Culture | Cambrésis
9 décembre 2020
Mieux connaître Matisse à travers cinq objets
En attendant la réouverture des portes du Musée départemental Matisse, nous vous proposons une immersion dans l'univers du monstre sacré de la peinture française à travers cinq objets insolites lui ayant appartenu.
Sa palette
Si un objet est bel et bien attribué au peintre, c’est la palette. Et la façon dont les couleurs sont choisies, mais aussi réparties sur cette planche de bois en disent long sur Matisse et sur son art. Il utilisait au moins deux palettes conservées aux musées Matisse du Cateau-Cambrésis et de Nice. Mais c’est avec celle-ci qu’il a peint son autoportrait plusieurs fois en étalant ses 18 couleurs de référence. Il utilisera également d’autres supports en guise de palette, telle qu’une assiette de table.
Son chapeau
Matisse naît à une époque où tout le monde porte un couvre-chef : la femme dès qu’elle est mariée, la jeune fille pour ne pas altérer son teint clair. Les garçons des villes portent la casquette, tandis que les gens importants préfèrent le haut-de-forme. Jamais Henri Matisse ne sortait au jardin sans son chapeau de paille… car il était roux et craignait énormément le soleil. Un comble pour cet homme qui s’est définitivement installé dans le Sud en 1929. La lumière y était si belle…
C’est le milieu qui crée l’objet. C’est ainsi que j’ai travaillé toute ma vie devant les mêmes objets qui me donnaient la force de la réalité en engageant mon esprit vers tout ce que ces objets avaient traversé pour moi et avec moi.
Son châle à motif cachemire
Quand Henri Matisse voit le jour, Bohain est à l’apogée de la fabrication de ces merveilleux châles de cachemire, superbes par leur créativité et par la richesse de leur composition mêlant la laine et la soie. Le peintre se souviendra toujours de cette vitalité artisanale et c’est surtout le luxe des châles qui s’inscrit le plus nettement dans sa mémoire. C’est en ces termes qu’à la fin de sa vie, Matisse évoque le pays de son enfance : Jadis, on faisait à Bohain des châles des Indes tissés. C’était l’époque où les femmes portaient, comme dans les vieux tableaux flamands, des châles sur le dos, fond noir, ornés de palmettes rouges et bordés de franges.
Un manteau chinois
Tout au long de sa vie, Henri Matisse collectionne les étoffes et les vêtements en provenance du monde entier parmi lesquels ce manteau, réalisé vers la fin du 19ème siècle. On le retrouvera dans de nombreux dessins et tableaux exécutés entre 1944 et 1946, notamment dans "Jeune femme à la pelisse sur fond rouge" exposé au musée Matisse. Le modèle y est vêtu d’une robe du même blanc que la fourrure dont la splendeur donne une sensation de grand raffinement et faisait dire à Louis Aragon qu’il s’agissait du comble de luxe matissien
. Matisse aimait dire que ce manteau était fait avec la fourrure d’un tigre des neiges pour détourner ainsi la peau de chèvre en fourrure de rêve...
Un tapa océanien
Lorsqu’en 1930, Henri Matisse séjourne à Tahiti, il déniche des tapas, à savoir des étoffes végétales obtenues par la technique de l'écorce battue. L’exemplaire conservé au musée Matisse est orné de motifs géométriques de trois couleurs d’origine naturelle : noir, ocre et le brun de l’écorce. Dans un quadrillage, deux motifs s’alternent : une croix et un ovale aux extrémités pointues. Ce tapa, d’apparence abstraite est en fait une scène de pêche où les formes oblongues sont des poissons et les croix sont des oiseaux! Ce sont ces tapas qui l’inspireront notamment pour les vitraux de la Chapelle du Rosaire de Vence, édifice qu’il considère être son chef-d’œuvre.
Crédits photo : En ouverture, Département du Nord, D. Lampla / Photos des objets : Musée départemental Matisse, Philip Bernard.