Famille Santé | Avesnois
3 octobre 2024
Espace Vie Cancer : "Notre point fort, c'est notre expérience de la maladie"
Échange, écoute, information. Voici les trois piliers de l'association "Espace Vie Cancer" qui œuvre partout dans l'Avesnois avec le soutien du Département. Rencontre avec sa présidente ultra engagée, Patricia Poupelle.
Comment est née l'association ?
Patricia Poupelle : elle a été fondée en 2002 par Madame Crapez, une esthéticienne de métier qui a été confrontée au cancer et n'a pas toujours su trouver les réponses à ses questions. Après de nombreuses recherches, elle a donc voulu partager son expérience et aider à son tour les personnes atteintes par la maladie.
Quand j'ai eu mon cancer de la peau, j'ai tout de suite voulu rejoindre l’association et j’en suis devenue la secrétaire. Il fallait aller chercher des financements. Au début, peu de gens croyaient en nous. Et puis avec le temps, notre cercle s'est agrandi. Nous avons commencé à travailler avec la Ligue contre le cancer, et le Département nous a soutenues à partir de 2005.
Quelles sont vos principales missions ?
P.P. : À nos débuts, on était un lieu d'écoute, on aidait les malades à gérer leurs démarches administratives et on organisait des ateliers de socio-esthétique pour les problèmes de peau ou de cheveux. On s'est fait connaître, les médecins nous ont fait confiance et ils ont commencé à nous conseiller auprès de leurs patients.
Aujourd'hui notre champ d'actions est beaucoup plus vaste. On est un lieu d'information, de conseil, d'écoute. On apporte régulièrement des réponses aux problèmes administratifs et juridiques, et on a beaucoup d'ateliers bien-être pour les malades. Notre partenariat avec le Département nous a par exemple permis de leur proposer des séances exclusives d'aquagym et d'aquabike.
Et depuis quelques années, le volet prévention prend aussi beaucoup d'ampleur : on se déplace de la Thiérache au Nord de l'Avesnois pour sensibiliser à tous les cancers. On va à la rencontre d’un maximum des gens, des collégiens jusqu'aux seniors dans les EHPAD !
On touche toutes les classes sociales, on n'a pas de tabous, pas de frontières !
En quoi consistent vos actions de prévention ?
P.P. : On travaille en chaîne de solidarité, avec de nombreux partenaires. L'association va sur le terrain, dans les petits villages où les personnes ont peu accès aux soins ou à l'information. Ça fait des années qu'on pratique "l'aller vers". Nous avons des bénévoles dans les quartiers, qui ont été formés par le Centre Régional de Coordination des Cancers (CRCDC). L'idée n'est pas de s'imposer, mais de diffuser notre contact à celles et ceux qui en auraient besoin, ou à leurs proches.
Depuis 2021, nous avons mis en place un projet de surveillance des seins. Nous nous sommes équipés d'un buste mammaire en silicone pour faire des démonstrations d'autopalpation aux femmes, et leur apprendre à ressentir différentes anomalies. Nous allons dans les collèges, lycées, hôpitaux, EHPAD… Chez les jeunes, nous informons aussi les garçons qui peuvent être concernés indirectement.
Quel message voudriez-vous faire passer ?
P.P. : La prévention et l'accompagnement sont essentiels. Nous aidons des centaines de personnes. Tout le monde peut entrer à l'association pour prendre un café et se confier en toute confidentialité. Pas besoin d'être adhérent !
Notre point fort, c'est le vécu, on sait ce que ressentent les malades et leur famille, on sait aussi ce dont ils ont besoin, mais on ne cherche jamais à se mettre à la place du médecin : chacun sa place.
Crédits photo : I. Dalle