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23 septembre 2024
"Le dépistage permet de détecter 90 % des cancers du sein à un stade précoce"
On ne le dira jamais assez : le dépistage, c'est toute l'année ! Entretien avec Aimée Djebara, médecin du Département.
Aimée Djebara est médecin gynécologue au Département. Elle intervient notamment au centre de planification familiale de la métropole lilloise.
Pourquoi se faire dépister ?
Aimée Djebara : Le cancer du sein est le plus fréquent chez la femme et reste le cancer le plus meurtrier. Aujourd'hui, 1 femme sur 8 développe cette maladie au cours de sa vie. 59 000 nouveaux cas sont détectés chaque année en France et 12 000 femmes en meurent. Or, le dépistage permet de détecter 90 % des cancers à un stade précoce, ce qui rend les traitements plus légers et augmente les chances de guérison.
À qui s'adresse le dépistage ?
A.D : Il existe deux types de dépistage en France. Le dépistage individuel concerne très souvent les femmes de moins de 50 ans, qui présentent des symptômes ou parfois des facteurs de risques, sur prescription d'un professionnel de santé.
80 % des cancers du sein concernent les femmes de plus de 50 ans. Le dépistage organisé existe depuis 2004 et concerne toutes les femmes entre 50 et 74 ans, qui ne présentent aucun symptôme et n'ont aucun facteur de risque. Elles reçoivent tous les deux ans une invitation par courrier du centre régional de coordination des dépistages des cancers, avec une liste des radiologues agrées. pour faire leur mammographie. Avec cette invitation, elles peuvent bénéficier :
- d'un examen clinique
- d'une mammographie (radiographie des seins avec deux ou trois clichés). Elle permet de déceler des lésions de moins de 10 mm, non détectables par l'examen clinique.
- d'une double lecture des clichés pour éviter les faux négatifs.
Ces examens sont intégralement pris en charge par la Sécurité sociale.
Auprès de qui se faire dépister ?
A. D : L'examen clinique se fait auprès d'un professionnel de santé : votre médecin généraliste, votre gynécologue, votre sage-femme. Il est indolore et permet de détecter une anomalie éventuelle. Dès 25 ans, il est recommandé de le faire de façon annuelle. Votre médecin peut prescrire des examens complémentaires, comme une mammographie ou une échographie, si nécessaire.
Les professionnels du Département - médecins, sages-femmes de la Protection Maternelle et Infantile et des Services Prévention Santé - réalisent ces examens cliniques auprès de leurs patientes.
Environ 40 à 50 % des femmes ont recours au dépistage organisé en fonction des départements. Ce n'est pas suffisant, d'où cette campagne de sensibilisation d'Octobre rose.
Certaines femmes ont peur de consulter. Si elles ne viennent pas à nous, il faut aller vers elles ! J'interviens par exemple dans des maisons de quartier avec des collègues infirmières et conseillères conjugales pour les informer et les rassurer.
Quels sont les signes qui doivent alerter ?
A. D : Plusieurs signes doivent vous amener à consulter : l'apparition d'une grosseur dans le sein ou sous l'aisselle. Une modification soudaine de l'aspect de la peau (œdème, veine apparente, rétraction) ou de la forme des seins. Un changement au niveau du mamelon : sa couleur, un eczéma, ou un écoulement.
Quels gestes adopter en prévention ?
A. D : En tant que gynécologue je recommande à mes patientes dès l'âge de 25 ans de pratiquer l'auto-palpation des seins. Elle se pratique debout ou assise. Pendant qu'un bras est levé, avec les trois doigts du milieu ou la paume de votre main opposée, vous faites des petits mouvements circulaires sur le sein, divisé en quatre régions. Il ne faut pas oublier la zone sous l'aisselle. Avec ces mouvements, vous palpez à la recherche d'un éventuel nodule. Ensuite vous pressez le mamelon pour vérifier l'absence d'écoulement.
Si votre cycle est naturel (pas de traitement hormonal contraceptif), faites-le en fin de règles. Cet examen ne doit pas devenir une source de stress : il peut être réalisé une fois par trimestre en-dessous de 30 ans, mensuellement chez la femme plus âgée.
Avoir une bonne hygiène de vie est également un facteur préventif. On estime qu'avoir une alimentation équilibrée, faire du sport, supprimer le tabac et l'alcool permet d'éviter 28 % des cas de cancer.
Enfin, des facteurs hormonaux propres à chaque femme peuvent être en cause et seront discutés avec le gynécologue.
Crédits photo : D. Lampla