Écrite le 11 avril 1978, cette lettre illustre le lien intime qui reliait la première femme élue à l’Académie française au Nord, au Mont-Noir en particulier où elle a passé une partie de son enfance. Reconnaissante pour l’envoi de documents historiques oubliés qui l’ont aidée à reconstituer les petites et grandes heures des Cleenewerck de Crayencour, ses ancêtres flamands, elle fait entrer l’établissement du 22, rue Saint-Bernard, à Lille, dans l’histoire littéraire, en donnant le nom de celui-ci au deuxième volume de ses chroniques familiales, Archives du Nord (1977) qui connaît un succès retentissant et sera traduit dans de nombreuses langues.

Cette missive, rédigée par un grand écrivain, est également un éloge sensible de ce musée d’émotions humaines que sont, selon l’autrice de Mémoires d’Hadrien (1951) et de L’Œuvre au Noir (1968), les archives et les bibliothèques, ces lieux habités par tant d’ombres. Quelle vie persiste encore dans le moindre papier d’autrefois !, ajoute l'écrivain. 

Outre les échanges épistolaires entre Marguerite Yourcenar et les Archives départementales du Nord, celles-ci possèdent un ensemble de manuscrits, correspondances, dessins, éditions originales, livres d’artistes…d’une richesse exceptionnelle : il s’agit du fonds Bernier-Yourcenar dont plusieurs pièces sont visibles dans l’exposition virtuelle Marguerite Yourcenar, ses lectures, ses lecteurs, accessible en ligne dans le cadre du festival Résonances, organisé en partenariat avec le Réseau des maisons d’écrivain et patrimoines littéraires des Hauts-de-France.