Culture | Cambrésis
25 octobre 2022

À Busigny, la ferronnerie, c'est aussi une affaire de femmes

Chaque samedi matin, les étincelles crépitent dans l'atelier de ferronnerie de Busigny. Sous la direction d'André Jette, les bouts de métaux récupérés deviennent des œuvres d'art.

J'ai toujours voulu faire ça, explique Isabelle, masque de protection sur les yeux. J'adore souder, créer, manipuler, apprendre. Depuis trois samedis, elle vient donc de Cambrai découvrir l'art de la ferronnerie au rez-de-chaussée de l'espace Degond. On ne réalise pas seulement un objet, prévient-elle. On acquiert beaucoup de connaissances, beaucoup plus que je ne l'imaginais. 

Entre les ateliers, Isabelle potasse les fiches pédagogiques créées par cette section de l'Association des familles de Busigny. Il faut connaître les différents types de soudure, de techniques, de matériaux. Heureusement, André est un puits de sciences : il a toujours la solution, l'idée, le conseil dont on a besoin.

De la récup' et du partage naît un atelier

André Jette, blouse bleue sur le dos, regard pétillant derrière les lunettes, est le co-créateur avec Daniel Leleu de l'atelier de ferronnerie, niché dans un ancien corps de ferme prêté par la municipalité. Au début, il n'y avait rien. Je venais avec mes propres matériaux, se souvient-il. C'était il y a 13 ou peut-être 14 ans. Depuis, les armoires se sont remplies grâce aux dons. Les ferronniers se sont succédé et les ferronnières sont devenues de plus en plus nombreuses.

Dans sa main, André Jette porte le morceau de verrou qui servira de corps au chien métallique qu'Isabelle est en train de créer. Des pattes en vis. Des écrous pour la tête. Après je m'attaque à faire un Giacometti à ma manière, prévient-elle. André m'aidera. Le septuagénaire est quasiment né dans l'acier.

Son grand-père a fondé Mecajet en 1924, à Ligny-en-Cambrésis, pour fabriquer des motoculteurs. Son père a pris la suite, puis lui-même. Et c'est désormais son fils qui dirige l'entreprise de métallurgie. André Jette combine d'autres talents qui plaisent à l'atelier : il peint, sculpte le bois, est patient et drôle. 

Ici, on apprend sur le tas. On forme une sorte d'auberge espagnole.

André Jette

Ce que j'aime ici, c'est l'échange intergénérationnel, opine Audrey venue d'Aubigny-au-Bac. Carreler, elle savait le faire. Maçonner, manier le marteau-piqueur aussi mais, chaque samedi à Busigny, elle découvre de nouvelles idées et astuces au milieu des conversations avec les six autres participants. Comme Patrick. 

Il est en train de ranger l'atelier. La toute première fois qu'il a franchi la porte, c'était en 2014. De son grand-père, il avait hérité un poste à souder mais il ne savait pas s'en servir. Ici, il a appris et s'est surpris à donner vie à des animaux imaginaires. 

La première œuvre qu'il a vendue, c'était justement l'un d'entre eux. Je l'avais réalisé à partir d'une pelle et de ressorts d'une machine agricole, se souvient cet habitant de Prémont, dans l'Aisne. Les prix sont déterminés par l'ensemble des membres de l'atelier.  L'animal de Patrick, lui, est parti vivre une nouvelle vie dans un château.

  • 1/5 - Travaux présentés lors des Portes ouvertes des ateliers d'artiste début octobre. Chaque année, le club de de ferronnerie participe à ce rendez-vous organisé par le Département du Nord.
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Crédits photo : Ph.Houze

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