Sport | Douaisis
22 janvier 2024

Ségolène Lefebvre, boxeuse : "les filles doivent pratiquer le sport qu'elles veulent"

À l'occasion de la journée internationale du sport féminin, rencontre avec Ségolène Lefebvre, championne du monde nordiste licenciée au Douai Boxing Club.

Comment êtes-vous arrivée à la boxe ?

Ségolène Lefebvre : C’est par l'intermédiaire de mon grand frère qui était boxeur. Je l’ai suivi à la salle pour l’imiter, tout simplement. Au fur et à mesure, j’ai continué, j’ai gagné des compétitions, et ça m’a plu. Initialement, je n’avais jamais pensé faire de la boxe. J’avais 8 ans quand j'ai commencé.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette discipline ?

S.L. : J’ai très vite apprécié la compétition, le dépassement de soi, et aussi le côté collectif de la boxe qu’on n’imagine pas. Quand on est sur le ring, on n’est pas seul, il y a une grosse équipe avec vous. Puis je me suis aussi lancé des challenges. Le fait d’être meilleure que l’adversaire, c’est ça qui me pousse.

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Lors de son récent championnat du monde, fin novembre à Douai, face à l'Anglaise Tysie Gallagher, Ségolène Lefebvre n'a pas tremblé.

Est-ce facile de se faire une place dans la boxe quand on est une fille ?

S.L. : Personnellement, je n’ai jamais eu de problème d’intégration dans mes clubs. Aujourd’hui, ça ne choque plus les hommes de voir des femmes dans les salles de boxe, et les entraîneurs non plus. Dans mes souvenirs, en 2001, quand j’ai démarré, j’étais toute seule. Après, d’autres filles se sont inscrites, mais n'ont pas forcément continué…

Quelles sont les difficultés qu'une femme peut rencontrer dans une carrière sportive ?

S.L. : Pour une femme, sa vie personnelle ! Si on la compare à un homme, c'est différent. Si elle veut un enfant, soit elle va le faire très tôt, soit elle va le faire très tard. À un moment, il y aura un frein dans la carrière qui pourra être dur à gérer. Une grossesse, ce n’est pas anodin. C’est sans doute la plus grosse difficulté pour une sportive de haut niveau. Arrêter et reprendre, ce n’est jamais facile.

Quelles sont les qualités que vous avez mises en avant pour grandir dans votre sport ?

S.L. : Je suis persévérante, et je suis une grosse travailleuse, c'est ce qui m’a porté vers le haut niveau. Et, sur le ring, je m’adapte très vite à mon adversaire. Travail, abnégation, motivation, sérieux, hygiène de vie, … ça vaut aussi pour les autres sports. 

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Quelques jours après son championnat du monde victorieux, la boxeuse nordiste a repris le chemin de l'entraînement à la salle du Douai boxing club. 

Quand avez-vous su que vous aviez les qualités pour aller plus haut ?

S.L. : C’est lorsque je suis arrivée en équipe de France, j’avais 14 ans. J’avais déjà été championne de France dans ma catégorie. Ensuite, j’ai été championne d’Europe chez les juniors. Mais bon, quand on est détecté pour intégrer l’équipe de France, c’est qu’on a un minimum de potentiel. Après, il faut savoir le cultiver.

Et le jour où vous avez basculé chez les pros ?

S.L. : C'était en 2015 ! En équipe de France, pour ma part, j’avais fait le tour, j’avais besoin de voir d’autres horizons. Et puis j’ai toujours préféré la boxe professionnelle. J’en rêvais ! C’est pour ça que j’ai franchi le pas. J’avais envie de tester d’autres sensations sur le ring.

Le haut niveau vous a-t-il aussi ouvert des portes ?

S.L. : Oui ! Aujourd’hui, je travaille pour la ville de Douai. Si je n’avais pas atteint un certain niveau, peut-être que ça ne se serait pas fait. Mais je ne profite pas de mon statut de championne du monde, je me considère comme tout le monde.

Un message pour toutes les sportives ?

S.L. : Qu’elles continuent de pratiquer le sport qu’elles souhaitent. Surtout ne rien lâcher, malgré d’éventuelles remarques. Il faut toujours persévérer !

Crédits photo : Cédric Arnould

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