Culture | Cambrésis
11 mai 2021
Un jour, une œuvre : les vitraux de l'abbaye de Vaucelles
Cette semaine, nous posons notre regard sur les vitraux contemporains de l’abbaye de Vaucelles qui illuminent les salles du 12ème siècle. Focus sur le maître-verrier et sculpteur Gérard Lardeur.
Formé à l’école nationale des arts décoratifs et à l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Gérard Lardeur (1931- 2002) travaille rapidement dans l’atelier de son père, Raphaël, maître-verrier originaire de Neuville-sur-Escaut. Ce dernier loue un atelier rue du Cherche-Midi où sont installés depuis l’après-guerre de nombreux artistes et artisans.
Gérard Lardeur se définit comme un sculpteur de lumière : J’entends par sculpture ce qui se dit par la transformation d’un matériau, et vitrail ce qui se dit par l’utilisation d’un matériau écran. […] Dans les deux cas, la finalité est une transparence absolue.
Les vitraux qu’il crée sont pour lui un travail d’art sacré. Son intérêt pour la théologie, qu’il étudie seul par ses lectures, et son respect absolu des lieux où il intervient lui valent de très nombreuses commandes de vitraux pour des églises (dont la cathédrale de Cambrai ou la chapelle Saint-Julien).
Pour lui, l’art est de fondre la lumière dans le caractère profond d’une architecture
. Toute sa vie, il dessine. Ses vitraux naissent d’abord sous sa plume. Le verre soufflé ne permettant pas de grandes surfaces vitrées, il utilise de petits fragments et recherche rarement de grands morceaux. Ces contraintes sont sa signature. Il peut toutefois intégrer des glaces armées et du verre industriel, comme à Vaucelles.
Suivant le rythme des restaurations entreprises par les époux Lagoutte, alors propriétaires de l’abbaye, Gérard Lardeur intervient à trois reprises sur une vingtaine d’années : en 1975 dans le parloir, en 1977 dans la salle capitulaire et en 1989 dans la salle des moines.
La salle des moines est un exemple caractéristique de son œuvre. Le maître-verrier profite des trois baies pour jouer sur la progression de la lumière, matérialisée par une sphère mouvante. Le choix de la qualité des verres, très peu colorés, et de leurs tailles prolonge le dialogue avec la nature transparaissant au-delà des vitraux. Les couleurs viennent alors du jardin. Le mélange entre le verre et la glace fait que le spectateur, par son propre déplacement, alterne le transparent et le translucide
, écrit-il dans sa note d’intention. Les glaces armées, moins transparentes que les verres, créent cet effet de resserrement.
Crédits photo : Département du Nord