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10 octobre 2021

Comment fabrique-t-on la meilleure bière du monde ?

C'est dans la brasserie du Pays Flamand de Merville qu'est fabriquée l'Anosteké blonde, primée meilleure bière du monde par le World Beers Awards. Rencontre avec Mathieu Lesenne, l'un des deux associés à l'origine de cette réussite nordiste.

Mathieu Lesenne et Olivier Duthoit ont lancé l'aventure Anosteké il y a une quinzaine d’années. 35 salariés et une douzaine de bières plus tard, leur croissance est à l’image de leur bière : fulgurante !

Parmi les brunes, les triples et les panachées, c’est leur bière blonde qui a décroché la palme, leur deuxième titre mondial après celui décroché en 2016 pour l'Anosteké saison.

Ça fait quoi d'être champion du monde ?

Mathieu Lesenne : Ce prix est une belle reconnaissance du travail de toute une équipe qui œuvre pour une amélioration continue de nos produits. Bien sûr, on gagne énormément de notoriété car c'est l'un des trois grands concours internationaux de bière. Et on en retire une immense fierté car pour la petite anecdote, nous avons battu les belges dans leur propre catégorie !

Quel est le secret de votre bière ?

M.S. : La fabrication de l'Anosteké est révolutionnaire. Nous avons fait le choix de ne pas filtrer et de ne pas pasteuriser notre bière. En gros, nous travaillons sans filet ! Et pour le goût, nous mélangeons du houblon américain très aromatique avec du houblon des Flandres françaises plus amer, ce qui confère à la bière ce goût si particulier.

Dites-nous en plus sur les coulisses de fabrication de cette bière...

M.S : Cette brasserie de Merville vient compléter notre premier site de production situé à Blaringhem. Dans un bâtiment de 1 000m2, 10 fermenteurs de 40 à 120 hectolitres assurent la fabrication de notre bière. Accolé à l'usine, un bar permet la dégustation des bières avec vue directe sur les cuves.

Quel est l'esprit de cette bière ?

M.S. : C’est une bière généreuse, moins lisse que d'autres, qui a du goût et du caractère. Elle a l’équilibre parfait d’une triple agrémentée d‘arômes. Et compte-tenu de notre procédé de fabrication, il reste encore de la levure en bouteille, ce qui est peu commun dans les bières actuelles. C’est donc une bière vivante, à l’image des Nordistes !

Pourquoi ce nom "Anosteké" ?

M.S. : Anosteké signifie "A la prochaine fois" en flamand, une expression qui était beaucoup utilisée par nos grands-parents. En reprenant ce terme, on met la Flandres à l’honneur.

Vous la vendez où ?

M.S. : Principalement dans les bars à hauteur de 40%, puis en grandes et moyennes et surfaces (30%), et le reste chez les cavistes. On fait même un peu d'exportation vers le Japon. C’est amusant de se dire que nos bières voyagent à côté des grands crus bordelais.

Vous ne faites pas que de la blonde ?

M.S : Nous proposons plein d'autres bières : une saison avec des notes florales, une cuvée d'hiver ambrée aux notes de caramel, une prestiqe, une brune, une freestyle, une bio... Nous travaillons sur des collaborations ponctuelles et faisons en sorte de toujours nous renouveler pour proposer des bières originales.

Et l'avenir, vous le voyez comment ?

M.S. : Nous continuons à améliorer toujours plus nos bières mais aussi à proposer de nouvelles tendances, à proposer des bières éphémères… Par ailleurs, nous souhaitons vraiment renforcer la responsabilité sociale et environnementale de notre entreprise. Nous avons l’ambition de parvenir à la neutralité carbone sur notre bâtiment de fabrication. Nous avons déjà investi dans la bio-masse et souhaitons développer le recyclage de nos déchets, le réemploi de nos bouteilles mais aussi le bien-être de nos salariés. On ne cherche pas à vendre toujours plus de volume de bière, on souhaite aussi investir dans des axes de croissance autres.

Crédits photo : Brasserie du Pays Flamand

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