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8 juin 2023
"La vaccination contre le papillomavirus, c’est aussi pour les garçons"
Les papillomavirus sont responsables d’un nombre important de cancers. Des cancers, qui pour la plupart, pourraient être évités grâce à la vaccination. Explications avec Docteur Laetitia Randoux, médecin spécialiste au Service de Prévention Santé de Lille.
Qu'est-ce que le papillomavirus (HPV) ?
Laetitia Randoux : Le papillomavirus (HPV, ou Human Papillomavirus) est une famille de virus qui se transmet par la peau ou les muqueuses. Il est très fréquent, et on peut le croiser tout au long de sa vie, dès les premières relations sexuelles. Il en existe plus de 200 formes ; certaines d'entre elles peuvent entraîner des lésions bénignes, ou condylomes dites en crêtes de coq, mais d'autres sont plus dangereuses en créant des dysplasies, c'est à dire des lésions potentiellement cancéreuses, qui en l'absence de traitement, peuvent dégénérer en cancers. Le plus connu étant celui du col de l'utérus pour les femmes.
Pourquoi est-ce important de se faire vacciner ?
L.R. : On considère que 80 à 90 % des hommes et des femmes vont croiser un jour ou l'autre une forme du virus. En effet, comme il se transmet par le contact de la peau ou des muqueuses, de simples préliminaires suffisent à le transmettre. On sait par exemple qu'une femme, avant ses 25 ans, aura été en contact avec au moins un papillomavirus.
Le préservatif, bien que très important, n'assure pas une protection à 100 % : les petites parties qui ne seraient pas protégées peuvent devenir des zones de contamination. Par ailleurs, les formes oncogènes du virus (à haut risque de cancer) ne se détectent que cliniquement : comme il n'y a pas de symptômes précoces, si l'on n'est pas sensibilisé au problème, on peut donc passer à côté du dépistage, ou être dépisté à un stade un peu tardif. En France, on compte un peu plus de 6300 cancers par an dûs au papillomavirus.
Le vaccin existe, il est là pour prévenir tous ces problèmes. Pour le moment, un seul est commercialisé : le Gardasil 9. Il se fait par voie intramusculaire, a peu d'effets secondaires, et protège contre les 9 formes de virus les plus dangereuses.
Les garçons sont-ils concernés ?
L.R. : Tout à fait ! Initialement, on avait découvert l'HPV dans les cancers du col de l'utérus. Ce cancer étant 100% induit par le papillomavirus, la vaccination était en priorité destinée aux filles.
Avec le temps, on a compris que les garçons pouvaient également être contaminés - ou contaminants - et être touchés par des lésions précancéreuses aboutissant éventuellement à des cancers de la verge, du canal anal, voire oropharyngés. Le cancer de l'anus, qui est assez fréquent et qui touche aussi les hommes, est lui aussi induit à 100 % par le papillomavirus. Le vaccin prévient de ces maladies.
À partir de quel âge peut-on se faire vacciner, et est-ce remboursé ?
L.R. : On peut commencer la vaccination dès l'âge de 11 ans, l'idéal étant de se faire vacciner avant les premières relations sexuelles pour totalement éviter de croiser les formes du virus potentiellement dangereuses. C'est entièrement pris en charge par la Sécurité sociale, jusqu'aux 19 ans du patient.
L'avantage du schéma vaccinal entre 11 et 14 ans est qu'il ne nécessite que deux doses, les deux étant séparées de six mois. Entre 15 et 19 ans, pas de souci non plus pour se faire vacciner, mais il faudra alors compter trois doses, séparées de deux mois, puis de six mois pour la dernière.
Passés 19 ans, une discussion doit s'entamer entre le patient et son médecin, car le vaccin n'est plus pris en charge par la Sécurité sociale. Une extension existe cependant pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, homosexuels ou bisexuels. Comme ils sont plus exposés aux risques de contamination, la prise en charge se fait alors jusqu'à leurs 26 ans.
Où se faire vacciner ?
L.R. : On peut se faire vacciner chez son médecin traitant, il faudra prévoir d'acheter le vaccin en pharmacie avec une ordonnance. Ou alors, dans les Centres Gratuits d'Information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD) du Département. Tout sera alors pris en charge sur place, gratuitement, il suffit de prendre rendez-vous, ou de le demander lors d'une consultation.
Le CeGIDD répond à toutes vos questions ce samedi, à Lille
De 10h à 18h ce samedi 10 juin, l'équipe du CeGIDD de Lille sera présente place Rihour aux côtés de la CPAM. Des professionnels de santé répondront à toutes vos questions concernant les maladies sexuellement transmissibles. Vous pourrez également prendre rendez-vous pour une vaccination gratuite contre les papillomavirus.
Crédits photo : I. Dalle