Environnement
8 août 2024

Soyez incollables sur les espèces aquatiques du Nord !

Une vie grouille tout près de vous, dans les mares, les étangs, les cours d'eau. Une vie aussi riche que variée et très utile à tout l'écosystème. Cette année plus qu'une autre, nous vous invitons à découvrir ces insectes, plantes et insectes aquatiques du Nord à l'occasion des Rendez-vous Nature.

Étangs, marais, mares, tourbières…:  les zones humides sont autant d’écosystèmes fragiles qui abritent de nombreuses espèces animales et végétales. Des pannes dunaires de Flandre aux prairies de l’Avesnois en passant par les roselières de la grande tourbière de Marchiennes ou les marais de la Marque, ces écosystèmes sont de véritables éponges. Ils contribuent à absorber les fortes pluies, et à restituer l’eau en période de sécheresse. Ce sont également de précieux îlots de fraîcheur pendant les canicules.

Cette année, pour leur 25 ans, les Rendez-vous Nature mettent à l'honneur les zones humides et les espèces aquatiques qu'elles renferment à l'occasion d'animations spécifiques qui vous permettront de mieux les connaître !

L'anax empereur

L'anax empereur est l'une des plus grandes espèces de libellules en Europe, allant jusqu'à 11 centimètres d'envergure. On la reconnaît facilement à son thorax vert, son abdomen gris-vert chez la femelle et bleu vif chez le mâle. Toujours en mouvement autour des points d'eau, elle peut atteindre une vitesse de 58 km/h pour chasser ou en cas de danger.

Le saviez-vous ?

Les mâles sont très territoriaux et se livrent à de tels combats qu'il peut vous arriver de tomber sur des individus n'ayant plus que la moitié de leurs ailes ! Ils patrouillent sans cesse les alentours des points d'eau pour chasser les rivaux qui osent s'approcher. C'est une espèce prédatrice, qui chasse en vol : papillons, mouches, coccinelles… Pour pondre, la femelle se pose sur des plantes aquatiques. Les œufs éclosent au bout de 3 à 6 semaines. La survie de cette espèce dépend du maintien des zones humides avec une bonne qualité de l'eau et la présence de plantes aquatiques.

Où rencontrer cette espèce ?

L'anax empereur apprécie tous les milieux stagnants entourés de végétation : étangs, bras morts, etc. Elle est notamment présente sur la Réserve Naturelle Nationale de la Dune Marchand à Zuydcoote.

Le martin-pêcheur

Cet oiseau aux couleurs vives est un pêcheur agile qui se nourrit de poissons et d'insectes. Il est connu pour son vol rapide au-dessus des plans d'eau et son chant distinctif. Son habitat préféré est les zones humides où il creuse des terriers dans les berges pour nicher. Sa présence est un indicateur de l'équilibre écologique et de la richesse de la biodiversité aquatique.

Le saviez-vous ?

On entend le martin-pêcheur plus qu'on ne le voit. C'est en général à son cri perçant qu'on est averti de sa présence. Malgré son apparence délicate, il peut plonger sous l'eau à une vitesse de 40 km/h pour attraper ses proies. Sa rapidité a survoler un étang lui a valu son nom de « flèche bleue ».  Sa vision extraordinaire lui permet de repérer les poissons sous la surface, et son bec pointu de les saisir avec une précision incroyable. Il est aussi l'un des rares oiseaux à pouvoir voir les ultraviolets, utile pour détecter les traces d'urine de poissons dans l'eau. Ce petit oiseau est vraiment une merveille de la nature adaptée à la pêche en eau douce !

Où rencontrer cette espèce ?

On peut l'observer sur de nombreux espaces naturels du Nord, notamment sur le Grand marais à Bouchain.

Le crapaud calamite

Le calamite est un petit crapaud trapu, un peu plus petit que le crapaud commun avec des pattes antérieures plus courtes. Sa peau revêt une couleur brun-gris pâle marbrée de vert kaki, rehaussée parfois de verrues piquetées de rouge. Son dos est traversé par une ligne jaune partant de la pointe du museau jusqu’à son postérieur. L’iris de ses yeux est jaune à vert brillant, marbrés de noir, ce qui lui donne un regard irrésistible. C’est un charmant petit batracien haut en couleurs que l’on ne regarde qu’avec les yeux : n’oublions pas qu’à l’instar de ses congénères, il sécrète lui aussi du venin pour se défendre.

Le saviez-vous ?

C’est le seul crapaud qui ne saute pas, il court ! Il est d’ailleurs presque aussi agile et rapide qu’une souris. Son sac vocal lui permet d’effectuer un chant puissant qui peut être entendu sur un rayon de plusieurs centaines de mètres pour attirer les crapaudes : et non, la grenouille n’est pas la femelle du crapaud même s’il leur arrive parfois de se tromper eux-mêmes…

Au moyen-âge, en particulier à cause de son lien avec la magie, il devient un des animaux du diable et le compagnon inséparable de la sorcière. Jusqu'à la fin du 19e siècle, il reste un animal détesté ! Aujourd’hui, le crapaud calamite est une espèce protégée en France, et son habitat l’est également.

rencontrer cette espèce ?

Il vit dans les milieux sablonneux à végétation rase comme les landes ou les dunes mais aussi sur nos terrils. Il est présent notamment sur la Dune du Perroquet à Bray-Dunes.

Le saule tétard

Le saule têtard possède des feuilles allongées avec le dessous blanchâtre. C’est un saule blanc qui peut atteindre 12 à 15 mètres de haut. La taille en têtard a de très grands avantages pour la faune et la flore. C’est à lui seul un réservoir de biodiversité, où vivent des espèces comme la chouette chevêche ou le pic. Il est parfaitement adapté aux cours d’eau, mais on peut aussi le voir le long des routes ou dans les prairies. Cette espèce apprécie les sols pauvres, mais a besoin de milieux frais et humides pour mieux se développer. Il est très présent sur presque tout le territoire où il imprime fortement le paysage.

Le saviez-vous ?                                                                                                           

La taille en têtard est un terme utilisé pour désigner un arbre taillé périodiquement en hiver, à des hauteurs qui varient entre 2 et 3 mètres. Au fur et à mesure des coupes, la tête de l’arbre s’élargit, ce qui lui donne l’aspect d’un « têtard ». En France, on parle aussi de « trogne ». Le bois du saule têtard était essentiellement utilisé pour le bois de chauffage ou pour créer des haies végétales.

Le saule a longtemps été associé à la guérison, notamment parce qu’il possède une écorce « fantastique ». Son écorce contient un composé organique appelé salicine, qui a été utilisée tout au long de l’histoire pour soulager les douleurs et les inflammations, conduisant à la création d'un médicament que nous connaissons tous : l'aspirine.

Où rencontrer cette espèce ?                                                                              

On le retrouve sur toutes les zones humides du département, notamment sur le site de nature d’Amaury à Hergnies, dans le Valenciennois.

La loche d'étang

Ce poisson nocturne vit essentiellement dans des zones peu profondes au fond vaseux comme les marais ou les fossés. Il possède un corps d’anguille de couleur brun verdâtre moucheté avec des bandes sombres et un ventre jaune. Sa bouche est entourée de dix barbillons qui lui permettent de naviguer efficacement dans son environnement et de trouver de la nourriture en fouillant le fond de l’eau à la recherche de mollusques, vers ou larves d’insectes. C’est la plus grande des trois espèces de Loches de France, elle peut faire entre 15 et 30 centimètres. Elle peut survivre à de longues périodes d’assèchement de son milieu en s’enfouissant dans la vase, jusqu’à 50 centimètres de profondeur, pendant plusieurs mois. Bien qu’elle ne présente pas d’intérêt pour les pêcheurs, elle est classée parmi les espèces en danger suite à la dégradation de son habitat et à la pollution de l’eau.

Le saviez-vous ?

En anglais, la loche d’étang est appelée "weatherfish" : le poisson météo. Véritable baromètre, elle est sensible aux variations de pression atmosphérique et se montre très agitée à l’approche des orages.

Où rencontrer cette espèce ?

Elle aime les eaux stagnantes comme les tourbières, les mares ou les bras morts. Elle est présente sur Les Prés de Leval.

Le murin des marais

Cette espèce de chauve-souris mesure environ 6 cm avec de très grands pieds ! Son envergure est de 20 à 32 centimètres et son poids varie entre 13 et 20 grammes. Son pelage dorsal est brun à gris-blanc contrastant avec le ventre blanchâtre. Nocturne, le murin des marais sort tardivement de son gîte : environ 45 minutes après le coucher du soleil et y rentre environ 45 minutes avant le lever du jour. Hors période d'allaitement, les femelles passent toute la nuit dehors. Cette espèce chasse sur de grandes étendues d'eau : lacs, canaux, fleuves, dans un rayon de 10 kilomètres autour de son gîte diurne. Comme toutes les espèces de chauves-souris, c’est un insecticide redoutable, capable de capturer l’équivalent de son poids en moustique, en une seule nuit !

Le saviez-vous ?

Le murin des marais affectionne particulièrement les zones humides pour chasser. Il capture des insectes posés à la surface de l'eau grâce à ses grands pieds. Le murin des marais est uniquement présent dans le Nord et le Pas-de-Calais, ce qui en fait la chauve-souris la plus rare de France. La totalité des sites d’hibernation français se trouve sur le territoire du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale.

Où rencontrer cette espèce ?

On peut le rencontrer sur le site des Grands marais de la Fosse Saint Pierre à Condé-sur-L’Escaut.

Le vertigo moulinsiana

Ce très petit escargot se trouve dans les milieux humides calcaires. Il est protégé à l’échelle européenne du fait de son déclin. Appartenant à la famille des vertiginidae, c’est une espèce que l’on retrouve seulement en Europe. Ce petit gastéropode est muni d’une coquille triangulaire, possédant 5 tours de spires d’un jaunâtre magnifique, ce qui est utile pour se camoufler, même s’il n’en trouve pas vraiment l’utilité compte-tenu de sa petite taille.

Le saviez-vous ?

C’est une espèce encore mal connue en France, en raison de sa petite taille, le vertigo moulinsiana. On le rencontre difficilement sur les zones humides gorgées d'eau douce. C’est l’un des plus petits escargots d’Europe, il mesure seulement 2,5 millimètres de haut pour 1,5 millimètres de diamètre. Il paraît minuscule comparé aux escargots que l’on peut voir dans nos jardins, qui font le triple de sa taille. L’adulte ne possède que 2 tentacules sur le haut de sa tête au lieu de quatre en général chez les escargots. En étant très attentif, on le trouve généralement sur des feuilles ou des tiges de plantes de marais, à environ 30-50 cm de hauteur.

Où rencontrer cette espèce ?

On peut découvrir cette espèce, à condition de regarder de près, sur l’espace naturel de la Grande Tourbière à Marchiennes.

L'aulne

L'aulne glutineux est un arbre originaire d'Europe et d'Asie de l'ouest pouvant atteindre une hauteur de 15 à 25 mètres. Il se distingue par son écorce lisse de couleur gris clair et ses feuilles dentées, de forme ovale et de couleur vert foncé. L'arbre est dioïque, ce qui signifie qu'il existe des individus mâles et femelles séparés.

Les fleurs de l'aulne glutineux sont petites, sans pétales et regroupées en chatons pendants. Les chatons mâles sont de couleur jaune, tandis que les chatons femelles sont plus courts et de couleur rougeâtre. La pollinisation est généralement assurée par le vent.

Le saviez-vous ?

Les feuilles de l'aulne glutineux sont collantes au toucher, d'où son nom "glutineux". Elles mesurent de 6 à 10 cm de long et sont de forme ovale avec une base en forme de cœur.

Les fruits de l'aulne sont de petits cônes appelés strobiles. Chaque fruit possède des graines équipées de flotteurs, pour une dispersion au bord des cours d’eau.

Cet arbre joue un grand rôle dans la stabilisation des sols dans les zones humides. En plus d’être un arbre dont le bois était souvent utilisé pour le chauffage, il est également apprécié pour sa capacité à fixer l'azote atmosphérique grâce à une symbiose avec des bactéries dans ses racines.

Où rencontrer cette espèce ?

Il pousse dans les zones humides, telles que les marais, au bord des rivières et des lacs. On le retrouve au Marais du grand clair à Paillencourt.

Le blongios nain

Le blongios nain est un oiseau fascinant qui évolue principalement dans les zones humides, les marais et les habitats aquatiques d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Ce petit échassier appartient à la famille des Ardeidae, la même que celle des hérons, bien que sa taille le distingue considérablement. Mesurant en moyenne entre 25 et 30 centimètres de long, le blongios nain est caractérisé par son plumage discret et ses habitudes de vie secrètes.

Son plumage, généralement brun, est finement strié de blanc, lui offrant un camouflage parfait au milieu des roseaux et des herbes aquatiques qui constituent son habitat naturel. Ce pêcheur habile et redoutable se nourrit de poissons, de grenouilles, d'insectes aquatiques ainsi que d'autres petits animaux aquatiques.

Le saviez-vous ?

La couleur brune striée de blanc du blongios nain est un exemple parfait d'adaptation au camouflage. Cela lui permet de se fondre dans son environnement, devenant pratiquement invisible aux yeux de ses proies et de ses prédateurs. Contrairement à de nombreux oiseaux, il est généralement silencieux. Son cri est un discret "coassement" émis principalement pendant la période de reproduction. Ces oiseaux sont maîtres dans l'art de la discrétion, même lors de la nidification. Ils construisent des nids bien dissimulés parmi les roseaux et les végétaux aquatiques, rendant leur localisation difficile. Le drainage des zones humides, le développement côtier et d'autres activités humaines menacent la survie du blongios nain en perturbant son habitat vital.

Où rencontrer cette espèce ?

Il est possible de rencontrer le blongios nain sur le site départemental de Chabaud Latour à Condé-sur-L’Escaut, survolant les roselières.

La perche commune

La perche a un corps allongé. Son dos verdâtre est rayé de 5 à 9 zébrures noires et ses nageoires inférieures sont bordées de rouge orangé. Elle possède une grande bouche dotée de petites dents. Une forte épine borde l’ouïe au niveau de l’œil.

La perche est essentiellement piscivore mais elle peut aussi se nourrir d’écrevisses ou de larves d’insectes. Les jeunes perches vivent en bande et chassent en encerclant les bancs de petits poissons blancs. On les repère facilement lors de leur chasse car on voit les proies bondirent hors de l’eau pour s’échapper tous dans la même direction.

Le saviez-vous ?

La perche a une capacité de camouflage impressionnante. Ses rayures verticales lui permettent de se fondre parfaitement dans son environnement, que ce soit parmi les herbes aquatiques ou les rochers. Cette adaptation rend la perche difficile à repérer pour ses proies potentielles et ses prédateurs. De plus, elle est dotée de lignes latérales sensibles qui permettent de détecter les vibrations dans l'eau. Cela l’aide à chasser ses proies, même dans des conditions de faible visibilité, comme la nuit ou dans les eaux turbides. La perche peut vivre relativement longtemps. En captivité, sa durée de vie pourrait aller jusqu'à 22 ans, tandis que dans la nature, elle est de 10 à 15 ans.

Où rencontrer cette espèce ?

On peut observer la perche commune ou repérer les jeunes lors d’une scène de chasse au Parc de l’Abbaye de Liessies.

Crédits photo : Laura Fleuet, Thierry Tancrez

Pour aller plus loin