Un vendredi soir à Quesnoy-sur-Deûle. Dans la bien nommée rue de l'ange gardien, Clara Davoust, philopraticienne, pose le cadre de la séance du jour : Pour ce dernier atelier, après avoir beaucoup conceptualisé, problématisé et argumenté, je vous propose de créer un arbre de la bienveillance, avec des actions concrètes pour bien vieillir ensemble. 

Pendant 1h30, il sera question d'inclusion sociale, de respect et de dignité de la personne âgée, de ses besoins émotionnels ou encore d'autonomie et de prise de décision. Le tout dans un espace de dialogue cadré et sécurisé, pour que chacun puisse exprimer ses opinions sur un thème qui nous concerne tous : la vieillesse. 

La vieillesse, un sujet tabou ?

Dans une société plutôt tournée vers le jeunisme, l'instantané et la performance, la vieillesse n'a pas souvent bonne presse. C'est ce constat qui a poussé Hélène Baron, présidente de Complices Actifs, à proposer aux membres de l'association un temps d'introspection pour y réfléchir : Qu'on le veuille ou non, nous allons vieillir ! C'est une réalité du vivant inéluctable. Alors autant en parler joyeusement entre nous non ? glisse-t-elle dans un sourire.

Née en 2016, Complices actifs compte 120 adhérents et propose une multitude d'activités pour créer du lien. Nous discutons en groupe des projets qu'on pourrait mettre en place. Au début, il y avait des réticences sur cette idée d'ateliers philosophiques sur la vieillesse...surtout de la part des hommes ! révèle-t-elle. Finalement, elle contacte Clara Davoust, professeur de philosophie et fondatrice de l'association Socrate et Diotime. Après échange, je savais que Clara saurait nous guider et aborder ce thème avec sérieux et humour. 

Des clefs pour s'ouvrir et prendre du recul

Quatre ateliers ont lieu, pendant lesquels les participants vont s'initier au dialogue philosophique, apprendre à exercer leur esprit critique et aussi, à mieux se connaître. Vivre c'est vieillir, rien de plus disait Simone de Beauvoir. Derrière cette réalité se cachent des vécus différents, des ressentis singuliers et beaucoup de questions.

Si pour certains, la vieillesse est un naufrage (comme l'écrivait Charles de Gaulle en évoquant le maréchal Philippe Pétain), ne peut-elle pas également être une chance ? Le fait de devenir vieux ou d’être vieux a suscité diverses angoisses et craintes, mais la plupart des participants sont partis réconfortés par le fait que très souvent, les maux attribués à la vieillesse n’en sont pas forcément. Le regard porté sur la vieillesse dépend déjà de notre personnalité, que nous soyons jeunes ou vieux. Par exemple, une personne qui a appris à aimer la vie, qui est curieuse de tout, le restera toute sa vie, même si son âge physique limitera certaines actions estiment Véronique ou Patricia. Pour Martine, penser à tout ça ensemble fait finalement beaucoup de bien : j'étais curieuse de venir. Je pensais être seule à me poser toutes ces questions. En parler, c'est libérateur. 

C'est l'un des nombreux bienfaits de la pratique philosophique : les échanges philosophiques doivent permettre aux personnes de prendre confiance en elles, et de retrouver une certaine estime d’elles-mêmes. Si chacun se sent respecté dans sa pensée et ses valeurs, alors un dialogue intergénérationnel, de la mixité sociale, du mieux vivre ensemble deviennent possibles explique Clara Davoust. En plus, on peut comparer cette activité à une gymnastique de l’esprit, à des exercices de pensée où l’on rencontre l’autre dans sa différence. Qu'on se le dise : la philo, c'est bon pour la santé !