75 mètres de long et 40 mètres de large, les dimensions du bâtiment en imposent. De style néoclassique, l’opéra de Lille s’inscrit pourtant dans un étroit périmètre situé entre la Chambre de Commerce et la Vieille Bourse. L'intérieur est conçu comme un théâtre à la française avec une salle en fer-à-cheval. La scène mesure 18,4 mètres de long pour 28 mètres de large.

La Comédie a assez duré : il faut un nouveau théâtre !

Mais revenons un instant sur les origines de l’opéra. Sous l’Ancien Régime, avant la Révolution, des spectacles étaient donnés au Palais Rihour. Mais en 1700, suite à un incendie, une nouvelle salle est construite face au dit palais : la salle de la Comédie, inaugurée en 1702. Les concerts se succèdent durant 80 ans. Voltaire lui-même s’y rendra le 25 avril 1741. Mais cette salle, qualifiée à l'époque de médiocrement belle est, surtout, trop petite.

En 1783 est présenté un projet de nouveau théâtre, derrière la Vieille Bourse. Il est confié au jeune architecte Michel Lequeux, assassiné un an après le démarrage du chantier. Les travaux se poursuivent malgré tout et se terminent printemps 1787. Mais l’ensemble laisse perplexe, tant ce théâtre parait mal fini, pas assez grand, mal décoré. Les odeurs des urinoirs remontent dans la salle. Bref, rien ne va. Mais on l’appelle encore "le grand théâtre". Celui-ci accueille des artistes de renom, notamment Sarah Bernardt dans "La dame aux camélias" en 1881, 1882 et 1892.

"Donner aux Lillois les jouissances artistiques auxquelles ils ont droit"

Le 5 avril 1903, un incendie se déclare. Les dégâts sont très importants. Il faut tout reconstruire. Après le percement du Grand boulevard entre Roubaix, Tourcoing et Lille, prolongé par le boulevard Carnot, Charles Delesalle, maire de Lille, propose la création d’un nouveau grand théâtre derrière la Vieille Bourse. Pour lui, l'utilité du projet est incontestable, il faut donner aux Lillois les jouissances artistiques auxquelles ont droit les habitants d’une grande ville.

Pour l'architecte Louis-Marie Cordonnier, le défi est de taille. Il faut concevoir un bâtiment pouvant accueillir au moins 60 musiciens, contenir 1 600 places pour les spectateurs qui pourront assister à des représentations d'opérettes, d'opéras, de drames ou de comédies. Composé d’une structure en béton armé, le bâtiment a été pensé pour éviter le plus grand ennemi des théâtres : le feu.

En 1914, le nouvel opéra Cordonnier est quasi terminé. Son inauguration est prévue à l’automne 14. Las, les Allemands arrivent et l'utilisent entre 1916 et début 1918. Les Lillois mettront cinq ans à effacer les traces de l'occupation et remettre le bâtiment en état, avant de pouvoir l'inaugurer réellement le 7 octobre 1923. 

L'événement se déroule en présence du maire de Lille, Gustave Delory, du préfet, des conseillers généraux et de l'architecte Louis-Marie Cordonnier, sous le regard de milliers de Lillois. 

Les vicissitudes du temps, les incendies, l'occupation allemande, n'auront finalement pas eu de prise sur la renaissance du bâtiment, qui, malgré quelques soubresauts, se donne toujours en spectacle ! 

À l'occasion de son centenaire, l'opéra de Lille vous propose une programmation spéciale durant la saison 2023-2024. Retrouvez tous les événements sur le site de l'opéra