au cœur de ces enjeux. Les nombreuses analyses que nous réalisons sur les animaux élevés dans le département doivent permettre la mise en place rapide de mesures de biosécurité en cas d'épidémie.

Crédits photo : Dominique Lampla

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