Découvrir le Nord | Valenciennois, Douaisis
3 février 2020
Il y a 300 ans, la première veine de charbon du Bassin minier découverte dans le Nord
Tout commence à Fresnes-sur-Escaut le 3 février 1720. Après 18 mois de travaux, des mineurs du Nord découvrent le premier filon de charbon, qui donnera naissance au Bassin minier.
Dans la région, le charbon était connu depuis le Moyen Âge, on l’exploitait d’ailleurs historiquement dans le Hainaut belge. Mais lorsque le Valenciennois est rattaché à la France, en 1713, de nouvelles fouilles sont envisagées pour éviter d’avoir à s’acquitter des droits d’importation.
Dès 1716, Jacques et Pierre Desandrouin s’associent à Pierre Taffin, Nicolas Desaubois et Jacques Richard pour former une compagnie, avec l’autorisation du roi. Ils organisent les premiers sondages le 1er juillet de cette même année.
C’est le 3 février 1720, que Jacques Mathieu, directeur des recherches, découvre avec son équipe de mineurs une veine de charbon d’un mètre d’épaisseur à 70 mètres sous le sol de Fresnes-sur-Escaut. Une découverte majeure pour l’histoire de notre territoire puisqu’elle marque le point de départ de l’essor industriel de tout le Bassin minier.
L’extraordinaire essor de l’extraction de la houille
La découverte du charbon à Fresnes, puis à Anzin le 24 juin 1734 précipitera ainsi le développement industriel de la région. Il s’accompagne d’un élan démographique important puisque de 1690 à 1780, Fresnes passera de 248 à 2 666 habitants, et Anzin de 221 à 1 203 ! Cette concentration humaine, tout comme l’industrie charbonnière, bouleverse le paysage. Une urbanisation qui verra l’apparition des hameaux miniers groupant souvent leurs corons autour de la fosse et de l’église.
D’un point de vue géologique, le Bassin minier du Nord de la France constitue l’extrémité occidentale du bassin charbonnier européen. Après celui de la Rurh en Allemagne, le gisement de Nord-Pas de Calais est le plus étendu d’Europe du Nord-Ouest. Sa spécificité : il s’agit du seul gisement de grande dimension entièrement souterrain, avec 120 kilomètres de long sur 12 kilomètres de large et 1,2 kilomètre de profondeur.
À la fin du 19ème siècle, la carte du plus grand bassin minier de l’Hexagone est définitivement dessinée. À Fresnes-sur-Escaut, depuis le premier sondage en 1716 jusqu’à la cessation d’activité de la fosse Soult en 1947, 46 puits ont été ouverts.
Le Taj Mahal, la grande muraille de Chine… et le Bassin minier
Depuis le 30 juin 2012, le Bassin minier est inscrit sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de « paysage culturel évolutif vivant » (avec seulement 7 autres sites français). Sur 120 000 hectares, 109 sites emblématiques sont ainsi protégés : des fosses, des chevalements supportant les ascenseurs, des terrils, mais aussi des gares ferroviaires, des corons ou encore des équipements collectifs de santé.
A l’instar d’Arenberg Creative Mines à Wallers-Arenberg, certains retrouvent aujourd’hui une nouvelle vie, perpétuant la mémoire de ce patrimoine unique, façonné sous l’action conjuguée de l’homme et de la nature.
À l’occasion de ce tricentenaire, le Centre historique minier de Lewarde propose l’exposition “1720, le charbon au cœur des révolutions”. À découvrir jusqu’au 20 septembre.