Culture | Cambrésis
9 février 2022

Une nouvelle jeunesse pour 17 œuvres du musée Matisse

Au musée départemental Matisse, au Cateau-Cambrésis, cinq restauratrices offrent en ce moment même une deuxième vie à plusieurs œuvres de la prestigieuse collection... mais pas seulement. Rencontre avec l'une d'elles, Vélia Dahan.

Comment prend-on la décision de restaurer une œuvre ?

Vélia Dahan : Je travaille sur les œuvres du musée depuis 2012. Mais pour cette campagne de restauration précisément, tout a débuté en 2018 avec une étude des peintures de la collection, où nous avons ciblé les priorités en matière de restauration. Après une évaluation de l’état de conservation, nous avons fait nos préconisations. Et les plus urgentes ont été réalisées en premier. Aujourd'hui nous travaillons sur 17 peintures, des rénovations majoritairement financées par le Département.

J’ai ensuite constitué une équipe pour répondre de la façon la plus étayée possible. Nous sommes aujourd’hui cinq à intervenir, avec des spécialités complémentaires. Être plusieurs nous permet de manipuler plus facilement les grands formats mais aussi d’avoir du recul sur les interventions à envisager. 

En quoi consiste concrètement la restauration ?

V.D. : Pour faire simple, c’est une remise en état. La cause de la restauration peut être due à la poussière ou à un encrassement. Parfois un ancien rentoilage (ndlr : une toile supplémentaire à l’arrière de la peinture pour consolider l’œuvre fragilisée) peut également se décoller, créant des cloques. En règle générale, nous essayons d’ajouter le minimum de matière.

  • 1/2 - Anne Perrin vient d'ôter l'encadrement pour se concentrer sur la toile.
  • 2/2 - Florence Douxami choisit le pinceau idéal pour mastiquer une petite zone de la peinture.

Les méthodes ont-elles évolué au fil des ans ?

V.D. : Les matériaux évoluent, oui. Mais les restaurations des œuvres du musée Matisse datent majoritairement des années 1980 et 1990, où les restaurateurs appliquaient déjà la même philosophie, à savoir être les moins interventionnistes possible.  

Les tableaux sont-ils les seuls objets restaurés ?

V.D. : Pas du tout ! Nous révisons également les encadrements. Nous les nettoyons et les refixons. Nous changeons parfois le Plexiglas de protection pour le remplacer par un matériau anti-UV et anti-reflets. Car quand les encadrements sont en mauvais état, le visiteur le remarque, y compris pour les œuvres majeures.

Des œuvres d’exception dans un cadre lui aussi d’exception…

V.D. : Absolument ! Le musée Matisse est très agréable, de par ses dimensions, très humaines, mais aussi grâce à ses collections fabuleuses. Nous travaillons dans les réserves les jours d’ouverture au public, mais aussi dans les salles lorsque le musée est fermé. Nous sommes bien conscientes de notre chance d’évoluer parmi ces œuvres avec autant de promiscuité… C’est un des plaisirs de notre métier. 

Une opération rendue possible grâce au mécénat

La Fondation d'entreprise Crédit Agricole Nord de France a apporté son soutien au musée en finançant la restauration de 14 tableaux d'Henri Matisse appartenant aux collections, pour un montant de 20 000 euros, soit près de la moitié de l'opération qui s'élève à 42 600 euros.

Crédits photo : Département du Nord - Dominique Lampla

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