Certes, le musée Matisse est vide mais la vie se poursuit derrière les grilles fermées. Dans les salles, les bureaux et les espaces d’accueil du public, les équipes sont toujours à pied d’œuvre.

C’est Sophie Le Flamanc, directrice-adjointe du musée qui nous accompagne pour cette visite hors du commun. Car si 281 œuvres du maître du Fauvisme sont actuellement exposées en Chine dans le cadre de l’exposition "Matisse by Matisse", plus de 2 000 trésors sont encore préservés dans les réserves du musée catésien. Et nécessitent une veille permanente. 

Notre collection s'élève à 2 556 œuvres au total, dont plus de 700 signées par Henri Matisse. 300 m² sont nécessaires pour leur stockage. Nous possédons également un espace dédié à leur restauration et à leur protection. Tout est prévu pour les manipuler avec toute la délicatesse requise. 

Première étape, la réserve dédiée aux grands formats. Derrière une toile arborant des papiers découpés de Matisse, des œuvres des grands artistes célébrés par le musée, parmi lesquels Auguste Herbin, Jean Dewasne et Geneviève Claisse. Devant nos yeux, le meilleur de l’abstraction géométrique.

La salle suivante accueille les dessins et livres illustrés. Dans les rayonnages, pêle-mêle, dessins et peintures se succèdent, notamment une impressionnante série de sérigraphies de Jean Dewasne, fruit d'une donation faite par la femme de l'artiste au musée. 

En face, sur le meuble à tiroirs, deux compotiers d'Henri Laurens côtoient une sculpture de Giacometti. Comme le souligne Sophie Le Flamanc, Nous sommes en excellente compagnie puisque dans les meubles, nous voici face à Fernand Léger, Marc Chagall, Pablo Picasso ou encore Brassaï. Du beau monde, décidément. 

Dans l’atelier de restauration et d’encadrement, Matisse veille sur les équipes. Toutes les œuvres sont protégées. On s’équipe, on renouvelle avec des verres anti-UV et anti-reflets, explique la directrice-adjointe.

Cette salle permet également la restauration des toiles. La prochaine campagne sera d’ailleurs dédiée aux œuvres d’Herbin. Tout comme Matisse, l’artiste est originaire du Cambrésis et a offert de son vivant une série de tableaux. La collection en compte aujourd’hui 62.

Dernière étape, la grande réserve. C'est ici qu'est stocké "Habitacle rouge", l'œuvre monumentale de Jean Dewasne. Exposée en 2022 à l'occasion de l'exposition Harmonie des sphères, son montage a nécessité quatre jours entiers. Une performance !  

Passer la vidéo

Revenir avant la vidéo

Les agents toujours mobilisés

Le saviez-vous ? Il est totalement possible de prendre rendez-vous avec le service documentation du musée. Et c’est Anne-Sophie Bermonville qui vous accueillera avec le sourire au sein des quatre salles contenant environ 8 000 ouvrages dans de nombreuses langues.

Nous recevons des étudiants et des chercheurs du monde entier. Mon rôle consiste à préparer leur venue et à les guider pour que leurs visites soient les plus efficaces. 

L'immense collection de livres contient bien entendu des monographies de Matisse, mais aussi de l'ensemble des artistes de la collection et d'artistes dont le musée ne possède pas d'œuvre. Enfin, une quatrième salle est dédié aux grands musées nationaux. 

Comme les tableaux, les livres se restaurent, se nettoient, se déjaunissent et se protègent. C'est l'une des missions de Marie-Noëlle Sprocq. Habituellement agent de sécurité, elle profite aujourd'hui de la fermeture des salles au public pour effectuer cette tâche pour le moins minutieuse. Marie-Noëlle est une ressource précieuse pour ce travail, confie Sophie Le Flamanc. 

Autre ressource précieuse, considérée comme la mémoire du musée, Sandrine Barbieux, gestionnaire de la photothèque. Il est vrai que la collaboratrice possède une anecdote sur chacune des photographies qu'elle nous dévoilera. 

Depuis 1999 je référence, documente, numérise et passe à l'inventaire le fonds photo du musée. Nous possédons 2 000 tirages d'époque, dont cette photographie d'Henri Matisse, provenant des archives Tériade. Je les conserve sous passe-partout, dans des boîtes prévues à cet effet. 

Certaines photographies nécessitent elles aussi une restauration : Elles ont servi à illustrer la revue Verve et ont été endommagées chez l'imprimeur. Il faut alors combler les lacunes, enlever les traces d'encre ou les empreintes de doigts, explique-t-elle. 

Son métier consiste également à organiser les campagnes de prises de vues des collections afin de mettre en valeur le fonds, pour les catalogues par exemple. Des ressources disponibles pour tous, sous certaines conditions, sur le site du musée.