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18 mars 2021

J'assume

Dans son éditorial du mois de mars, Jean-René Lecerf, Président du Département du Nord, revient sur la politique d’insertion professionnelle qu’il défend depuis 2015.

Faudra-t-il en arriver à s’excuser pour avoir tenté de trouver un emploi à un nombre de plus en plus important d’allocataires du Revenu de Solidarité Active et, pire encore, d’avoir largement réussi ?

Devrait-on vouer aux gémonies les innombrables entreprises, grandes, moyennes, petites, artisanales qui nous aident, avec une remarquable constance, dans cet accès ou ce retour à une activité pérenne de bon nombre de nos habitants ?

Serait-il politiquement incorrect d’exprimer notre reconnaissance aux agents de Pôle emploi et du Département qui se battent au quotidien pour réinsérer dans le monde du travail celles et ceux qui ne disposaient plus que d’une allocation de vie ou de survie ?

N’aurait-il pas été plus conforme à la bien-pensance ambiante de fermer pudiquement les yeux sur les fraudes et les escroqueries ou parfois sur l’instauration d’un système D à base d’un curieux mélange entre travail au noir et allocations d’assistanat ?

Aurions-nous pêché par curiosité malsaine en demandant à la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL) de rapprocher les fichiers de la CAF et du Département, découvrant ainsi le pot aux roses : 45 000 personnes placées en insertion par l’économique touchaient le RSA sans même être inscrites à Pôle emploi, sans l’ombre d’un contrôle et sans limitation de durée ?

À tout le moins avons-nous mené une politique équilibrée en adossant notre volontarisme dans le retour à l’emploi à la multiplication des propositions d’embauche dans les entreprises, le secteur public ou les associations. De même, aucune des 50.000 sanctions financières qui, c’est vrai, ont été prises, ne l’a été sans avertir la personne concernée et lui laisser le temps de s’expliquer. En outre, tout rentrait dans l’ordre dès sa réinscription à Pôle emploi et aussi longtemps qu’elle manifestait sa bonne volonté pour accompagner les efforts des institutions.

Est-il besoin de préciser que les personnes souffrantes, désocialisées, débordées par leurs obligations familiales ont vu leur situation prise en compte et n’ont pas été concernées par ces mesures ?

Alors, quand dans les réseaux sociaux ou très récemment dans un grand quotidien national, certains se plaisent à défigurer cette politique de solidarité véritable en parlant de la « chasse aux pauvres » et en inventant, je cite, « la radiation d’un coup dans le Nord de 15 000 allocataires », je me réconforte au souvenir d’une réplique du Général de Gaulle à d’autres attaques du même journal : « il faut bien que Passeron picore ».

Jean-René Lecerf, Président du Département du Nord.

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