Famille Santé | Valenciennois
19 septembre 2024

Valenciennes : "À portée d'elles" aide les femmes à reprendre leur envol

Depuis 2022, cette association, soutenue par la Fondation du Nord, accompagne des femmes en situation de vulnérabilité, avec pour objectif de leur redonner confiance et autonomie. Rencontre avec Charlotte Mormentyn, la présidente.

Comment est née l'association ?

Charlotte Mormentyn : Pendant 23 ans, j’ai été Directrice des Ressources Humaines d’un groupe industriel. Puis à un moment plus complexe de ma vie, j’ai eu besoin d’un projet porteur de sens.

Il me semblait important d’aider les femmes qui n’avaient pas les clés pour se sortir d’une mauvaise passe, quelle que soit leur histoire. En parallèle, j’ai constaté qu’il y avait ce besoin de reconnecter les différents acteurs du territoire, de créer des liens entre les personnes qui veulent s’impliquer, celles qui ont besoin d’aide, et les employeurs qui recherchent de nouvelles collaboratrices.

Je me suis formée, j’ai expérimenté, puis j’ai su capter les bonnes personnes. J’ai été accompagnée aussi, et très vite À portée d’elles a su convaincre. Il y a un vrai besoin dans le Valenciennois, mais notre modèle est universel, il peut s’exporter partout !

illustration
Charlotte Mormentyn, présidente de l'association À portée d'elles

À qui s’adresse-t-elle ?

C.M. : L’association s’adresse aux femmes en situation de vulnérabilité, qui ont vécu un ou plusieurs accidents de la vie. Maladie, précarité, séparation, violences… La gestion des émotions peut parfois bloquer un parcours. Ici, nous les accueillons quand elles sont coincées dans leur vie, mais pas en situation d’urgence car cela nécessite d’autres formes d’aides.

40% arrivent ici par cooptation, et les autres candidates par prescription, grâce à nos partenaires du monde social, médical ou de France travail. Nos promotions comportent des profils variés, complémentaires. Des femmes sont issues de toutes les catégories socio-professionnelles. Toutes leurs histoires sont riches en compétences et en expériences, c’est ce qu’on essaye de révéler et de valoriser, pour leur redonner force et autonomie, jusqu’à leur envol... D’où le nom qu’on leur donne : "les hirondelles", qui est tout de même plus joli que "bénéficiaires" ou "usagères" !

Comment se passe un parcours d’hirondelle ?

C.M. : On ne peut pas décorréler les problèmes personnels des problèmes professionnels, les deux sont forcément liés. C’est pourquoi notre association apporte de multiples réponses, tant sur l’estime de soi, la santé que sur le coaching professionnel.

Avant d’entamer un parcours, nous nous entretenons d’abord avec les candidates par téléphone. Puis il y a une réunion d’information, pour bien expliquer la nécessité de s’engager sur plusieurs mois, mais aussi pour échanger avec d’anciennes hirondelles. C’est une étape importante pour établir une confiance mutuelle, rassurer, et révéler le groupe. En fait, tout le monde grandit dans cette aventure !

Ensuite le parcours se met en place, il dure 9 mois. Les hirondelles sont une dizaine par promotion. Chacune bénéficie d’une marraine (ou parrain) et d’un coach. Elles commencent par répondre à un questionnaire détaillé, pour mieux repérer les risques qu’elles encourent et les aider à y faire face. Puis elles suivent des ateliers avec différents thérapeutes, échangent régulièrement avec notre coordinatrice, participent à des groupes de parole et d’entraide.

Ce n’est pas un parcours d’assistanat, mais une chaîne de solidarité. Le groupe a une belle dynamique. Ici on rompt avec l’isolement, chaque promo est très soudée, les anciennes peuvent aussi contribuer à leur tour. L’idée est que le parcours serve ces femmes sur le long terme, les sorte de leur vulnérabilité et les remette sur le chemin professionnel, fortes d’un nouvel élan.

Nous les suivons aussi après leur envol, et évaluons constamment notre action, pour mieux la faire évoluer.

Qui sont les parrains et marraines ?

C.M. : Au tout début, ils venaient de mon réseau. Désormais, ils viennent de tous les environnements. Ce sont des hommes ou femmes qui ont envie d’aider, d’apporter leur connaissance, savoir-faire ou expertise et de les mettre à profit des hirondelles. Nous établissons une sélection bien entendu, pour créer au mieux des synergies, puis nous les formons. Nous sommes une petite académie en quelque sorte ! Les bénévoles se renouvellent à 70% entre les promos, cela crée aussi une dynamique intéressante.

Quels projets pour À portée d'elles ?

C.M. : Nous allons accueillir notre 7e promotion d’ici quelques jours. Depuis les débuts de l’association, nous avons aidé près de 70 femmes dans le Valenciennois. Notre ambition est désormais d’exporter notre action, pour en aider encore plus. "À portée d’elles" souhaiterait d’abord essaimer en Métropole lilloise, en mars prochain si tout va bien. Et comme notre modèle peut être dupliqué, j’espère qu’on nous trouvera ensuite en région parisienne, puis ailleurs en France… Mon rôle est aussi de trouver d’autres points d’ancrage, des partenaires solides, et le nerf de la guerre, des financeurs pour nous soutenir. Mais j’ai confiance, quand on s’allie, on est plus fort !

Le soutien de la Fondation du Nord

Depuis sa création, la Fondation du Nord soutient des initiatives pour l’inclusion des personnes les plus fragiles. Elle associe l’expertise du Département en matière de solidarité et l’esprit d’entreprendre de la sphère économique pour faire émerger des projets innovants dans les territoires. Entre autres projets, elle soutient l'association "À portée d'elles".

Crédits photo : Isabelle Dalle

Pour aller plus loin