Sport | Cambrésis
28 décembre 2023

Pavés de Paris-Roubaix : "Plus on va vite, et mieux on les passe !"

Pour assurer la sécurité des cyclistes de Paris-Roubaix, le Département restaure régulièrement les mythiques secteurs pavés de l’épreuve. Cette année, celui de la RD 113B, près de Saint-Hilaire-lez-Cambrai, a eu droit à un lifting. Suivez-nous sur le chantier en compagnie de Jean-Marie Doerler, président du Cyclo club de Cambrai.

À quoi voit-on qu’un secteur pavé peut présenter des dangers pour les coureurs ?

Jean-Marie Doerler : C’est la forme bombée de la route qui crée le risque, avec des ornières profondes qui se creusent de chaque côté, et qui empêchent les coureurs de rouler à gauche ou à droite en toute sécurité. Là, pour la RD 113B, qui sera un des premiers secteurs abordés dans le Cambrésis en avril prochain, vous avez en plus les talus qui descendent pile sur la chaussée… C’est également dangereux pour les voitures qui accompagnent, elles peuvent taper le haut des pavés avec leur châssis.

Chaque année, on a l’impression de découvrir de nouveaux secteurs pavés, est-ce le cas ?

Jean-Marie Doerler : Dans mon souvenir, la dernière fois que ce secteur a été emprunté, c’était en 2018. Sinon, ça fait au moins une trentaine d’années que Paris-Roubaix n’est pas passé par ici. En fait, il y a un stock de secteurs pavés qui est utilisé, soit régulièrement, soit épisodiquement, mais il n’y a pas de nouveaux secteurs.

Dans le Cambrésis, le dernier secteur découvert, c’est le fameux secteur Buat, à Capelle-sur-Écaillon, au début des années 2000. C’est un secteur particulier, parce qu’il est carrément en côte. Ça rappelle un peu les monts du Tour des Flandres. Pour l’anecdote, il a été refait il y a deux ans à l’initiative des Amis de Paris-Roubaix.

Illustration
Jean-Marie Doerler connaît parfaitement les secteurs pavés du Cambrésis.

Quel est le secret pour aborder un secteur pavé en toute sécurité ?

Jean-Marie Doerler : Bien aborder un secteur pavé, c’est déjà être dans les premiers de l’échappée ou dans les premiers du peloton. Parce que là, on a plus de vue sur le parcours, et on ne risque pas d’être gêné par une chute au cours de laquelle tout le monde tombe. C’est pour ça qu’avant les premiers secteurs, c’est un sprint.

Dans l’idéal, il faut prendre les pavés au milieu quand les bas-côtés ne sont pas praticables, rouler sur le haut du pavé, parce que là, ils sont moins abîmés. Il faut aussi être attentif, et toujours avoir l’œil pour regarder où on va. Après, il n’y a pas de secret, il faut être capable d’avaler les pavés sur un gros développement. Plus on va vite, et mieux on les passe !

Les pavés du Cambrésis ont-ils déjà influé sur le scénario de la course ?

Jean-Marie Doerler : C’est rare ! Quand les coureurs arrivent à Troisvilles, il est environ 13 heures, ils ont déjà parcouru un peu plus de 90 kilomètres, mais il en reste encore plus de 150. Là, ils attaquent les pavés, ils rentrent dans l’enfer du Nord. Troisvilles, c’est la porte de l’enfer ! C’est très rare que l’échappée du matin aille jusqu’à Roubaix, mais c’est déjà arrivé dans les années 80, avec le Belge Dirk Demol qui avait 222 kilomètres d’échappée dans les jambes à l'arrivée.

Des favoris ont-ils déjà perdu la course dans ces premiers secteurs ?

Jean-Marie Doerler : Alors ça, oui ! Il y a plein d’exemples où des favoris sont tombés sur les premiers secteurs. La dernière chute qui me revient à l’esprit, c’est celle du Slovaque Peter Sagan, l’an dernier, dès le deuxième secteur pavé, du côté de Viesly, pas loin d'ici. C’était son dernier Paris Roubaix…

Le point sur les travaux

En décembre, le Département a procédé à la réfection du secteur pavé de la RD 113B qui relie Saint-Vaast-en-Cambrésis à la RD 134 à Saint-Hilaire-lez-Cambrai. Cette portion doit être empruntée par les coureurs cyclistes de Paris-Roubaix lors de la prochaine édition en avril 2024. Ce sont en tout 100 mètres qui ont été restaurés. Chaque pavé a été gratté, nettoyé et réaligné sur une surcouche de sable, avant d’être fixé dans le sol par du béton. Coût de l’opération : 57 901 €.

Crédits photo : Cédric Arnould

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