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11 janvier 2023

Wormhout : une piscine chauffée aux anas de lin

Parce que la Flandre est le territoire des teilleurs de lin, parce que la Communauté de communes des Hauts de Flandre cherchait une solution énergétique innovante pour réduire ses coûts de fonctionnement… l’idée folle de chauffer son centre aquatique au lin a germé. Et ça marche !

Un centre aquatique chauffé à température ambiante toute l’année grâce à une matière première naturelle collectée à moins de 20 kms… C’est une petite révolution ! Dans le contexte ambiant de crise énergétique, la Communauté de communes des Hauts de Flandre (CCHF) a fait le pari de chauffer ses équipements intercommunaux autrement, dans une optique de maîtrise des coûts et de préservation de l’environnement.

27° degrés dans le bassin de nage et 30° dans le bassin ludique : des températures dignes de n’importe quelle piscine… à cela près que c’est une chaufferie alimentée par des déchets de lin qui fait le travail ! Des « anas » plus particulièrement, issus de la tige du lin. Un déchet qui, jusqu’à présent, servait de litière pour animaux, à un prix très concurrentiel.

Une énergie locale, pas chère et efficace !

Cette chaufferie au lin, c’est toute une histoire ! raconte André Figoureux, président de la Communauté de communes des Hauts de Flandre. Au départ, nous avions pensé à la méthanisation et puis en discutant avec des teilleurs de lin locaux, nous nous sommes rendus compte que le potentiel du lin n’était pas suffisamment exploité. À force de réflexions, nous sommes arrivés à construire ce beau projet. Il a fallu ensuite convaincre les élus de se lancer dans ce pari innovant, puis trouver un exploitant pour faire tourner la chaufferie.

De fil en aiguille, le projet a été monté en collaboration avec ENGIE, dans un partenariat gagnant-gagnant. Après un an de mise en service, les résultats sont très bons précise Yvan Bomble, ingénieur outils méthodes à Engie Solutions. Cette chaufferie est notre 3e du genre en France. On est les seuls à savoir exploiter les anas de lin. Le lin est une énergie qui fonctionne bien, au prix concurrentiel et aux frais de fonctionnement moindres par rapport au gaz.

Financée par l’ADEME, le FEDER et par l’État, cette chaufferie de 3 millions d’euros fait aujourd’hui le bonheur de la CCHF. Se chauffer en circuit court grâce à une ressource locale, c’est une aubaine aujourd’hui, même si nous avions déjà lancé l’idée bien avant la crise énergétique confie André Figoureux.

Un plan B et de belles perspectives

Pour pouvoir approvisionner toute l’année les deux gros silos de 800 tonnes et chauffer le centre aquatique sans interruption, une convention a été signée avec six teilleurs de lin locaux. Et si un jour il venait à manquer de lin pour des raisons climatiques, par exemple, la chaufferie a été conçue pour fonctionner aussi avec des plaquettes de bois.

Et ce n'est pas tout ! La CCHF a également créé un réseau de chaleur pour chauffer l’EHPAD et le groupe scolaire voisins, et réfléchit aussi au chauffage des bâtiments communaux qui vont être requalifiés.

Quand on sait que la production d'anas de lin de ces teilleurs est de 50 000 tonnes par an, les 787 tonnes consommées pour cette chaudière ne sont pas prêtes d'épuiser le potentiel de production !

Crédits photo : Cédric Arnould

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