Vous avez commencé cette formation traditionnellement masculine, pourquoi ?

Morgane Deprez : J’ai eu plusieurs expériences professionnelles dans l’industrie et j’aimerais diriger une équipe. Que cette formation soit traditionnellement masculine n’est pas un sujet pour moi. Que le métier de pilote de ligne de production soit majoritairement exercé par des hommes est un fait, mais pourquoi une femme ou une personne qui a des difficultés ou n’importe qui, ne pourrait pas exercer ce métier ? Avec de la motivation, tout le monde peut le faire. Ça me plaît, je suis motivée, alors je me forme.

Comment êtes-vous arrivée là ?

M.D. : J’ai obtenu un Bac pro accompagnement soins et services à la personne, mais finalement je n’ai pas exercé le métier d’auxiliaire de vie car je ne le trouvais pas assez reconnu. Je suis partie vivre à Lyon, où j’ai commencé à bosser dans des zones industrielles : triage de colis pour Ventes privées, centre d’approvisionnement de Décathlon, centre de tri de La Poste… J'ai testé plusieurs jobs sur des missions courtes et il était évident que le domaine de l’industrie me plaisait ! C’est un domaine concret dans lequel on se sent utile. Pour des raisons personnelles, j’ai dû tout quitter et revenir dans le Nord. S’en est suivie une période d’un an avec une baisse de motivation...

Comment avez-vous retrouvé le chemin de l’emploi ?

M.D. : J’ai passé mon diplôme d’agent de sécurité que j’ai obtenu. J’avais besoin de me sentir utile et d’aider les autres. Agent de sécurité c’est un policier sans arme et sans pouvoir, juste là pour aider. À 25 ans, avec ce diplôme en poche, j’ai été contactée par le Département pour m’aider dans mon parcours d’allocataire du RSA. En voyant mon CV, ma coach m’a orientée vers les métiers de l’industrie : maintenance, technique, tuyauterie, etc.

En quoi a consisté ce coaching ?

M.D. : J’ai été écoutée et conseillée par le service relations aux entreprises du Département. J’ai participé à un forum emploi lors de la semaine Réussir Sans Attendre, où j’ai pu essayer le métier de pilote de ligne de production. Je cherchais quelque chose de nouveau et ça m’a plu !  Je me suis dit que c’était ce métier que je voulais faire.

C’est finalement un métier technique plus qu’un métier masculin ?

M.D. : Tout à fait ! En gros, il faut maîtriser une grosse machine avec plein de boutons et savoir réaliser de nombreuses manœuvres. Il faut savoir programmer mais aussi réparer la machine. Ce métier nécessite des compétences en calcul, en maîtrise de l’informatique, en chimie… J’aime élucider des problèmes de maintenance. Au lycée des Plaines du Nord, on s’entraîne sur une machine à savon, il faut optimiser la découpe pour que chacun pèse 30 grammes.

Maintenant, comment voyez-vous l’avenir ?

M.D. : Pour le moment, tout se passe bien ! Je vais avoir 26 ans cette année, un peu de stabilité professionnelle, ce serait cool ! Aujourd’hui, j’ai plusieurs cordes à mon arc grâce à mes diverses expériences professionnelles. Je suis prête à travailler et peut-être à aller faire mes armes du côté de la Belgique, on verra bien où les opportunités me mènent…