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1 mars 2024

Rencontre avec la mystérieuse salamandre tachetée

À l’occasion de la journée mondiale de la vie sauvage le 3 mars, nous vous présentons une espèce protégée du Nord. Une espèce qui a traversé les siècles mais dont l’existence est menacée par les aléas climatiques et les activités humaines. Mieux la connaître aidera à mieux la protéger !

Elle vit cachée au cœur des forêts et mène une vie tranquille… quand elle parvient à se protéger de ses prédateurs. La salamandre tachetée est un animal sauvage emblématique du Nord. Si vous la croisez, n’ayez crainte, il ne vous arrivera rien ! Dans les légendes d’autrefois, on pensait que croiser le regard d’une salamandre portait malheur, raconte Thierry Tancrez, animateur nature au Département.  Et pourtant, avec ses yeux noirs et ses couleurs chatoyantes, elle fut choisie par François Ier comme symbole de force.

C'est un animal singulier, pourquoi ?

Son apparence d’abord ! La salamandre est un animal mystérieux qui vit caché dans les bois. Elle se déplace très peu et très lentement. Une "cool attitude" qui peut la faire vivre jusqu’à 50 ans !

Sa particularité : être le seul amphibien terrestre à ne pas savoir nager. C’est un ovovivipare. Elle vit à côté des zones humides et pond ses œufs de larve dans les sources. Au Moyen Âge, quand les hommes apercevaient des salamandres, c’était une bonne nouvelle, le signe qu’il y avait une source d’eau de bonne qualité à proximité.

La présence de la salamandre témoigne donc de la bonne santé de nos espaces naturels.

Pourquoi cette espèce est-elle menacée ?

Comme la plupart des amphibiens, elle est menacée par la disparition de son habitat : régression des zones humides, intensification agricole mais aussi augmentation des menaces (nouvelles maladies). Le moindre déséquilibre pourrait la faire disparaître, confie Thierry Tancrez. Et les hommes sont aussi une menace quand ils cherchent à la capturer pour la mettre dans des terrariums, c’est un vrai fléau.  

Elle ne pond qu’une dizaine de larves par an, et quand sa zone de ponte est asséchée, elle ne pond pas. La reproduction de l’espèce est donc soumise aux aléas climatiques. Sans oublier ses prédateurs qui guettent ! Hérons, échassiers, putois… Elle sait se cacher sous les branchages pour leur échapper.

Où peut-on en voir ?

C’est un animal discret qui sort surtout la nuit. On peut en apercevoir près des zones humides, dans les forêts du Nord et les petits boisements. Mieux vaut ne pas la déranger car elle est fragile.

Comment la protéger ?

Nous menons un travail avec nos voisins flamands , explique Jérôme Bacquaert, chargé de mission environnement au Département. Justement sur le site du Mont Noir où, côté belge, la salamandre a quasiment disparu.

C’est le programme Clim@Monts, un programme européen dont l’objectif est de renforcer les populations là ou l’espèce est encore présente, en préservant ses zones de reproduction ainsi que des refuges et des réserves nutritives. Zones humides et tas de bois morts sont ainsi parfaits pour elle ! L’objectif ensuite est de reconquérir de nouveaux milieux afin de multiplier les îlots de présence de la salamandre tachetée sur le Mont Kemmel et le Mont Rouge, notamment.

Et nous, quel rôle peut-on jouer ?

Pour garantir la place de la salamandre dans l’écosystème, il faut continuer à préserver différents types de milieux et notamment, les zones humides. Dans votre jardin, si vous habitez près d’une mare ou d’un étang, placer un tas de bois peut lui offrir un habitat naturel où se cacher et se nourrir d’insectes. Et si l'on en croise une sur notre chemin, la regarder simplement et la laisser tranquillement passer…

Crédits photo : Thierry Tancrez

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