Emploi | Flandre maritime
30 décembre 2025

Garage solidaire de Coudekerque-Branche : ça roule pour Jérôme !

En 4 ans seulement, Jérôme Lefebvre, ancien allocataire du RSA, est devenu chef d'équipe au garage solidaire de Coudekerque-Branche. Rencontre.

Comment êtes-vous arrivé ici ?

Jérôme Lefebvre : Il y a plusieurs années, mon frère et moi avons ouvert un petit garage à Bierne. À ses côtés, j’ai appris la mécanique et j’étais auto-entrepreneur en véhicules d’occasion. Nous avons fait vivre ce garage pendant 7 ans puis mon frère a eu un gros souci de santé. Nous avons dû fermer. Je n’avais pas de diplôme, rien… J’avais arrêté l’école à 16 ans, c’était compliqué. Alors j’ai entamé une remise à niveau et obtenu le Certificat de Formation Générale. À la suite de ça, j’ai travaillé en Belgique en tant qu’opérateur de ligne mais ça ne me plaisait pas. J’ai alors trouvé une formation à l’AFEJI de Dunkerque en mécanique industrielle. Je voulais repartir dans l’automobile. Une place s’est libérée ici, au garage solidaire, et j’ai été pris.

C'est quoi un garage solidaire ?

J.L. : C'est un garage qui donne sa chance à tous, et surtout à celles et ceux qui ont des accidents de parcours. On gère près de 300 véhicules par an. On fait tout pour les sauver à moindre coût pour permettre aux personnes de conserver leur véhicule, de reprendre une activité. On leur propose aussi de la location de véhicule remis en état. Seules les personnes qui perçoivent les minimas sociaux peuvent y accéder, il faut une fiche de prescription d’un partenaire social. On ne fait pas de concurrence aux garages classiques. Le garage solidaire de Coudekerque-Branche est le seul du genre dans les Flandres.

Que de chemin parcouru en 4 ans !

J.L. : Après l’accident de mon frère, j’ai réalisé que tout pouvait basculer du jour au lendemain. Je voulais un job et la sécurité. Marié, avec trois enfants, il me fallait un emploi sûr. Alors je me suis donné les moyens de réussir. J’ai passé une Validation des Acquis d’Expériences, un Bac pro en mécanique automobile, puis une formation en reprogrammation sur Toulouse… Et je viens tout juste de devenir encadrant et d’obtenir un CDI. C’est une grande fierté d’être arrivé jusqu’ici, en commençant sans diplôme.

Aujourd'hui, je suis encadrant technique au garage. Je manage une équipe de 6 personnes, toutes en CDDI (contrat à durée déterminée d’insertion). Je gère l’organisation des tâches, le planning, je garde un œil sur les devis, sur les commandes de pièces…  Le travail de mes collègues est impeccable. À travers mon parcours, je prouve que c’est possible de se professionnaliser et d’évoluer. Tout ce qu’il faut pour redémarrer dans la vie !

Passer du statut d'allocataire du RSA à chef d'équipe, ça fait quoi ?

J.L. : C'est une fierté ! Je sais ce que c’est de chercher du boulot… Dans mon équipe, mes collègues rencontrent des situations personnelles plus difficiles que ce que j’ai pu connaître. Avant j’étais réservé et timide. Grâce à mes fonctions ici, j’ai beaucoup évolué. Même si j’ai encore à apprendre, ça m’a apporté une vraie stabilité. Et je suis très reconnaissant à mon collègue René qui m’a tout appris, à quelques mois de la retraite et qui m’a passé le témoin. C’est à mon tour de former les jeunes maintenant !

Un garage solidaire, et bien plus que ça...

Le garage solidaire de Coudekerque-Branche est l’un des chantiers ateliers d’insertion de l’association AFEJI du littoral Dunkerquois, financée par le Département. Chaque mois, près de 120 personnes sont suivies et accompagnées vers un emploi durable par la production de biens et de services en adéquation avec les besoins d’emploi du territoire.

Crédits photo : D. Lampla

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