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29 juin 2022

Des familles ukrainiennes hébergées dans les logements de fonction vacants des collèges

Contraintes de quitter leur pays, Iryna et ses deux filles vivent désormais à proximité immédiate du collège Théodore Monod à Roubaix, dans un logement de fonction inoccupé. Un accueil rendu possible grâce à la mobilisation du Département qui a mis 14 de ces logements à disposition des réfugiés en provenance d'Ukraine.

Iryna Shchehelska nous accueille avec un grand sourire. Elle est arrivée en France au printemps, avec Maryna et Lina, ses filles. Lorsque la guerre a éclaté, l'ainée était étudiante en art à Kiev. Maryna a été invitée par l'École des Beaux-Arts de Dunkerque et c'est comme ça que nous sommes arrivées dans le Nord, raconte Iryna. Mais les enseignements ne correspondaient pas à son parcours, du coup elle étudie désormais à Tourcoing. Nous avions donc besoin d'un logement dans ce secteur.

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"Maryna a peint ce tableau à Dunkerque. Elle s'est représentée telle qu'elle se sentait à ce moment là."

Un accueil sur-mesure

Iryna se rapproche alors de la Croix Rouge, mandatée par l'État pour orienter les victimes de la guerre en Ukraine vers les logements signalés comme disponibles par les particuliers ou les collectivités. À l'instar des 14 logements de fonction de collèges du Nord mis à disposition par le Département. 

Libres de tout occupant, ces logements sont aussi totalement vides. Pas de meubles, pas d'électroménager, pas de lits, pas de vaisselle. Rien. Alors dès qu'une famille est sur le point d'arriver, le Département met tout en œuvre pour l'accueillir dans les meilleures conditions possibles.

Je recense les besoins en fonction de la composition de la famille et j'essaie de penser à tout... du gros électroménager à la petite cuillère !, explique Nathalie Lefebvre, cheffe de projets au Département. Notre objectif est que le logement soit entièrement équipé lorsque les personnes arrivent.

Pour cela, elle fait appel à différents partenaires sur le territoire, principalement les ressourceries, les structures d'insertion et la Banque solidaire de l'Équipement, un service porté par Emmaüs défi qui permet d'équiper son logement à tout petit prix. Mais il faut parfois aller chercher un canapé ici, un lave-linge là-bas et un lit bébé ailleurs… Mes collègues de la Direction des bâtiments se mobilisent pour le transport, et l'ESAT de Wambrechies stocke gratuitement les meubles de la Banque solidaire de l'Équipement en attendant que nous acheminions le tout dans le logement.

Nous avons de la chance d'avoir un lieu confortable pour vivre, où nous nous sentons en sécurité et où nous sommes entourées.

Iryna Shchehelska
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Un tournesol a été offert à Iryna lorsqu'elle a quitté Dunkerque. Elle l'a planté au milieu de son petit jardin roubaisien. "Tout un symbole", nous confie-t-elle.

"Ça me parait tellement naturel d'aider"

Bien entourée, Iryna l'est assurément. L'un de ses voisins directs est Alain Corteville, principal du collège, qui ne ménage pas ses efforts pour faciliter la vie de la mère de famille et de ses deux filles. 

Le lave-linge d'Iryna tombe en panne ? Il propose d'utiliser le sien en attendant l'intervention du réparateur qu'il a pris le temps d'appeler. Un problème de connexion internet ? Avec son gestionnaire, Laurent Bernard, il remue ciel et terre pour trouver une solution auprès des opérateurs. Et faute de mieux pour le moment, finit par organiser un partage de WIFI pour qu'Iryna et ses filles puissent communiquer avec leurs proches restés en Ukraine.

Aider cette famille n'est ni un poids, ni une corvée. Ça me parait tellement naturel de leur apporter du soutien. Je craignais un peu d'avoir à faire à des personnes dans la souffrance et l'inquiétude mais Iryna a toujours le sourire. C'est agréable de discuter avec elle et ses filles. Elles sont très attachantes et très autonomes. 

En tant que principal, Alain Corteville veille aussi attentivement à la bonne intégration de Lina, la fille cadette d'Iryna, en classe de troisième. Et comme nul ne sait dans combien de temps la famille Shchehelska pourra rentrer en Ukraine, il prépare déjà la suite . Le niveau scolaire de Lina est très bon mais elle ne parle pas français. Elle est inscrite pour des cours de FLE (Français Langue Étrangère) au collège Jean-Baptiste Lebas tout proche. Et j'ai proposé à sa maman qu'elle refasse une troisième l'année prochaine, le temps d'avoir un niveau de français suffisant pour partir au lycée.

D'ici là, le tournesol d'Iryna aura sûrement fleuri.

Le Département engagé pour l'Ukraine dès le mois de mars

Pour venir en aide aux victimes de la guerre en Ukraine, le Département a mise en place une série d'action de soutien. Parmi ces mesures : le versement de 150 000 € au FACECO, le fonds d'action extérieure des collectivités territoriales géré par le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, l'attribution d'une centaine de logements gérés par Partenord Habitat et le financement de 50% du loyer, l'autre moitié étant pris en charge par l'État (À noter que cette mobilisation ne porte pas atteinte à l'accès au logement des publics prioritaires du Département), des mesures d'accompagnement social et la mise à disposition de logements de fonction des collèges, situés hors de l'enceinte même des établissements.

Crédits photo : Ph. Houzé

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