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1 février 2021

Trois nouvelles acquisitions au musée de Flandre

Sandrine Vézilier-Dussart est quotidiennement à l'affût des œuvres qui pourraient enrichir les collections du musée qu'elle dirige. Découvrez avec elle les trois dernières acquisitions de cette institution culturelle qui a fêté ses 10 ans récemment.

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Singes mimant des gardes, Abraham TENIERS (Anvers, 1629-1670), Vers 1660-1670, Huile sur bois / 24,5 x 34,3 cm

Sous le vocable de « singerie » sont regroupées les œuvres mettant en scène des singes déguisés personnifiant l’homme. Cette représentation apparaît dans l’art flamand au milieu du XVIe siècle essentiellement par le prisme de la gravure puis renaît au début du XVIIe siècle grâce à des peintres comme Frans II Francken et Jan Brueghel.

En 1633, David II Teniers (1610-1690) réinterprète le genre avec des singes festoyant dans un campement militaire. Son frère cadet, Abraham (1629-1670), collabore au sein de l’atelier à la réalisation de tels sujets. La production prolixe de David II Teniers, sa notoriété mais également une sensibilité artistique partagée ont semé la confusion entre les deux peintres et ont occulté la carrière d’Abraham dont plusieurs œuvres ont été attribuées à tort à son frère aîné.

C’est le cas de ce tableau pourtant signé en bas à gauche « A. Teniers » (mais le A était en dessous du cadre). Vêtus de tenues militaires et armés, des singes, visiblement membres d’une milice urbaine, s’activent à un simple exercice routinier. Ce sujet peu courant trouve un écho dans la biographie de l’artiste. En effet, Abraham Teniers a été capitaine de la milice civile d’Anvers qui regroupait essentiellement des bourgeois et des notables.

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Nature morte avec bouquet d’œillets, Alexander ADRIAENSSEN (Anvers, 1587-1661), Vers 1623-1661, Huile sur bois / 41,5 x 57,4 cm

Alexander Adriaenssen (1587-1661) est un peintre flamand du XVIIe siècle spécialisé dans les natures mortes et, notamment, la représentation dite « des tables mises » à la composition très épurée et à la palette sobre.

Il se démarque par ses scènes intimistes dans lesquelles quelques poissons ou oiseaux morts sont disposés sur une table rudimentaire avec un fond sombre quasi uniforme. On lui connait quelques bouquets de fleurs identifiables par une facture très raffinée.

Cette huile sur bois conjugue un bouquet d’œillets et un trophée d’oiseaux, combinaison un peu moins fréquente dans le corpus du peintre dont la production fut très abondante. La subtilité se lit dans d’autres prouesses comme la transparence du vase qui donne à voir sur les tiges des fleurs ou les quelques gouttelettes d’eau qui stagnent sur le plateau de la table. Ce sont des moments suspendus : bientôt la goutte éclatera, le bouquet se fanera et les insectes (papillons, libellules, mouches ou escargots) disparaitront. Une manière de signifier la finitude de l’homme.

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La Visite de saint Paul à saint Antoine, David II TENIERS (Anvers, 1610 - Bruxelles, 1690), Huile sur toile 84,5 x118,5 cm. Œuvre signée par l’artiste.

David II Teniers (1610-1690) est essentiellement connu pour ses scènes de genre dans lesquelles les paysans au faciès assez grossier, ripaillent et dansent. Dans ce tableau, il prend le prétexte de l’histoire de saint Antoine pour plonger le spectateur dans un décor naturel complètement imaginaire et fantasmé.

L’ermite saint Antoine retiré sur le mont Qolzum en Thébaïde décide, à la suite d’un songe, de partir à la recherche de saint Paul, lui aussi anachorète. Guidé par un centaure et un satyre, il parvient à atteindre la grotte de saint Paul, complètement retirée du monde. Paul lui explique alors que depuis soixante ans un corbeau lui apporte chaque jour la moitié d’un pain. Le jour de la rencontre entre saint Antoine et saint Paul, c’est un pain entier qu’il rapporte.

Le tableau est composé d’une grotte (à gauche), lieu de recueillement par excellence et d’un vaste paysage (à droite) avec au sommet de la montagne, un village. Pour évoquer la vie de reclus des ermites comme saint Antoine ou saint Jérôme, le peintre a recours à un paysage qui est marqué par des espaces contrastés et modelés par des effets de lumière plus ou moins subtils.

Crédits photo : © Département du Nord, C. Arnould

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