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6 juillet 2023

Depuis 1530, la famille Gayant veille sur les Douaisiens

Chaque dimanche suivant le 5 juillet, les géants de Gayant défilent pendant trois jours dans les rues de Douai. Si cette procession signe le temps fort de deux semaines de festivités très attendues, elle est surtout riche d'une belle histoire que l'on vous raconte ici.

La légende raconte qu'en 1479, grâce à la protection de Saint Maurand, Douai aurait repoussé les troupes royales françaises venues conquérir la ville, qui dépendait alors du Comte de Flandres.

Depuis lors, une procession annuelle célèbre cette victoire, et dès 1530, Monsieur Gayant (géant en picard) participe au défilé. Un an plus tard, la corporation des fruitiers lui réclame une épouse, et  Marie Cagenon deviendra alors Madame Gayant. De leur union naîtront deux garçons et une fille en 1720 : Binbin, Jacquot, et Fillon.

De nombreuses autres légendes existent quant à l'origine de Gayant. On parle d'un fait héroïque, du souvenir d'un miracle, d'une implantation espagnole en sol flamand par Charles Quint, ou encore d'un être gigantesque qui aurait habité une tour aux premiers temps de la ville de Douai. L'une des plus répandues est aussi celle de Jehan Gelon, seigneur de Cantin, qui avec sa force et sa détermination, serait venu au secours des Douaisiens assiégés par les Normands. Les habitants l'aurait ensuite "géantifié" pour exprimer leur gratitude.

De tout temps, le géant est considéré comme le citoyen modèle de la cité, qu'il soit paysan ou seigneur. Sa place est dans la rue et il symbolise de façon festive l’appartenance à une communauté. À Douai par exemple, les habitants s’appellent entre eux “les enfants de Gayant”.

La famille Gayant à travers le temps

Les tourments de l'Histoire n'ont pas épargné ces célèbres géants. Pendant la Révolution française, ils sont supprimés en 1792. Ils renaîtront au complet en 1802. Pendant les deux Guerres mondiales, c'est le même scénario, leur maison est également  détruite. Les enfants seront resuscités en 1947, et les parents en 1954, selon une apparence qui est toujours la même aujourd'hui.

Il y a aussi des temps heureux, comme en 1980 où Gayant fête ses 450 ans. Ou en 2004, lorsque les Fêtes de Gayant sont classées au patrimoine immatériel de l’Humanité par l’UNESCO.

La famille de géants se fait également ambassadrice de la ville lors de certains grands événements, notamment lors de la marche des géants à Valenciennes en 1910, ou en 1988 lors de la Coupe du monde de football au stade de Lens.

Dans la famille Gayant, je demande...

  • Monsieur Gayant ! Le patriarche mesure 8,50 mètres de haut avec sa lance, et pèse 370 kilos, faisant de lui le plus grand géant du Nord. L'homme est un guerrier, un chevalier, il porte une cuirasse avec un heaume surmonté d'un plumet, une cape rouge bordée de noir sur les épaules, et tient dans sa main gauche un bouclier orné de la lettre D pour Douai.
  • Madame Gayant mesure 6,25 mètres et pèse 250 kilos, tout comme son époux, elle est la plus grande géante du Nord. Sa robe, essentiellement orange, est d'inspiration 16e siècle, et elle tient dans sa main gauche un éventail de plumes.
  • Jacquot, le fils aîné, mesure 3,40 mères et pèse 80 kilos. Le jeune géant arbore sur l'épaule gauche une petite cape bleue bordée de galons dorés. Il est coiffé d'une toque bleue ornée d'une plume de paon et de galons dorés.
  • Fillon, sa soeur, mesure 3,15 mètres pour 70 kilos. On la reconnaît de loin avec sa robe bleu et son chapeau noir à plumes blanches.
  • Enfin, Binbin, qui représente le bébé de la famille avec son petit 2,40 mètres et ses 45 kilos. Sa spécificité : son strabisme, qui lui vaut également le surnom de Tiot Tourni !

Si toute la famille est constituée d'un panier à structure en bois recouverte d'osier, les têtes des parents sont en carton peint, tandis que celles des enfants sont en bois sculpté. Entièrement assemblés, il faut six porteurs pour faire évoluer chacun des parents dans la foule !

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  • 2/3
  • 3/3

Un char accompagne aussi les géants, la Roue de la fortune, ancien emblème de la corporation des charrons et tonneliers. Dessus embarquent six personnages : le collecteur d'impôts, le paysan, le procureur, l'Espagnol, la fille de joie et le militaire suisse. Lorsque le char avance, un plateau incliné se met à tourner, sur lequel ces personnages sont disposés en cercle. Ils se retrouvent ainsi chacun leur tour devant une femme aux yeux bandés, symbolisant la Fortune.

Et pour faire rire les spectateurs avec ses ruades, mais aussi écarter la foule avant le passage des géants, le Sot des canonniers est incarné par un cheval-jupon en osier, porté par un homme qui prend la place du cavalier.

Cette année, les festivités ont lieu jusqu'au 17 juillet, date de clôture de la fête foraine. Pour en savoir plus sur le programme, rendez-vous sur Nord évasion.

Crédits photo : en ouverture : Ville de Douai / photos intérieures : C. Arnould

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