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14 mars 2021
Un jour, une œuvre : Là où les chiens aboient par la queue
La Villa Marguerite Yourcenar nous présente cette semaine le premier roman de l'écrivaine en résidence Estelle-Sarah Bulle. Une invitation à la découverte de l'histoire de la Guadeloupe à travers sa jeunesse, un récit puissant et émouvant.
Dans le créole guadeloupéen,
l’expression Là où les chiens aboient par la queue
évoque un
trou perdu, éloigné de tout. C’est là, dans ce
désert du bout du bourg
qu'à partir de 1947, commence le récit de
cette saga familiale, racontée par la narratrice depuis sa banlieue parisienne.
Dans ce premier roman chatoyant, puissant, et politique, Estelle Sarah Bulle nous emmène explorer les destins de toute une génération d’Antillais pris entre deux mondes.
À travers la voix d’Antoine, une femme pleine de faconde et d’audace, de ses frères, de sa nièce, c’est l’histoire mal connue de la Guadeloupe qui se dévoile. On traverse les émeutes de 1967 et la répression de cette jeunesse antillaise en colère. Les personnages sont des émigrés de l’intérieur et les mots "outre-mer / hexagone" prennent ici tout leur sens.
Estelle-Sarah Bulle s’inspire de son vécu et de celui d’une partie de sa famille qui a quitté la Guadeloupe pour la métropole. Ce premier roman, qui mêle autobiographie et fiction, a été particulièrement salué par la critique et a reçu de nombreux prix en 2018.
Entre désillusions et espérances, chacun vit son exil, sa nouvelle vie à sa façon. Le chant choral, les bouts d’enfances, les déambulations dans Pointe-à-Pitre, la musique créole... tout nous attache aux personnages et à cette part de notre histoire de France. Loin d’être triste, ce roman est fort en émotions !
Crédits photo : Julien Falsimagne / Leextra / Editions Liana Levi