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10 novembre 2023

Fromelles honore les 133 rugbymen internationaux tués lors de la Grande Guerre

Le rugby a payé un lourd tribut au premier conflit mondial, avec 133 internationaux officiellement tués lors des combats. Une stèle leur rend hommage depuis peu à Fromelles. Retour sur cet aspect peu connu de la Première Guerre mondiale.

Ils s’appellent Francis Burdett, Harry Alexander, James Baird ou encore Marcel Burgun, ils sont écossais, australiens ou français... Ils sont en tout 133, dont prénoms et noms ont été gravés dans l’acier corten de l’immense plaque érigée à l’arrière du cimetière militaire australien et britannique de Fromelles. Leur point commun ? Tous ont été internationaux de rugby, et sont morts au champ d’honneur lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918). En France, en Belgique, mais également dans l'actuelle Turquie !

La genèse de ce mur hommage, inauguré le samedi 4 novembre, repose sur un projet plus large autour du rugby, de la mémoire et de la citoyenneté, comme le rappelle Jean-Pierre Montagne, délégué général de l’association Fromelles 2023.

Une fusée à plusieurs étages en quelque sorte, puisque cette plaque commémorative va venir accompagner un cycle de conférences autour du rugby, de la mémoire et de la citoyenneté proposées prochainement dans les collèges. Un tournoi international réunissant près de 1500 jeunes du monde entier est également envisagé en 2024.

57 corps sur les 133 n’ont jamais été retrouvés

Ces 133 sportifs  honorés à Fromelles sont de neuf nationalités différentes (Afrique du Sud, Angleterre, Australie, Écosse, États-Unis, France, Irlande, Nouvelle-Zélande, Pays de Galles) Ici, on met en lumière l’élite de l’élite, des joueurs qui ont participé à des rencontres internationales, et ont été tués lors des différents combats, explique Michel Merkel, qui salue l'initiative menée dans le Nord.

Patiemment, l'historien a recoupé une multitude d’informations pour offrir à ces joueurs quelques lignes qui retracent furtivement leur parcours jusqu’à leur disparition (à retrouver sur le site Fromelles 2023 ou dans son ouvrage 14-18, le sport sort des tranchées). Je peux vous parler du joueur néo-Zélandais David Gallaher décédé lors de la bataille de Passchendaele en Belgique le 4 octobre 1917 : quand les rugbymen all blacks sont de passage dans le secteur, ils se recueillent sur sa tombe à Poperinge, et lui offrent un haka, raconte l’historien.

Celui-ci revient également sur le dernier combat de l’aviateur français Maurice Boyau, six sélections à son actif, et joueur du Racing : Quand ses partenaires, qui l’attendent pour un match, parce qu’il y avait un championnat pendant la guerre, apprennent son décès, ils feront le choix de jouer ce jour-là à quatorze.

A noter que 57 corps sur les 133 n’ont jamais été retrouvés, et reposent toujours sur les champs de bataille. Après Saint-Denis, Verdun et Craonnelle, dans l’Aisne, Fromelles est la quatrième commune à accueillir un monument érigé à la mémoire des sportifs internationaux.

Au coup de sifflet !

Le musée de Fromelles présente Au coup de sifflet !, une exposition temporaire qui raconte les liens méconnus entre la Grande Guerre et le rugby, notamment la propagande à destination des sportifs qui a conduit des équipes entières à s’engager. Jusqu’au 28 janvier 2024. Musée de la bataille de Fromelles, rue de la Basse-Ville. Tél. 03 59 61 15 14.

Crédits photo : Myriam Delattre

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