Environnement | Flandre intérieure
15 février 2022
Dominique Vaesken a choisi l'éco-pâturage pour ses vaches
Eleveur de rouges flamandes à Saint-Sylvestre-Cappel, Dominique Vaesken fait le choix de nourrir ses vaches avec de l’herbe, naturellement. Un engagement pour la qualité, la tradition et pour l’environnement.
Ses vaches broutent paisiblement à Bierne, sur un espace naturel départemental de 27 hectares. Ce partenariat gagnant-gagnant avec le Département du Nord permet à l'agriculteur de nourrir ses bêtes tout en préservant un lieu remarquable. Rencontre.
Pourquoi avoir choisi l’éco-pâturage alors que la nourriture à l’étable paraît plus simple ?
Dominique Vaesken : L’éco-pâturage a du sens pour nous. Historiquement dans la famille, on a toujours eu l’habitude de faire pâturer nos jeunes bovins, dehors. C’est du boulot mais on continue, par conviction. On doit monter les clôtures sur des centaines de mètres pour que les bêtes ne s’échappent pas, on doit assurer une surveillance... C’est une prise de risque de laisser les vaches se nourrir naturellement plutôt que de contrôler leur alimentation en étable. Mais écologiquement, c’est mieux. On n’utilise pas de faucheuse pour couper l’herbe, pas de gazole pour se déplacer, ce sont les vaches qui assurent la coupe !
Quelle est la plus-value de l’éco-pâturage pour votre production ?
D.V. : Les bienfaits pour la qualité du lait et de la viande ne sont plus à démontrer ! On sent nettement un goût différent dans le lait des vaches qui broutent. Et la viande est meilleure, car le foie travaille moins que celui des vaches nourries au maïs. Nos vaches d’éco-pâturage donnent moins de lait que les autres mais c’est un lait de meilleure qualité et que l’on peut vendre à un prix en adéquation. Au final, cela nous permet de proposer de meilleurs produits au consommateur.
Vos vaches sont dehors toute l’année ?
D.V. : Non il fait trop froid pour elles ! On les sort en mai, à la fin des gelées nocturnes. Et puis le sol argileux peut facilement devenir boueux l’hiver et engluer les vaches. C’est plus sécurisant de les sortir du printemps jusqu’à l’automne. Et puis, il ne faut pas les sortir trop tôt, pour ne pas abîmer le sol et préserver ce qui sera leur garde-manger pour le reste de l’année.
Quelles sont les heureuses élues ?
D.V. : On choisit de mettre les jeunes en éco-pâturage. Celles qui n’ont pas encore de lait. Elles vont faire leur croissance dans les prés, une croissance un peu plus longue que celle des vaches nourries au maïs. Etre dehors, c’est mieux pour leurs pattes, mieux pour leur bien-être. On surveille régulièrement leur pesée. Et quand elles sont en âge de procréer, on les fait rentrer à l’étable et elles deviennent des vaches laitières. Nous tournons ainsi toute l’année avec 100 jeunes dehors et 100 plus âgées à l’étable.
L’éco-pâturage, c’est aussi un partenariat gagnant-gagnant avec le Département…
D.V. : Tout à fait ! On travaille en lien avec les gardes départementaux des espaces naturels pour assurer une co-gestion du site. On entretient ensemble les espaces. Pour nous, agriculteurs, disposer de grandes surfaces de pâturage pour notre grand troupeau est une aubaine. Et pour le Département, c’est une gestion naturelle qui est assurée par les vaches et une préservation de la biodiversité.
Il n’y a pas que l’alimentation de vos bêtes qui est locale, la distribution de vos produits aussi. Racontez-nous…
D.V. : Effectivement, nous avons choisi de nous diversifier en développant un fromage en partenariat avec la Brasserie des 3 Monts située à quelques kilomètres de la ferme, et la Maison de l’élevage. Le P’tit flamand est né. Un fromage inspiré des fromages d’antan, avec une croûte aux notes florales et une puissance arômatique. Il a été commercialisé il y a un an et demi. Mon frère qui gère sa fabrication compte bien développer encore sa production. L’objectif à terme est de récolter le lait des fermes voisines pour produire ce fromage puis le vendre localement. De quoi encourager le circuit court du lait flamand !
Vous serez au Salon International de l'Agriculture cette année ?
Oui nous y allons avec nos meilleures vaches : Harness, Martha ou encore Nougatine, pour défendre les couleurs de nos rouges flamandes. L’objectif c’est d’être présent sur ce temps fort de l’agriculture et de faire connaître notre race aux côtés du Département du Nord, de la Maison de l'élevage et des autres éleveurs.
Appel à candidatures 2022 pour la gestion par éco-pâturage ou par fauche
Le Département du Nord lance un nouvel appel à candidatures auprès des éleveurs nordistes pour la gestion par éco-pâturage ou par fauche de ses espaces naturels. 520 hectares font déjà l'objet de partenariats agricoles. 12 nouveaux hectares sont proposés aux agriculteurs. Vous avez jusqu'au 18 février pour vous inscrire. Plus d'infos sur lenord.fr.
Crédits photo : Philippe Houzé