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24 novembre 2023

SIDA, où en est-on ?

Si les traitements contre le SIDA ont fait de sérieux progrès dans le monde, le virus reste actif et la prévention toujours nécessaire. On a fait le point avec Mustapha Belgadi, responsable du Service Prévention Santé de Valenciennes, et avec le Dr Jacques Grebert.

Pour rappel, le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) s’attaque au système immunitaire de l’organisme. En l’absence de traitement, il le détruit progressivement. Si elles ne sont pas traitées, les personnes touchées n’ont presque plus de défenses immunitaires : c’est le stade appelé SIDA (Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise). Les malades peuvent développer des maladies graves comme des cancers, et le risque d’infection est très élevé. Grâce aux traitements, les personnes vivant avec le VIH gardent toutefois une bonne immunité.

Le VIH se transmet par les liquides corporels d’une personne infectée, notamment le sang, le lait maternel, le sperme et les sécrétions vaginales. On ne peut pas être infecté par les contacts tels qu’un baiser, une étreinte ou le partage de nourriture.

Un virus toujours actif

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), entre 33 et 46 millions de personnes dans le monde vivaient avec le virus du SIDA fin 2022. L’OMS, l’ONUSIDA et le Fonds mondial ont pour objectif de mettre fin à l’épidémie d’ici 2030.

En France, le nombre de découvertes de séropositivité VIH a été estimé à près de 5000 en 2021, nombre stable par rapport à 2020 (données Santé Publique France). Cette stabilité fait suite à une forte diminution entre 2019 et 2020. Des chiffres à analyser avec prudence, car ils font suite aux mois COVID avec une diminution globale des dépistages et une moindre exposition au virus liée à la distanciation sociale et à une baisse des flux migratoires, rappelle le Dr Grebert, médecin vacataire au Service Prévention Santé (SPS) de Valenciennes.

Plus localement, dans les Hauts-de-France, le taux moyen de découvertes de séropositivité VIH annoncé par Santé Publique France s’élève à 42 pour un million d’habitants en 2021, assez loin derrière l’Ile-de-France, qui affiche le taux le plus élevé de la métropole avec 157 pour un million.

Des traitements mais pas de vaccin

À l’heure actuelle, il n’existe pas de moyen de guérir l’infection à VIH. Mais le traitement antirétroviral (TAR), autrement connu sous le nom de « trithérapie », empêche le virus de se répliquer dans l’organisme, lui permettant ainsi de combattre d’autres infections.

La trithérapie a changé la donne. Les patients peuvent, pour la plupart, retrouver une vie sociale et sexuelle normales. La seule obligation est de prendre le traitement à vie, tous les jours, car le virus reste vivant même s'il ne se manifeste plus, grâce aux médicaments, précise le Dr Grebert. Les patients sous TAR qui ne présentent aucun signe du virus dans le sang ne le transmettent plus à leurs partenaires sexuels.

Pour les femmes enceintes qui ont contracté le virus, il est important d’avoir rapidement accès au TAR afin de protéger leur santé et prévenir la transmission du VIH au fœtus.

En 2020 dans les Hauts-de-France, 97,8 % des personnes séropositives au VIH bénéficiaient d’un traitement, et 91 % d’entre elles avaient une charge virale indétectable (données COREVIH Hauts-de-France)

Des traitements existent également pour les personnes séronégatives au VIH exposées à un risque de contamination. On parle de PrEP ou de PPE, soit "prophylaxie préexposition" ou "prophylaxie postexposition". Les deux protocoles nécessitent un entretien médical préalable : la PrEP se prend en continu ou occasionnellement, avant un contact à risque, la PPE se prend quant à elle dans les 72h qui suivent la contamination potentielle, pendant un mois, rappelle le Dr Grebert.

La recherche sur le vaccin reste très active, mais à ce jour, aucun essai n’est encore concluant. Le vaccin contre le SIDA reste un vrai défi pour les chercheurs, le VIH étant capable de muter très vite et de se dissimuler à l’intérieur des cellules qu’il infecte.

Prévenir pour ne pas avoir à guérir

En matière de prévention, on compte plusieurs moyens pour lutter contre la propagation du VIH : l'utilisation de préservatifs masculins ou féminins lors des rapports sexuels, l'utilisation systématique de seringues neuves pour les personnes qui se droguent, les dépistages (prélèvement sanguin, ou test rapide à confirmer si positif), le traitement préexposition, et le traitement postexposition en font partie.

Le SIDA est toujours là, se faire dépister est aussi l'occasion de rechercher d'autres Infection Sexuellement Transmissible lors de la prise de sang, explique le Dr Grebert.

Les Services Préventions Santé, et les Centres Gratuits d'Information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD) en particulier, travaillent en partenariat avec les acteurs santé de leur territoire, pour une plus grande efficacité en matière de prévention : Si un patient est dépisté positif au VIH, ou autre infection grave, nous ne le laissons pas tomber, nous l'orientons vers nos collègues de l'hôpital pour établir rapidement le protocole de soin, renchérit Mustapha Belgadi, responsable du Service Prévention Santé (SPS) de Valenciennes.

Il existe trois CeGIDD dans le Nord, associés à des antennes locales et des actions en extérieur. Les équipes sont essentiellement constituées de médecins, infirmiers, assistants sociaux, psychologues et sexologues. Dans les CeGIDD, on accueille gratuitement, sans jugement et de manière anonyme si la personne en fait la demande, explique le responsable du SPS de Valenciennes.

Vous pourrez y être reçu du lundi au vendredi selon le secteur, avec ou sans rendez-vous, pour :

  • des informations sur le SIDA, les Infections Sexuellement Transmissibles (IST)
  • des informations et conseils personnalisés sur toute question liée à la sexualité
  • un dépistage, voire un traitement, en fonction de votre prise de risques
  • une vaccination contre les Hépatites, le Papillomavirus…
  • une orientation vers le réseau de prise en charge spécialisée si nécessaire

Nous sommes là pour dépister, mais aussi pour parler intimité, accompagner les personnes, répondre à leurs questions et les rassurer, chez nous il n'y a pas de bien ou de mal, mais juste de la bienveillance.

Mustapha Belgadi, responsable du SPS de Valenciennes

Les professionnels de santé des SPS et des CeGIDD réalisent aussi des actions collectives, relatives à la vie affective et sexuelle, dans les établissements scolaires notamment. Et ils contribuent à la campagne de vaccination, comme en ce moment contre le Papillomavirus auprès des élèves de 5e. Enfin, les SPS participent régulièrement aux actions grand public de santé sexuelle de leur territoire.

Les CeGIDD au cœur de l'action

En 2022, 23892 consultations médicales ont été réalisées au sein des CeGIDD du Département (soit 10 292 personnes). 10 214 sérologies VIH y ont été effectuées, (dont 7 résultats positifs).

Dépistage, questions... qui contacter ?

Voici les principaux lieux d'accueil et d'écoute si vous avez des questions sur le VIH ou si vous souhaitez vous faire dépister :

Pour trouver le CeGIDD le plus proche de chez vous, consultez la carte :

En cas d'urgence, si vous pensez avoir été en contact avec le VIH depuis moins de 48h :

  • appelez Sida Info Service au +33 800 840 800 (appel confidentiel, anonyme et gratuit)
  • présentez-vous aux urgences de l'hôpital le plus proche de chez vous (carte ci-après)

Crédits photo : Istock

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