Pour pénétrer sur le site nordiste d'IN groupe, société publique détenue à 100% par l'État français, il faut impérativement montrer patte blanche. Barbelés, clôtures électrifiées et autres dispositifs anti-intrusion habituellement réservés aux centrales nucléaires donnent le ton. Mais que protègent-ils donc de si précieux ?

"Le droit d'être soi"

Des chaînes de production de ce site industriel hors-norme sortent chaque année 50 millions de titres sécurisés, dont tous les papiers d'identité français, sans exception. Une trentaine d'états étrangers confie également la fabrication de ses propres titres sécurisés à IN groupe.

Nous sommes des spécialistes de l'identité physique et numérique, et en tant qu'opérateur industriel public, nous sommes un des éléments de la souveraineté de l'État français en matière d'identité, explique Romain Galesne-Fontaine, directeur de la communication et des relations institutionnelles de la société.

Or contrairement à l'Amérique du Nord qui considère l'identité comme une donnée économique, à l'Asie où elle est un élément de contrôle politique et social, l'Europe considère l'identité comme un droit.  IN groupe s'attache donc à garantir la protection absolue des données individuelles qui transitent entre ses murs, et à n'en conserver aucune. 

L'identité est avant tout un droit : nous sommes là pour la protéger et garantir l'exercice de ce droit dans le monde physique et numérique.

Un site unique à la pointe de la technologie et de la sécurisation

Qu'il s'agisse de papier ou de polycarbonate, les étapes de fabrication des titres sécurisés sont sensiblement les mêmes et toujours minutieusement contrôlées.

Première étape : la fabrication des supports vierges sécurisés en y déposant des éléments de sécurité, comme des encres spéciales, par exemple. La présence de ces éléments sécurisés sur les feuilles de papier est vérifiée dans des cabines avec lampes UV et infrarouges (photo d'ouverture).

Deuxième étape : le façonnage, qui consiste à assembler les différents feuillets de papier ou les différentes couches de polycarbonate... tout en insérant encore des éléments de sécurisation supplémentaires. Dans un passeport papier, même les fils et les coutures sont sécurisés !

Pour assembler les différentes couches de polycarbonate d'un titre sécurisé (la toute nouvelle carte nationale d'identité française en contient une quinzaine !), IN groupe a développé une machine unique au monde à l'aide d'un cabinet lillois. Elle permet de "laminer" les couches (les presser et les chauffer pour qu'elles tiennent ensemble) et d'intégrer divers composants (puce, antenne, etc.).

Aujourd'hui, la technologie IN groupe est présente dans un passeport sur deux dans le monde, et dans une carte d'identité sur quatre.

Troisième et dernière étape : la personnalisation. Sur les supports en polycarbonate, les données personnelles sont gravées au laser en cœur de carte. La réception des fichiers se fait de manière sécurisée dans un bunker informatique sans aucun lien avec l'extérieur, et les données arrivent aussi de manière sécurisée jusqu'aux machines.

Il ne reste plus qu'à expédier les titres et là encore, tout est sécurisé. Le site de Flers-en-Escrebieux dispose d'une antenne postale intégrée, l'IN postale, à laquelle les titres parviennent dans des containers scellés.

Un véritable atout pour le territoire

En cinq ans, IN groupe a investit cinq millions d'euros sur le site et prévoit d'investir encore la même somme sur les cinq prochaines années, précise Romain Galesne-Fontaine. Lors de la création du site en 1974, nous imprimions le bottin sur des rotatives. Grâce à notre engagement sur le territoire, nous avons fait de ce site un centre d'expertise industriel high-tech mondialement reconnu qui emploie aujourd'hui près de 600 Nordistes.

Afin d'amplifier encore cette dynamique territoriale, IN groupe soutient le projet d'implantation du Centre de conservation de la Bibliothèque Nationale de France dans le Douaisis. Avec l'Atelier du livre d'art et de l'Estampe situé juste à côté, il y aurait une vraie cohérence à cette implantation et une réelle convergence d'intérêt culturel, conclut Romain Galesne-Fontaine.