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2 avril 2021

La rocambolesque histoire de l'urne d'Hirtius au Forum antique de Bavay

C'est l'histoire d'une urne dite romaine qui aurait été découverte à Bavay par un homme peu scrupuleux avant de disparaître pendant 150 ans. Retrouvé par hasard, ce faux manifeste est de retour à Bavay : explications.

Bavay, novembre 1834. Hector Bochard prétend avoir fait une découverte exceptionnelle dans un champ en bordure de l'ancienne voie romaine reliant Bavay à Reims. Il s'agit d'une urne en bronze contenant de la poussière et des fragments d'os calcinés.

Une histoire extraordinaire

À l'époque, la nouvelle fait grand bruit car l'objet ne serait autre que l'urne funéraire du romain Hirtius, un proche de Cicéron. Elle fait l'objet d'une publication dans les Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du midi de la Belgique. Nous sommes alors en 1869 et Hector Bochart décide de vendre l'urne.

Pendant 150 ans, plus personne n'en entend parler.

En 2019, un agriculteur retraité fait estimer certains de ses biens par un commissaire priseur. Parmi eux se trouve un objet en bronze dont il ne sait rien mais qui étonne le professionnel : elle ressemble étrangement à une certaine urne...

Après étude par un expert en antiquités, l'objet est identifié comme étant bel et bien l'urne d'Hirtius, ou plutôt dite d'Hirtius. Car cela ne fait plus aucun doute : il s'agit d'un faux.

La représentation du sujet est étonnante et l'inscription comporte une erreur dans la manière dont sont écrits les chiffres romains, explique Véronique Beirnaert-Mary, directrice du Forum antique de Bavay. Et puis, on ne sait pas trop comment l'urne d'Hirtius, décédé à Modène, serait arrivée à Bavay...

Faux antiques...vrai intérêt historique

Et pourtant, le musée s'en est porté acquéreur lors de la mise en vente à Soissons au mois de mars.

En 2019, dans le cadre de son exposition "Curieux antiquaires", le Forum antique s'était déjà intéressé à la question des faux venant de Bavay. Pour Véronique Beirnaert-Mary, ils permettent de mieux connaître le marché des collectionneurs au 19ème siècle et présentent aussi un intérêt technique : s'il s'avère que l'urne a été fabriquée à la Renaissance, cela en dit long sur l'érudition des artisans de l'époque quant aux codes des représentations antiques.

Pour en savoir plus, elle aimerait monter un projet avec le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) qui a déjà étudié les bronzes de Bavay. En attendant, l'urne ne va pas retourner dans le circuit privé ni retomber dans le secret et la directrice espère bien pouvoir exposer un jour ces faux comme tels dans de nouveaux parcours de visite.

Crédits photo : © ARTEMIS Expertise

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