Environnement | Cambrésis
28 février 2023
Planter des haies pour mieux gérer l'eau ?
Trop souvent en première ligne face aux aléas climatiques, les agriculteurs subissent des dégâts sévères sur leurs exploitations. Rencontre dans le Cambrésis avec Bruno Duchemin, Président de l'Association Foncière de Remembrement. Avec les agriculteurs voisins, il a décidé d’agir en plantant des haies le long des champs pour permettre une meilleure infiltration des eaux de pluies dans les sols... Et ça marche !
Face à des orages de plus en plus dévastateurs pour leur village, les agriculteurs de Villers-Plouich se sont mobilisés pour lutter contre le ruissellement et l’érosion des sols agricoles. Leur objectif : planter des haies pour améliorer la gestion de l’eau.
Bruno Duchemin, Président de l’AFR (Association Foncière de Remembrement) explique pourquoi et comment son association œuvre entre autres, pour la gestion hydraulique.
Qu'est-ce qui a déclenché votre opération de plantation à Villers-Plouich ?
Bruno Duchemin : Situé dans une cuvette, le centre du village connaissait des épisodes de coulées de boue de plus en plus fréquents. En 2011, nous avons eu un terrible orage qui a provoqué des inondations sans précédent. Cela a déclenché une prise de conscience collective des effets dévastateurs du dérèglement climatique et de ses conséquences sur notre vie. La majorité des agriculteurs de Villers-Plouich se sont alors réunis pour trouver des solutions, ensemble.
Quelles actions avez-vous mises en place ?
La Communauté d'agglomération de Cambrai a commandé une étude hydraulique et à partir de ses conclusions, nous avons monté un plan en partenariat avec la Chambre d'agriculture Nord-pas-de-Calais. Nous avons ensuite planté des haies d’arbustes de différentes espèces locales sur plusieurs centaines de mètres pour filtrer l'eau. Nous avons également implanté des fascines (assemblage de branches en fagots) ainsi que des bandes enherbées qui permettent de freiner la vitesse d'écoulement de l’eau en amont des haies et de retenir les sédiments.
Quel est l'intérêt de planter des arbustes ?
Planter des arbres favorise une meilleure gestion de l’eau ! Les racines des arbustes facilitent le stockage de l'eau dans le sol. Sans oublier que les haies sont aussi de formidables habitats pour la faune et la flore sauvage, en offrant le gîte et le couvert à de nombreuses espèces d’oiseaux.
Vous étiez formé à la problématique de la gestion de l'eau ?
En tant qu’agriculteurs, nous avons l’expérience de terrain et connaissons nos sols. Nous savons d’où vient l’eau, où elle coule. Sur les volets technique et administratif, nous avons heureusement été accompagnés par la Chambre d’agriculture pour définir les aménagements précis et monter un dossier de demande de subventions pour notre projet. Nous avons bénéficié du soutien de la commune, de l’Agence de l’Eau, de la Communauté de communes de La Vacquerie et du Département du Nord.
Ces haies sont-elles efficaces ?
Oui ! Nous constatons de nettes améliorations depuis qu’elles sont là. Elles ont freiné à plusieurs reprises de possibles inondations.
Quelles conclusions alors pour l'avenir ?
Nous souhaitons pérenniser et entretenir ces haies. Avec ces plantations, nous sommes allés dans le sens de l’histoire, dans le sens des préoccupations environnementales actuelles que l’agriculture doit intégrer. Bref, nous sommes fiers d’avoir amené notre pierre à l’édifice !
Le Département apporte son soutien au monde agricole
Dans le cadre d’une convention de partenariat avec la Chambre d'Agriculture, le Département accompagne les agriculteurs dans la lutte contre les ruissellements et l’érosion des sols. Par ailleurs, il finance également dans le cadre de son dispositif "Plantation et Renaturation", la plantation d'arbres, d'arbustes, de fascines favorable à la lutte contre les inondations (plus de 1 300 kms de haies ont été plantées en 2021-2022) en partenariat avec le monde agricole et la Fédération des chasseurs. Il expérimente également les plantations aux abords des routes départementales de l'Avesnois et du Cambrésis.
Crédits photo : Cédric Arnould