1 octobre 2020

Comment affronter la crise dans la durée ?

Dans son éditorial d'octobre, Jean-René Lecerf souligne que le Département devra continuer à soutenir les plus fragiles si la crise sanitaire venait à perdurer et se demande à quelles conditions cette intervention pourra se poursuivre dans le temps.

De nombreuses mesures nationales, dont l’utilité n’est guère discutable - chômage partiel, prêts garantis par l’État, report de charges, aides sectorielles…- ont mis notre économie sous assistance respiratoire. Malgré cela, les destructions d’emplois en 2020 pourraient approcher le million et 2021 ne s’annonce guère plus encourageante. Déjà la menace de fermeture de Bridgestone, aux portes de notre département, résonne de manière inquiétante et fait craindre d’autres plans sociaux, expression bien mièvre au regard des drames qu’elle recouvre.

Revenu à meilleure fortune, notre Département a été en mesure d’acheter des moyens de protection (masques, gel hydroalcoolique, gants…), de financer l’envolée du Revenu de Solidarité Active, de développer l’aide alimentaire et d’accorder une prime COVID à celles et ceux qui l’avaient largement méritée : auxiliaires de vie, assistants et accueillants familiaux, agents et partenaires du Nord… jusqu’ici la contribution de l’État est restée homéopathique pour ne pas dire dérisoire tandis que nos recettes, notamment les droits de mutation, s’amenuisaient au fil des mois.

Mais si cette crise sanitaire doit encore durer, ce qui s’avère loin d’être improbable, il faudra demain soutenir les plus fragiles autant que nécessaire. Nous n’y parviendrons qu’à deux conditions.

La première nous amènera à arbitrer la dimension de nos interventions sans, par exemple, payer systématiquement les masques des collégiens et sans distinction des familles qui ont besoin de cette aide et de celles qui peuvent s’en passer ; sans financer des primes à l’aveugle mais en les conditionnant à un surcroît de travail ou une exposition aux risques ; sans regarder d’abord les forces et faiblesses de tous ceux qui légitimement nous solliciteront.

La seconde passe par l’ouverture d’un dialogue transparent avec l’État, au plus haut niveau, pour qu’il assume financièrement les conséquences de ses choix politiques et cesse enfin de passer les commandes en laissant la note aux Départements.

J’attends cette véritable négociation avec autant d’impatience que de détermination.

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