Culture | Flandre intérieure
27 juillet 2023
Dans les réserves du musée départemental de Flandre à Cassel
Après les réserves du MusVerre, nous partons découvrir les trésors de celles du musée de Flandre, sur les hauteurs de Cassel. Toiles de maitres, mobilier liturgique, gravures... c'est parti pour un plongeon dans les coulisses de cet équipement départemental, véritable écrin de chefs-d'œuvre flamands.
Mille mètres carrés sont nécessaires à la préservation de la collection du musée de Flandre. De l’emballage à la mise en quarantaine, de la restauration à la conservation préventive, tout a été prévu dans cet espace conçu en 2009.
En pénétrant dans la première salle, nous tombons nez à nez avec les imposantes caisses de transport des œuvres d'Hans Op de Beeck, exposées actuellement au musée. Avec "Silence et résonance", l'artiste belge s'interroge sur les mêmes thématiques que les peintres flamands classique. Profitez-en vite, car cette formidable exposition est présentée jusqu'au 3 septembre. Ses sculptures et photographies prendront ensuite le chemin d'un autre musée dans leurs carapaces de protection faites sur mesure.
Tout à côté, l'équipe du musée stocke l'ensemble du matériel nécessaire à l'emballage des œuvres. Trois couches sont nécessaires pour assurer une protection optimale. Nous faisons un maximum de recyclage pour ne pas gaspiller les matières premières
, explique Cécile Laffon, directrice du musée.
Le saviez-vous ? Lorsqu'elles arrivent en réserve, certaines œuvres sont mises en quarantaine. La raison est toute simple : maintenir un état de salubrité et éviter la contamination... par les insectes. Tous les matériaux organiques peuvent être touchés. Nous procédons alors à une anoxie, qui consiste à créer une bulle hermétique sans oxygène entre 21 et 30 jours, soit le cycle de vie de l'insecte.
La salle suivante est dédiée à la restauration. Actuellement, deux tableaux, une huile sur toile et une huile sur bois, bénéficient d'une restauration fondamentale. Méticuleusement, les restaurateurs dévernissent, ôtent un maximum de repeint et réparent les parties détériorées. Un travail de cette ampleur peut prendre trois mois !
, précise Cécile Laffon.
6000 objets, 500 ans d'histoire de l'art
La collection du musée se compose d’environ 6 000 objets. 80 à 90% de nos œuvres sont conservées dans nos réserves.
Nous découvrons ensuite une vaste salle où sont stockés mobilier, sculptures, paniers de géants et même une moto datant de 1915, évoquant le passé de l'endroit. Le musée est en effet implanté dans l'Hôtel de la Noble Cour, un bâtiment qui a servi de quartier général au Maréchal Foch à partir de 1914.
Dans les compactus, des rayonnages mobiles permettant un gain de place non négligeable, les œuvres classiques côtoient les tableaux contemporains. C'est le cas ici avec ce Christ voisin du triptyque L'Enfance du martyr de Janusz Stega (que l'on aperçoit en arrière-plan).
La Flandre d'hier... et d'aujourd'hui
Dans l'espace suivant, place à la collection ethnographique. Là encore, les objets usuels témoins du passé côtoient de singulières pièces, comme ce médaillon religieux Pax Vobis
. Le musée possède une impressionnante collection d'instruments de musique, d'enseignes, d'outils ou encore d'objets militaires. Et même quelques boulets de canon !
Autre salle, autre ambiance. Ici, une tête en papier mâché rappelant que Cassel est une cité de carnaval semble converser avec les deux Messagers de la mort décapités de l'artiste contemporain Jan Fabre. Si quasiment deux cent années séparent le premier objet des seconds, chacun trouve naturellement sa place sur cette étagère, à l'abri de la lumière naturelle et de la chaleur estivale.
Sur le côté, la maquette du Château de cartes de Patrick Van Caeckenbergh. Le musée a commandé cette œuvre à l'artiste en 2007 et elle est depuis exposée au premier étage.
Le musée de Flandre fait dialoguer œuvres classiques et œuvres contemporaines. C'est dans notre ADN de représenter la scène artistique flamande de toutes les époques et de les faire entrer en résonance. 80% de notre collection d'art contemporain est exposée dans les salles du musée.
Nouvelle évocation du carnaval, cette chasuble pour enfant et ses accessoires, rangés dans un des nombreux tiroirs de la réserve. Il s'agirait en effet d'un déguisement
, sourit la directrice.
Dans d'autres tiroirs, nous découvrons des billets, des pièces et des médailles, vestiges d'une autre époque. Les musées ont l'obligation légale de faire un inventaire tous les dix ans. Il s'agit du "récolement décennal". Comment procède-t-on ? Notre rôle, en tant que conservateurs, est de localiser les objets, de vérifier leur description dans le registre d'inventaire, le marquage et leur état de conservation.
Un travail titanesque, si l'on en croit les dizaines de meubles qui regorgent d'objets.
Le dernier espace des réserves est dédié aux arts graphiques. Et il contient des merveilles, que Cécile Laffon nous présente avec une passion communicative. Voici les Quatre saisons, issues d'une collaboration entre Pieter Bruegel et Hieronymus Cock, un éditeur d'estampes à Anvers.
Un véritable trésor, les dessins préparatoires comptant parmi les plus belles compositions de l'artiste.
La visite touche à sa fin. Mais avant de quitter les lieux, la directrice nous dévoile un dernier objet rare : un album de gravures datant du 17e siècle. Signées du graveur et peintre Nicolas de Bruyn, elles interpellent par leur finesse et la dextérité de leur exécution.
Nous l'avons fait démonter pour pouvoir le présenter aux visiteurs
, explique Cécile Laffon, visiblement habitée par son métier. Un peu plus d’un an après avoir pris la direction du musée de Flandre, la conservatrice a des projets d'expositions plein la tête. Et nous avons hâte de les connaitre !
Crédits photo : Aurélie Lemaire