Découvrir le Nord
5 octobre 2023

"Dans le Nord, on fait du très bon miel et on peut en vivre !"

Avec près de 3042 détenteurs de ruches, 16,5% de la gelée royale française produite localement et un miel sur le point d'être labellisé, la filière apicole régionale est beaucoup plus riche qu'on ne le croit. Rencontre avec Mathieu Hébert, apiculteur professionnel passionné.

Mathieu Hébert est installé sur la ferme de ses beaux-parents, un peu à l'écart du village de Hoymille, dans les Flandres. En 2015, sa femme a repris le cheptel familial et Mathieu s'est formé à ses côtés. Aujourd'hui, ces apiculteurs récoltants de la Miellerie du Zyckelin sont à la tête de 350 essaims d'abeilles. Élevage de reines, récolte du miel, transhumance des ruches : l'apiculture, ce n'est pas qu'en montagne ou dans le sud !

L'importance du collectif

En apiculture on peut commencer seul, mais si on veut faire les choses sérieusement, on ne peut pas y arriver tout seul. Comme pour les abeilles, le collectif est très important pour les apiculteurs.

C'est l'une des raisons qui a poussé les professionnels de la région à se regrouper au sein de l'association ADA HdF (Association des développement de l'apiculture des Hauts-de-France).

Pour les amateurs qui ont envie de se lancer, les ruchers-école proposent des formations collectives. On en trouve un certain nombre dans le Nord, mais il y a beaucoup demande alors il faut être patient. On dit que pour faire un bon apiculteur, il faut 10 ans ! Dans tous les cas, qu'on veuille faire du miel ou juste avoir quelques ruches au fond de son jardin, cela demande du soin. 

Des paysans sans terre

Une autre qualité requise en apiculture, c'est d'être opportuniste ! Les abeilles le sont, l'apiculteur doit l'être aussi en restant très attentif et réactif aux conditions météorologiques. C'est l'une des difficultés de ce métier, car nous sommes des paysans sans terre. Certaines de nos ruches restent toute l'année en Flandre, entre Ghyvelde et Cassel, mais nous pratiquons aussi la transhumance jusque dans l'Aisne.

Ici, la saison commence avec le saule, qui est l'un des premiers à produire du pollen. Viennent ensuite les fruitiers, puis le colza, plante de culture. On le retrouve en grande quantité dans le miel de printemps, on le reconnait à sa couleur très blanche. Ensuite, retour aux plantes sauvages avec l'acacia, puis l'aubépine et l'érable. Le miel d'acacia est plus difficile à produire car la plante ne fleurit qu'une seule fois. Il suffit qu'il y ait un bon coup de vent de Nord Est pour que ce soit fini !

La saison se termine avec le tilleul qu'on trouve en grande quantité en Picardie. Ce miel, qui devrait bientôt obtenir une labellisation IGP (indication géographique protégée), est très important pour nous car il dynamise toute la filière apicole des Hauts-de-France. Sans lui, on ne pourrait pas vivre de notre activité dans le Nord.

Le Département soutient cette année de façon exceptionnelle la démarche de labellisation de l’IGP, pour laquelle elle a octroyé une subvention de 1300 €.

2023, année record

De manière générale en France, la demande en miel augmente mais la production reste stable. Du coup, on importe beaucoup de miel et sa qualité est parfois très douteuse. Cette année, la Commission Européenne a révélé que près d’un miel importé sur deux était coupé avec des sirops de sucre, alors que c'est interdit. Le miel est un produit brut fabriqué par les abeilles grâce à leurs enzymes qui transforment le nectar des fleurs en miel plus ou moins liquide. Comme elles butinent au-delà de leurs propres besoins, l'homme peut récolter le surplus.

Ici, les producteurs locaux sont des apiculteurs-récoltants, pas des acheteurs-revendeurs. On élève nous-mêmes les reines, en veillant à maintenir la qualité de leur patrimoine génétique. Et on ne vend que le miel qu'on a produit chez nous. Comme il se conserve bien, on essaie d'avoir une année de stock en réserve.

Le travail est à la fois captivant et harassant, les abeilles restent fragiles et menacées mais 2023 aura récompensé les apiculteurs de la région.  Chez nous, on a récolté 20 tonnes de miel contre 10 à 13 tonnes habituellement. Et c'est pareil pour les autres apiculteurs professionnels de l'ADA HdF. D'après leurs premiers retours, la production moyenne serait à plus de 55 kg par ruche, ce qui est énorme.

À vous d'en profiter maintenant, en dégustant du bon miel de chez nous !

Fête du miel : les apiculteurs et les abeilles de la région vous attendent

Vous aussi, venez rencontrer Mathieu Hébert et d'autres apiculteurs professionnels passionnés !
Pour la première fois cette année, ils organisent un marché du miel et des produits de la ruche avec des ateliers, des animations, une ruche vitrée, un espace culinaire, etc. Rendez-vous ce dimanche 8 octobre de 10h à 18h au Bazaar Saint-So, 292 rue Camille Guérin à Lille. Un événement gratuit organisé par l'ADA HdF avec le soutien du Département.

Crédits photo : Département du Nord, Ph. Houzé - ADA HdF - Miellerie du Zyckelin

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